Le grand Message de la Théosophie a fourni à toute personne intéressée le moyen de connaître la vérité à propos d'elle-même et de la nature. Tout comme Ils l'ont fait autrefois, les Frères Aînés ont donné à nouveau ce Message aujourd'hui. Tout ce dont l'Humanité a besoin a été mis à notre portée. Mais peut-on donner à quiconque ne veut pas recevoir ? Peut-on faire entrer dans le mental de quelqu'un ce que ce mental ne veut pas accepter ?
Ce qu'il nous faut avoir c'est un mental ouvert, un cœur pur, un intellect aiguisé, une vision spirituelle sans voiles, pour qu'il y ait le moindre espoir pour nous. Tant que nous sommes préoccupés de nous-mêmes, satisfaits de ce que nous savons et de ce que nous possédons, ce grand Message n'est pas pour nous. Il est destiné à ceux qui sont affamés, fatigués, assoiffés de connaissance, à ceux qui constatent l'indigence absolue de ce qui nous a été présenté comme connaissance par ceux qui se déclarent nos instructeurs ; il est pour ceux qui ne trouvent nulle part d'explications aux mystères qui nous entourent, qui ne savent pas qui ils sont, qui ne se comprennent pas. Pour eux, il y a une voie et pour eux de la nourriture en abondance. C'est pour eux que ce Mouvement est soutenu par une Volonté unique, la Volonté des Frères Aînés, qui ont apporté ces grandes vérités éternelles, contre vents et marées, afin que l'humanité puisse en bénéficier ; Ils n'attendent aucune récompense, aucune reconnaissance. Ils désirent uniquement que Leurs semblables, Leurs frères plus jeunes, puissent savoir, et comprendre ce qu’Ils savent.
La voix des Maîtres résonne toujours dans le monde; mais seuls l'entendent ceux dont l'oreille ne vibre plus aux sons qui affectent la vie personnelle. Les éclats de rire ne mettent plus l'allégresse au cœur, les accès de colère ne peuvent plus le rendre furieux, les mots tendres ne lui sont plus un baume. Car l'espace intérieur, pour lequel les oreilles sont comme une porte ouverte sur l'extérieur, est en lui-même un inébranlable lieu de paix que nulle personne ne peut troubler.
La tâche dont nous parlons ici est-elle la plus dure qui nous ait jamais été assignée dans la vie — celle qui consiste à libérer un homme de tout préjugé, de toute pensée ou sentiment cristallisé, de toutes limitations, et cela tout en développant en lui la volonté positive. Cela paraît à tout le moins un miracle, car, dans la vie ordinaire, la volonté positive est toujours associée aux idées cristallisées. Mais beaucoup de choses qui semblaient trop miraculeuses pour qu'on les réalise ont cependant été accomplies, même si l'on n'envisage que la limite étroite d'expériences accordées à notre humanité actuelle. Tout le passé nous prouve que la difficulté n'est pas une excuse au découragement ; et beaucoup moins encore au désespoir ; autrement le monde aurait été privé de beaucoup de merveilles de la civilisation. Considérons donc la chose plus sérieusement, après avoir habitué notre esprit à l'idée que ce n'est pas une impossibilité.
Ne t'imagine pas que tu puisses te tenir à l'écart du méchant ou de l'insensé. Ils sont toi-même, bien qu'à un degré moindre que ton ami ou ton Maître. Mais si tu laisses croître en toi-même l'idée de séparativité entre toi et une chose ou une personne mauvaise quelconque, tu crées de la sorte du karma qui te liera à cette chose, ou à cette personne, aussi longtemps que ton âme n'aura pas reconnu qu'elle ne peut s'isoler. Souviens-toi que le péché et l'opprobre du monde sont ton péché et ton opprobre, car tu es une partie de ce monde; ton karma est inextricablement mêlé au tissu du grand karma. Et avant de pouvoir atteindre à la connaissance, tu auras dû passer par tous les lieux, de souillure comme de pureté. Souviens-toi donc que le vêtement sali dont le contact te répugne peut t'avoir appartenu hier, pourra être le tien demain. Et si tu t'en détournes avec horreur, il s'attachera d'autant plus étroitement à toi lorsqu'il sera jeté sur tes épaules. L'homme qui s'enorgueillit de sa droiture se prépare un lit de fange. Abstiens-toi parce qu'il est bon de s'abstenir, et non dans le but personnel de rester pur.
Aucune pratique ordinaire ne développera la volonté en elle-même, car elle existe éternellement, complètement épanouie en elle-même. Mais la pratique développera en nous le pouvoir de faire appel à cette volonté qui est nôtre. La Volonté et le Désir se tiennent au seuil de la Méditation et de la Concentration. Si nous désirons la vérité avec l'intensité que nous avons mise, dans le passé, à désirer le succès, l'argent ou le plaisir, nous obtiendrons rapidement le pouvoir de méditer, et nous possèderons aussi celui de nous concentrer. Si nous accomplissons toutes nos actions, importantes ou non, à chaque instant de notre vie, par amour de l'humanité toute entière, comme représentant le Soi Suprême, alors, chaque cellule et chaque fibre du corps et de l'homme intérieur sera orientée vers une direction unique et aboutira à une concentration parfaite.
« Être capable de se tenir debout veut dire avoir confiance ; être capable d'entendre, c'est avoir ouvert les portes de l'âme ; être capable de voir, c'est s'être ouvert à la perception ; être capable de parler, c'est avoir atteint au pouvoir d'aider les autres ; avoir vaincu le désir, c'est avoir appris à utiliser et à maîtriser le soi ; avoir atteint à la connaissance du soi, c'est s'être retiré dans la forteresse intérieure, d'où l'homme personnel peut être examiné avec impartialité ; avoir vu son âme dans sa fleur, c'est avoir reçu une vision momentanée en soi-même de la transfiguration qui devra finalement faire de l'être plus qu'un homme. »
Lorsque celui qui cherche la Lumière en lui-même voit l'activité du monde externe des objets, il essaie naturellement de fermer les fenêtres par lesquelles les objets viennent l'assaillir. Dans cette retraite, qu’elle soit psychologique ou physique, tout ce qu'il obtient n'est qu'un bref répit de cette attaque. Très rapidement il repère la racine de ses maux : l'attraction ou la répulsion que les objets exercent sur lui ne provient pas des objets externes mais des images internes — des images fournies par la mémoire du passé, non seulement de cette vie mais aussi d'incarnations précédentes.
« Détourne ton mental de tout objet du dehors, de toute vision extérieure. Refuse toute image intérieure, de peur que sur la lumière de ton Âme elle ne projette une ombre obscure. » (La Voix du Silence)
Chacun devrait s'efforcer d'être en lui-même un centre de travail. Dès que son développement intérieur aura atteint un certain point, il attirera naturellement sous la même influence ceux qui sont en contact avec lui ; un noyau se formera, autour duquel d'autres personnes se regrouperont, créant ainsi un centre d'où rayonneront information et influence spirituelle, et vers lequel convergeront des forces supérieures.
Cherche dans le cœur la racine du mal, et extirpe-la. Elle vit, féconde, dans le cœur du disciple dévoué comme dans le cœur de l'homme de désir. Seuls les forts peuvent la tuer sans retour. Les faibles doivent attendre sa croissance, son épanouissement, sa mort. Et c'est une plante qui vit et se développe à travers les âges. Elle fleurit quand l'homme a accumulé sur lui-même d'innombrables existences. Celui qui veut entrer sur le sentier du pouvoir doit arracher cette chose de son cœur. C'est alors que le cœur saignera, et que la vie tout entière de l'homme semblera complètement dissoute. Cette épreuve doit être subie tôt ou tard; elle peut se présenter au premier degré de l'échelle périlleuse conduisant au sentier de la vie; elle peut aussi n'arriver qu'au dernier échelon. Mais, souviens-toi, ô disciple, qu'il te faudra l'endurer, et concentre toutes les énergies de ton âme sur cette tâche. Ne vis ni dans le présent ni dans l'avenir, mais dans l'éternel. Cette ivraie géante ne peut y fleurir, car cette souillure sur l'existence est effacée par l'atmosphère même de la pensée éternelle.
Méfie-toi, disciple, de cette ombre fatale. Aucune lumière rayonnant de l'Esprit ne peut dissiper les ténèbres de l'Âme inférieure, tant que toute pensée égoïste ne s'en est pas enfuie et que le pèlerin ne peut affirmer : « J'ai renoncé à cette forme passagère ; j'ai détruit la cause : les ombres projetées ne peuvent plus exister en tant qu'effets ». Car, à ce point, a été livré le dernier grand combat, la guerre finale entre le Soi Supérieur et le Soi Inférieur. Regarde : voici que le champ de bataille lui-même se trouve englouti dans la grande guerre - et il n'est plus.