Février 1962 à mars 1962
Février 1962
[Les rapports du théosophe avec l'argent. ‑ La condition idéale de l'administrateur de biens désintéressé (trustee).]
En soi, l'argent n'est ni bon ni mauvais. C'est un désavantage s'il est mal utilisé ; c'est tout autant un désavantage s'il sert à des fins bonnes mais personnelles. Karmiquement, c'est un avantage car il permet à un homme de faire beaucoup de bien. L'aspect le plus élevé, c'est la condition de l'administrateur de biens désintéressé (trustee) : tout ce qu'on possède alors est considéré comme étant confié en dépôt pour servir l'humanité et la grande Œuvre des Maîtres. "Quand une fois tu as renoncé aux choses", déclare l'Upanishad, "jouis d'elles". Le monde entier nous appartient, pour ainsi dire. Le bon Karma est ce qui plaît à l'Îshvara dans l'homme. Ce n'est pas ce que nous possédons mais bien ce que nous en faisons, et la manière de l'utiliser, qui compte. De quelle façon les Râja-Rishis se sont-ils développés ? Râma était un roi ; Krishna a régné à Dvaraka. C'est un grand sujet, qui est fascinant. Si Karma vous apporte la richesse, elle peut se révéler fort avantageuse si vous l'employez d'une manière théosophique ; alors, ce sera une bénédiction que vous aurez gagnée. Mais si l'emploi en est immoral, elle tourne en malédiction.
Dans tous ces problèmes, la formule philosophique est la suivante : la personnalité agit-elle pour elle-même, ou de son propre chef ? Dans ce cas alors, Karma est sûr de se révéler désavantageux. Si la personnalité est l'instrument par lequel l'action est faite, si elle sert de canal au Régent Intérieur comme une voie ouverte à l'Ego Manasique, alors la personnalité elle-même apparaît comme le plus haut bienfait. Quelle est la personnalité d'un Maître, d'un Mahâtma, d'un Nirmânakâya ? Ainsi donc, naître dans une situation aisée et confortable n'est pas un mauvais Karma ; utilisez cette opportunité bien et sagement, c'est-à-dire d'une façon théosophique, et elle devient un Karma très avantageux.
Quant à l'argent et à la parole de Jésus ["Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un homme riche d'entrer dans le Royaume de Dieu", Matthieu, 19,24] : oui, c'était difficile pour le jeune homme riche d'abandonner le sens de la possession et de suivre Jésus, car "Il avait beaucoup de biens". Notre attitude vis-à-vis de l'argent est de nature Kâmique ou Kâma-Manasique, ou Manasique, ou Buddhi-Manasique. Il y a des étudiants qui, en pensant à leur propre confort dans le présent et à leur sécurité dans le futur, donnent en argent ce qui peut être épargné de façon convenable. La Cause vient en 3ème ou 4ème position. On nous demande de placer la Théosophie d'abord [Cinq Messages de H.P.B.] en temps, argent et effort consenti, ou travail. L'altruisme est un sentiment mental que beaucoup comprennent, mais pas toujours quelque chose qui mette en mouvement le cœur.
Notre propre dharma en rapport avec toutes les possessions, y compris l'argent, est l'usage approprié qu'on devrait en faire comme des administrateurs de biens désintéressés. Nous devrions faire attention à ce que nous dépensons et à la manière dont nous le faisons. Il faut aussi bien être attentif à la façon dont nous communiquons la connaissance, nous répandons de l'affection ou nous dépensons de l'argent, car ce sont, dans tous les cas, des possessions de l'Âme qui, par l'effet de Karma, à ce moment donné du temps, se trouvent en nos mains. Allons-nous communiquer de la connaissance en vue de jouer au Guru, ou donner de l'amour pour nous satisfaire et chercher à être payé de retour, ou encore dépenser de l'argent pour le plaisir des sens, ou en faire don pour notre propre glorification ? L'adversité et la pauvreté constituent un extrême ; à l'autre bout, on trouvera le dépensier qui a tort autant que l'avare et est aussi infortuné que le pauvre. L'ignorance grossière n'est pas une bénédiction ; un cœur froid est une malédiction ; la pauvreté en argent génère souvent le vice. En cela, comme en toute autre chose, il faut la "Moyenne d'Or". Ce que la Lumière sur le Sentier établit en ce qui concerne les possessions est la juste méthode. L'attitude intérieure envers nos possessions, et leur utilisation, c'est là la chose essentielle. Prenez l'attitude de Gandhi en ce qui concernait les voyages en 3ème classe. Il l'a adoptée avec un noble motif ‑ avec l'idée de s'identifier aux masses frappées par la pauvreté, de goûter l'expérience des inconforts du pauvre voyageur. Le changement est intervenu à cause de l'agitation qu'il a créée, et non parce qu'il voyageait en 3ème classe.
Les Maîtres de la Vie et de la Nature sont-Ils des exploiteurs ? Bien sûr que non. Mais sont-Ils des pauvres face à la bienfaisante Nature ? Ou bien l'utilisent-Ils avec une juste connaissance et un juste motif au service de tous ? Et pourtant, [à ce que pensent des gens] Ils ne seraient pas disposés à déverser Leur Sagesse, et observeraient le secret ! Ils n'iraient pas pratiquer la compassion face à Karma ! Possédant des sources d'or et d'argent, et de richesses, Ils ne voudraient pas distribuer des dons aux affamés ou soigner l'infortuné frappé de la lèpre ! Je me suis étendu un peu dans cette lettre parce que j'aimerais que vous étudiiez ce point. Une fois encore, à notre stade d'évolution, il nous faut considérer la leçon à apprendre. Comment les Râja-Rishis atteignent-Ils leur statut ? Comment les Divins Régents de jadis agirent-Ils ? Les Maîtres sont des Amirs et des Fakirs [1]. Gagner sa vie, ou vivre de charité, ou grâce à un héritage, voilà autant d'actions de Karma. Nous les récoltons comme des effets, et nous devenons plus sages en prenant en considération le côté causal en vue d'obtenir le vrai remède. Vairâgya [détachement] sans Viveka [discernement] se révèle dangereux.
Bien sûr, la complaisance envers soi-même est mauvaise, entendez par là le fait de s'adonner à la satisfaction égoïste de ses appétits. Mais que dire de l'Abandon de soi dans le Grand Soi, et à propos de lui ? Un Nirmânakâya peut-il être sans "s'emparer" du Soi, et en plaçant son "butin" au centre de lui-même ? Lutter contre l'impermanent et le transitoire, tel est notre devoir, et à ces trois choses - connaissance, amour et argent - s'attachent mâyâ et le caractère mortel. Mais que dire de la Sagesse Immortelle, sans Âge, et aussi de la Compassion Absolue ? Que dire de la richesse jamais tarie, et toujours renouvelée, de la Nature et des Seigneurs de la Nature ? La lumière et les ombres projetées sont le réel et l'irréel.
Notre intérêt dans nos possessions est soit personnel, soit Égoïque, et, philosophiquement, la façon dont nous nous impliquons en elles et avec elles, personnellement, le renforce. Dans la civilisation moderne, les limitations de l'aspect personnel ne sont pas reconnues ; c'est pourquoi l'usage des possessions reste personnel. Vous revenez à la connaissance et à l'application de l'âme. Dans l'usage des possessions, le Sentier du Milieu est difficile. Pour ce qui est de donner au corps nourriture, habits, etc., il y a aussi le sentier du milieu. Pour le reste, donner de la connaissance sur le sentier personnel, économie, frugalité etc... tout doit relever du Sentier du Milieu. L'objectif est de devenir vigilant en ce qui concerne toutes les possessions, comme un être antahkaranique. La manière dont nous utiliserons ce qui nous appartient, dans toutes les circonstances possibles, dépend de notre philosophie. La pauvreté engendre de nombreux vices et pourtant, Dame Pauvreté représente un pouvoir, une shakti. Posséder de nombreuses choses avec lesquelles choyer la personnalité est mauvais ; les utiliser selon le point de vue ordinaire l'est moins, mais la façon correcte est d'en faire usage comme un Ego. Est-ce que je mange pour le bien de l'Ego ou bien pour celui du palais, c'est-à-dire pour le bien de la personnalité ? Beaucoup de gens ignorent ce qu'est la condition d'administrateur de biens. Même lorsqu'ils entendent mentionner l'idée, ils ne la comprennent pas ; ceux qui sont assez intelligents pour comprendre ne l'appliquent pas. Ainsi donc, comme vous voyez, nous en revenons à l'étude et à l'application. Notre foi, notre amour, notre capacité de faire confiance sont des possessions de valeur. Comment les utilisons-nous ?
Le haut idéal de la condition d'administrateur de biens [pour le profit des autres] comporte ses propres complexités. En cela, comme en toute autre chose, nous avons des idéaux et des aspirations, et, d'autre part, ce que nous faisons et nos démarches pour réaliser espérances et idéaux intérieurs. Entre l'intérieur et l'extérieur, nous trouvons constamment un grand gouffre : jeter un pont sur ce gouffre s'appelle application. La Charité, que l'on tire de son trésor, pour être réelle, devrait être complète. Seuls, les Adeptes qui détiennent une grande richesse physique (et non seulement mentale et morale) peuvent dire : "Je suis un Amir et je suis un Fakir". À nos divers degrés d'évolution, nous nous trouvons comme devant une bifurcation. En outre, les Adeptes possèdent une connaissance qu'Ils ne sont pas disposés à nous donner, par simple considération pour nous. La même chose est vraie de l'argent. Relisez l'article de Judge "Avantages et handicaps dans la vie" [Cahier Théosophique n°100], il y a là, me semble-t-il, de justes principes. La recherche de la Bonne Moyenne en toute chose soutient notre discrimination [Viveka] et notre empire sur les passions [Vairâgya]. Soutenir, à la façon de Vishnu, et en même temps rénover, à la façon de Shiva, c'est là une tâche très difficile.
Servir tandis que l'on récolte est un enseignement fondamental de la Philosophie Ésotérique, qui est hautement pratique. L'idée de base, qui est également centrale (quelle que soit la voie par laquelle arrive l'argent) est : qu'en fait-on ? Même dans le Sangha [communauté] du Bouddha, on accepta de l'argent ‑ il s'agissait d'un grand don offert par un courtisan. Ce qui préoccupait le Bouddha était : que faire de ce don ? Plus tard, il convertit le courtisan. Les gens veulent gagner de l'argent, mais pour quoi ? Ceux qui en gagnent et ne pensent pas à la Théosophie ne sont pas des étudiants de la Théosophie, même s'ils s'appellent Théosophes. Mais, de notre côté, nous devons tenir compte des aspects faibles et fragiles de la nature humaine. L'homme-animal ne peut devenir humain simplement en lisant ou même en comprenant la Théosophie. La transmutation de l'animal en humain fait intervenir nécessairement l'application. L'idéal de l'administrateur de biens, même s'il a été préché par Gandhi, a été considéré comme une platitude. Le côté application n'a pas été du tout pris en considération. Le travail de pionnier reste ici à être fait. Les étudiants de la Théosophie devraient devenir des pionniers.
Ce que nous tous devrions garder en mémoire c'est qu'un changement de lieu, de profession ou de position, s'il n'est pas nécessaire, n'est pas sage. La perspective d'un simple gain d'argent, non garanti par surcroît, n'est jamais pour nous un guide sûr. La fascination de l'argent possède un grand pouvoir de nous tromper, qui est la pire forme d'illusion, car nous la projetons sur nous-mêmes. Maintenant que vous gagnez équilibre et force à l'intérieur de vous-même, mieux vaut pour vous de vous déterminer à conserver votre emploi sans faiblir ; dans votre propre vie, pratiquez économie et frugalité, et économisez de l'argent pour le Travail, car vous pourriez être soudain appelé à contribuer à soutenir une charge. L'argent est une arme pleine de ressources dans la main du véritable théosophe, et nous sommes les administrateurs de ces biens que nous gagnons nous-mêmes. Dépenser ses gains avec sagesse et de la bonne façon, tel est notre dharma. Dépensez chaque jour un peu de temps, non seulement à l'étude, mais aussi à l'examen de vous-même. Ainsi devient possible l'application de ce que nous étudions. Vous avez très bien progressé, en vérité, et je me réjouis de votre zèle, de votre engagement sérieux, comme de votre effort. Poursuivez cet effort : soutenez-le avec pensée et sentiment ; cultivez l'habitude du repos intérieur, le vrai repos, et gardez en mémoire les expériences spirituelles acquises par le canal de la douleur, de l'erreur et de la souffrance.
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Mars 1962
[L'Inde géographique, psychique et spirituelle ‑ de la libération de l'esclavage au statut de responsabilité ‑ H.P.B. et son amour pour l'Inde, patrie de son Maître ‑ rôle spécifique de la Théosophie et la L.U.T. en Inde : maintenir vivantes les intuitions spirituelles des masses ‑ les progrès de l'Inde, envers et contre tout, et perspectives de l'avenir.]
En ce qui concerne l'Inde et la spiritualité. Il a pu être relativement plus aisé pour l'Asiatique d'approcher et d'appliquer les vérités spirituelles, mais l'Asie actuelle n'est plus guère l'Asie : elle s'est européanisée. Voyez-vous, nous devons prendre en considération trois Indes ‑ l'Inde physique et géographique, l'Inde psychique et, en troisième lieu, l'Inde morale et spirituelle. Sous l'angle de la religion (hindoue, musulmane, parsie ou juive), l'Inde est psychique et donc sectaire, opposée à la Fraternité Universelle. La Doctrine Secrète (Vol. II) parle de la racine des croyances séparées comme étant la Magie Noire. Notez ce qui est dit : "Ce sont des résultats qui découlent de croyances erronées bien que sincères". Or, il existe une Inde spirituelle ‑ très, très difficile à toucher. Vous n'avez qu'à réfléchir posément à la distinction entre religion et spiritualité, entre le bon dans l'homme et le spirituel en lui.
Il est dit que la civilisation indienne perdure parce que les anciennes semences de Sagesse continuent de vivre dans l'atmosphère astrale de l'Inde. Il en existe quelques fragments. L'idéal de la vie de l'âme persiste comme une chose réelle.
Les forces de la civilisation indienne perdurent comme une grande tradition de famille, alors que les habitants de l'Inde, ou leurs descendants d'aujourd'hui, en sont devenus indignes. Qui soutient la culture Védique et la culture Avestique ? Quels sont ceux qui popularisent les enseignements soufis ? Ce sont les quelques mentaux et cœurs de l'Occident. Le sanskrit a été presque noyé dans l'oubli jusqu'à ce que les recherches phonétiques et grammaticales de sanskritistes lui aient redonné vie. Ce qui est vrai des mots l'est également des idées. Si quelqu'un se trouve être un véritable Indien, il est davantage capable d'assimiler par osmose la Théosophie, mais combien y a-t-il d'individus cosmopolites qui ne soient pas affligés par la caste, etc..
L'Inde est destinée à se relever quand le point nadir aura été atteint, et cela ne saurait tarder. Seules, la Théosophie de H.P.B. et l'œuvre de Judge auraient pu épargner à l'Inde l'affligeante expérience de la vulgarisation occidentale. Mais l'orthodoxie Hindoue, et la Néo-Théosophie d'Adyar, ont fait perdre à l'Inde ses opportunités.
Notre Inde se tourne vers l'Ouest, en plus d'un sens. Gandhiji et sa philosophie ne constituent pas les pouvoirs directeurs établis à New-Delhi. Le Karma de l'Inde comme la Racine-Mère de la 5ème Race-Racine est fort mais tout à fait particulier. La question est de savoir si l'Amérique la dominera, ou si elle réussira à inspirer l'Occident. Cela reste à voir. Nos masses, tout autant que nos jeunes et nos enfants, sont mal instruits. Ce n'est pas le meilleur de l'Occident qui est copié, mais le pire. De l'ancienne Science propre à l'Inde ne demeurent que la coquille de superstition et d'erreurs, mais aucune âme. Notre culture aryenne survit dans le sens suivant : les idées innées de la Philosophie de jadis survivent au moins en germes ‑ la croyance demeure toujours en la Réincarnation et en Karma et donc en l'âme et en un autre monde, selon des lignes plus rationnelles qu'en Occident. Nous devons œuvrer pour maintenir vivantes ces divines intuitions dans les masses, et pas seulement dans les classes cultivées. À cette fin, l'Inde a besoin d'une classe d'étudiants-serviteurs et c'est cette mission particulière que notre Mouvement L.U.T. doit remplir [ici].
L'Inde est en train de copier l'Occident ‑ ce qui est laid, et non ce qui est noble et beau dans l'Ouest. Il faut servir l'Inde, non parce que nous sommes nés sur son sol, mais parce que c'est "la Mère-Patrie de mon Maître", comme H.P.B. l'a dit, et ces mots ont plus de sens qu'il y paraîtrait de prime abord.
Sans aucun doute, la condition du pays depuis qu'il a gagné sa liberté s'est graduellement détériorée. D'une certaine façon, c'est naturel. Tous les esclaves qui, soudain, se retrouvent libres, perdent la tête pendant un certain temps. C'est ce qui nous arrive aussi à nous qui avons fait l'expérience de l'esclavage pendant environ deux siècles, et nous nous considérons maintenant comme libres. En réalité, nous avons moins de liberté aujourd'hui que nous n'en avions sous les Anglais. L'efficacité du gouvernement s'est détériorée et les principes moraux des gens ont été jetés au vent, mais nous n'en progressons pas moins. Nous sommes aussi en train de payer pour le manque de foi dont on fait preuve les gens du grand nombre, même durant la vie de Gandhiji. Ils ont pris sa philosophie comme un expédient permettant de gagner la liberté, bien qu'il les ait avertis qu'une liberté gagnée de cette façon n'en serait pas une réellement. Cela aussi nous l'avons constaté. Mais, je le répète, malgré cela, le pays est en progrès.
Ne vous laissez pas abattre par tout ce que vous voyez autour de vous, comme corruption, égoïsme et inefficacité. Ce sont des conséquences karmiques pour des gens qui, pendant des années et des années, ont parlé d'eux-mêmes comme des fidèles de Gandhi et ont prêché ses doctrines, sans en faire cependant aucune application pour eux-mêmes. Même aujourd'hui, beaucoup d'entre eux ne cessent de prêcher les doctrines de Gandhi, alors que, dans leur propre vie, non seulement ils ne pratiquent pas ces idées mais vont en fait en sens contraire. Cela ne peut manquer de produire pour le pays des résultats terribles et calamiteux. C'est à de tels moments que notre Théosophie démontre son grand pouvoir de nous aider à poursuivre la tâche, avec notre propre effort concentré sur l'étude, l'application et la promulgation. W.Q. Judge a donné pour nous son message : "Tenez bon, avec acharnement". Le pays a dérivé dans une condition chaotique, mais ce n'est qu'une phase passagère et bientôt le point d'équilibre sera atteint. Il est très clair, d'après ce qui se passe, que ce ne sera pas une condition de vérité et de non-violence telle que Gandhiji l'avait imaginée, mais ce ne sera pas non plus un pays de marché noir et d'exploitation. Il lui faudra trouver sans propre équilibre si les importants problèmes qu'il doit affronter doivent être conduits à trouver une solution.
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[1] [Ces mots appartiennent au vocabulaire de l'islam. D'après un article de H.P.B. (Coll.Writ., I,372), l'Amir est un Prince, un chef ou conducteur d'hommes. Le fakir est généralement considéré comme un ascète mendiant, souvent magicien, qui pratique de terribles mortifications physiques ; mais le mot recouvre d'autres sens (C.W.I,240) comme yogi, chela, ou homme sage voué à une discipline spirituelle à l'écart du monde. Le mot fakir existe en hindi : B.P. Wadia l'utilise dans le sens d'ermite pauvre, renonçant au monde, ce qui l'oppose au Prince, Amir, censé être riche et puissant dans ce monde.]