Nos désirs emplissent actuellement notre monde; ils nous poussent à penser, à faire des projets, à agir; le monde de l'Esprit est un vide pour l'homme de chair. Mais lorsque le choix supérieur est fait et que la résolution est prise, c'est le vide du monde des sens qui est perçu. L'invocation du supérieur, le contact quotidien avec le supérieur, le repos soutenu dans le supérieur, tout cela révèle à quel point le plénum est plein de grandeur et de félicité. Chez l'aspirant qui s'exerce à la pratique, le détachement de l'inférieur et l'adhésion au supérieur transfèrent les amours au domaine spirituel et, à partir de ce moment-là, la Mâyâ* de l'univers matériel apparaît comme un jeu, un drame, une Lila**. Les symboles du vide et du plein sont d'excellentes idées métaphysiques dont la contemplation renforce la vertu de Vairagya.***
(Le mental vertueux, B.P. Wadia, C.T. 115)
* Maya (sans.). Illusion. Le pouvoir cosmique qui rend possible l'existence phénoménale et ses perceptions. Dans la philosophie hindoue ce qui seul est sans changement et éternel est appelé réalité. Tout ce qui est sujet au changement par suite de déclin et de différenciation et qui a, en conséquence, un commencement et une fin, est regardé comme mâyâ – l'illusion.
** Lila (sans.). Littéralement, jeu, ou passe-temps. Dans les Écritures hindoues orthodoxes, on explique que "les actes de la divinité sont une lîlâ", ou un jeu.
*** Vairagya ou Virâga (skt) De la racine viranj, perdre sa couleur naturelle, devenir indifférent, perdre tout intérêt aux choses. D'où : indifférence à tout ce qui sollicite l'homme dans le monde.