« Nous sommes tous des perceveurs. La question est de savoir ce que nous percevons ou savons actuellement des changements qui précèdent la naissance. Chacun peut répondre pour lui-même. Si nous étions conscients du changement appelé « naissance », comment en sommes-nous arrivés à l'oublier ? La réponse est naturellement que les conditions créées par le « changement » ont tellement absorbé nos perceptions que les nouvelles conditions sont, pour l’instant, « notre vie ». Nous sommes conscients pendant l'état du corps appelé le sommeil, mais sommes-nous conscients du « changement » que nous venons d’expérimenter en quittant l'état de veille ? Nous sommes tous des perceveurs, c'est vrai, mais il y a deux grandes classes de perceveurs, à savoir ceux qui sont conscients de tous les changements et ceux qui ne le sont pas. La Vie du perceveur est continue et elle ne dépend pas de ses expressions physique, astrale ou autres. Pendant qu'il est dans son corps, il est occupé par le monde physique; quand il quitte le corps, il est encore occupé par les pensées, sentiments et désirs de ce monde physique et continue à l'être jusqu'à ce que s'épuise la force de ces derniers ; il est continuellement entouré et accaparé par un monde qu'il s’est construit lui-même, et dans sa conception il est encore la même personne que dans la vie ; il est encore la même personne quand il entre dans l'état devachanique ; néanmoins il y expérimente un type de béatitude correspondant à l’état désirable le plus élevé, le plus noble et le plus divin qu’il concevait pendant la vie. Tels sont les états de tous ceux qui, pendant qu’ils sont dans un corps physique, ne connaissent pas, ne réalisent ni n'expriment leur nature spirituelle réelle. Ils sont les effets de la dernière vie vécue. Tout à fait différent est le cas de celui qui, durant n'importe laquelle de ses vies, a uni le mental inférieur purifié à la Triade Divine ; il vit une existence consciente en esprit, non dans la matière, même pendant qu'il occupe des corps d'une durée limitée ; il connaît le but et la valeur de chaque incarnation terrestre, et il quitte avec joie ses conditions limitatives lorsque ce but est atteint ; ce que nous appelons « mort » n'est pour lui qu'un soulagement bienvenu, car il peut alors reprendre sa vie et son activité spirituelles libre de toute entrave. Ses renaissances seront désormais conscientes et choisies par lui avec cet objectif précis d'aider ceux qui sont encore égarés dans les nuées de l'illusion ; il n'aura ni kamaloka, ni devachan, ni illusion d'aucune sorte ni une prédilection quelconque pour l'existence physique ; pour lui il n'y a pas de mort, ni de sentiment de mort, car il vit tout le temps dans un état de pleine conscience. »
(Réponses aux questions sur l'Océan, R. Crosbie)