La théosophie au quotidien, R. Crosbie
Nombreux sont ceux qui pensent que la religion a pour propos la préparation à la mort ou les états atteints dans le futur. En fait, la religion signifie une préparation à la vie, avec une connaissance de la vie, et elle implique de vivre la vie comme il conviendrait de le faire. Ce qui prépare à la mort est la vie, et le fait de toujours vivre. Les religions établies ne donnent même pas d’explications au pourquoi de la mort - ni de réponse à aucune question brûlante dans la vie quotidienne. Pourquoi souffrons-nous et éprouvons-nous de la peine ? Pourquoi sommes-nous ici ? Quelle est l’origine de l’homme ? Pourquoi, dans l’humanité, tant de conditions différentes ? Pourquoi certains sont-ils nés pour souffrir et d’autres pour se réjouir ? Pourquoi certains sont-ils dans des situations médiocres et d’autres, à des postes élevés ? Pourquoi certains jouissent-ils de facultés brillantes alors que d’autres sont très peu doués ? La justice exigerait une réponse qui n’est pas donnée par la religion avec son “Créateur” - car si l’homme est la créature d’un créateur, il ne peut se tirer d’affaire par lui-même, et est totalement irresponsable. Un être, quel qu’il soit, supposé parfait, ferait régner la justice, et pourtant l’injustice sévit parmi les hommes. Le caprice ou une saute d’humeur d’un créateur ne résout pas le problème. Tout être, aussi grand ou élevé soit-il, est nécessairement limité, fini et imparfait - il est extérieur à nous, et il ne contient pas l’univers, mais y est contenu.
Il nous faut dépasser la notion d’un Être comme étant à la source de tout être – comme fournissant une base commune aux êtres les plus inférieurs comme aux plus élevés. On ne saurait trouver cette base ou cette source en cherchant à l’extérieur : elle est elle-même, la capacité de percevoir partout où il y a de la vie ; L’Esprit,
Si nous avions une certaine connaissance de notre nature essentielle et du but dans la vie, si nous savions que la vie consiste exclusivement à apprendre et à reconnaître que l’ensemble de l’univers est vivant et qu’en fait il ne s’y trouve aucune injustice, à part celle que nous nous infligeons, par réaction, notre conception de la vie serait tout autre et nous appliquerions ces notions au quotidien. Nous adopterions la position qui nous est de loin la plus nécessaire, celle de notre responsabilité personnelle, que les religions nous ont enseigné à rejeter sur un Dieu ou un Diable. Reconnaissant que chacun d’entre nous procède de la même Source et avance vers le même but, bien que le sentier suivi varie selon le pèlerin, nous agirions envers chaque être comme s’il était une partie de nous-mêmes. Comme nous-mêmes, chacun progresse sur le chemin, à un niveau inférieur ou supérieur, selon le cas. De celui qui nous a devancé nous pouvons obtenir de l’aide et nous pouvons aider le retardataire. Telle est l’interdépendance qui devrait relier tous les êtres conscients ; et, dans une telle optique, notre civilisation n’en serait au point où elle se trouve actuellement. Les hommes ne se dresseraient pas tous les uns contre les autres. Les personnes dans des situations difficiles n’en rendraient pas responsables les circonstances défavorables, mais l’imputeraient aux mauvaises relations qu’ils ont eues avec d’autres à un moment, dans le passé, où ils ont abusé du pouvoir dont ils disposaient. Chacun tenterait, au contraire, de se discipliner lui-même, en essayant d’harmoniser ses relations avec tous les autres – non pas tant extérieurement, peut-être, qu’intérieurement, car, pour sûr, si on nettoie l’intérieur d’un bol, son apparence extérieure s’améliorera d’elle-même. Notre principal devoir consiste à rendre claire et propre notre nature, à la rendre authentique, a l’accorder avec le grand objectif de la vie, à savoir l’évolution de l’âme.
Pour faire nos premier pas dans cette direction, nous ne pouvons pas attendre que la nation s’éveille à
N’est-il pas évident que nous pouvons nous fier à un univers évoluant infailliblement sous le coup d’une loi parfaitement juste ? Sans aucun doute. Nous pouvons progresser en faisant absolument confiance à la loi qui régir notre être spirituel, en sachant que tout ce qui nous arrive nous est nécessaire, et que ces choses mêmes que nous ressentant si durement sont pour nous des leçons de choses, du fait qu’elles indiquent une mauvaise tendance, ou un défaut en nous, que cette souffrance actuelle nous donne l’opportunité, une occasion de surmonter, et de renforcer notre véritable caractère. C’est tout ce qui nous restera à la fin de la vie - ce caractère que nous avons acquis, qu’il ait été bon, mauvais ou entre deux. Les hommes passent leur vie à éviter ce qu’ils n’aiment pas et à essayer d’obtenir ce qui leur plait - tout ce qu’ils peuvent, et aussi longtemps qu’ils le peuvent. Et pourtant, même s’ils obtenaient toutes les richesses, toutes les possessions du monde et la satisfaction de tous les désirs possibles, à quoi cela leur servirait-il ? A leur mort, tout serait laissé là où ils l’ont eu, puisque rien de matériel n’adhère à l’Esprit. L’idée de possessions personnelles est l’une des notions erronées qui empêchent les hommes de se concevoir comme des êtres spirituels d’utiliser le pouvoir qui lui est propre – car tous les pouvoirs, qu’ils soient de nature électrique, dynamique ou explosive, proviennent de l’Esprit Unique Universel, et chaque homme a en lui tous les pouvoirs de l’univers.
L’existence physique n’est pas forcément une vallée de larmes. Un jour viendra où nous aurons fait de la vie humaine sur terre ce qu’elle devrait être, où nous n’aurons plus peur de rien, où nous ne craindrons plus notre prochain, À ce qu’on dit, lorsque Daniel entra dans la fosse aux lions, les fauves ne lui firent aucun mal. Pourquoi ? Parce que son cœur était pur ; il ne voulait de mal à personne. Il faisait confiance à la loi spirituelle de son être profond, à laquelle toute la nature est soumise. Nous pourrions avancer au-dehors calmement, courageusement, joyeusement, en nous fiant aux lois de notre propre nature. De cette manière, nous ajusterions notre vie quotidienne à cette nature ; car il n’y a rien dans notre action qui ne procède pas du mental, et derrière le mental il y a le motif qui sous-tend l’action. C’est ce motif qui rend notre action “bonne” ou “mauvaise”. Si nous sommes justes intérieurement et désireux de bien faire, tout ce que nous ferons ira dans le bon sens et chaque fonction s’avèrera bénéfique. Tout action est inspirée et colorée par la motivation que nous avons eue en l’accomplissant.
La théosophie est la seule philosophie qui puisse être appliquée à tous les domaines de la vie quotidienne. Elle peut servir, dans tous les sens, qu’ils soient élevés ou non, car son usage découle d’une compréhension de l’Esprit lui-même, et ce que l’on agit pour ce Soi et comme ce Soi - car le Soi n’agit que par le canal des créatures. Si l’on agit pour ce soi, en chaque occasion, tout ce s’ensuit en découle. Toute la destruction qui nous entoure, et les misères que nous pouvons voir, tout provient de notre négation du Saint-Esprit – de l’Esprit qui est en nous. Nous le renions quand nous agissons comme si nous étions seulement notre corps, ou notre mental. CELA ne peut être renié. Aussi l’homme, confronté à tous les effets de ce reniement et constatant qu’ils sont mauvais, apprend qu’il n’était pas sur la bonne voie. Il se met alors à chercher