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Juillet 1964 à octobre 1964

 

Juillet 1964

 

[Chacun doit se trouver, s’enseigner et s’éduquer lui-même – la coopération en action dans un esprit d’amitié fera des merveilles pour la Cause – aider chez les gens la partie permanente, celle de l’âme – auto-discipline, justice et générosité]

 

         Vous avez parfaitement raison – beaucoup de gens aspirent mais ne savent pas après quoi. Il en va de même parmi les « étudiants » de la Théosophie. Nous ne nous appelons pas Théosophes mais étudiants, mais combien parmi ceux qui se dénomment ainsi sont des étudiants ?  Il y en a beaucoup qui ne savent pas quoi étudier, ni comment.

         Chacun de nous doit se trouver, s’enseigner et s’éduquer lui-même, se discipliner et finalement se stimuler à agir. Bouddhas et Mahâtmas ne peuvent que montrer la voie. Tout ce qu’un individu fait, que ce soit des devoirs domestiques, des affaires ou quoi que ce soit d’autre, peut être anti-théosophique, non théosophique ou théosophique ; il revient à chaque âme-étudiant de donner à son action un caractère vraiment spirituel. En cela, l’étude joue un rôle éminemment important.

         C’est un désir naturel de s’informer sur les diverses religions, mais, croyez-moi, ce n’est pas une nécessité, sauf et excepté dans le but de découvrir les anciennes racines de la Religion-Sagesse, vieille de 18 millions d’années. C’est une vaste étude que l’on saisit vite en suivant la méthode progressive qui passe par l’étude d’Isis Dévoilée et de la Doctrine Secrète. Il est plus urgent que vous en sachiez plus sur la ligne d’enseignement que révèle le texte de base proposé pour le 20ème siècle.

         Tout homme a un problème ou un autre qu’il est toujours anxieux de résoudre. Si nous pouvons découvrir ce qu’est ce problème et fournir à l’homme la lumière de la Théosophie, en sorte qu’il soit capable d’en apprécier les enseignements, beaucoup de bien en résultera. La méthode que vous suivez est la bonne. Vous devriez attirer les gens et découvrir ce que sont leurs pensées et sentiments et, de cette façon, vous pourriez tourner la conversation à aborder leurs problèmes intimes.

         La question du contact avec le large public est importante mais, selon mon opinion, ce qui est plus urgent, c’est d’arriver à une coordination et une meilleure compréhension entre les quelques individus qui se vouent à présent à maintenir le Feu actif.

         La coopération en action, avec un esprit amical, fera des merveilles pour la cause. Vous-même, donnez l’exemple.

         L’art qui consiste à aider les autres est le plus difficile de tous.  Je découvre de plus en plus que même lorsque des étudiants très sincères se réunissent dans un esprit de sociabilité, s’ils n’y prennent pas garde, ils tombent trop vite dans un comportement qui devient regrettable.

         Essayez d’aider chez les gens la partie permanente – celle de l’âme – plutôt que la partie passagère du corps et vous serez sur la bonne voie.

         Il y a bien des gens qui prennent de la Théosophie tout ce qu’ils peuvent en retirer et ne font rien pour elle en retour, mais c’est leur Karma et nous n’avons pas à nous en soucier. Tout ce

 

que nous pouvons faire c’est de suivre le sentier du devoir tel qu’il nous apparaît, et laisser les autres faire de leur mieux.

 

         La discipline appliquée sur vous-même produira celle appliquée chez les autres. Le détachement en vous-même créera le respect de la part des autres. L’application à l’étude en vous-même, d’un point de vue universel, et la capacité de montrer des analogies avec la Nature, produiront chez les autres application et enthousiasme. Auto-discipline, justice et générosité résulteront naturellement de la perception de la Loi.

         Pour ce qui est de taire le fait que l’on est un Théosophe lorsqu’on sollicite un emploi : ce sujet appartient à la psycho-philosophie de la Religion-Sagesse Esotérique. Nous avons connu de bons amis qui s’en tiennent à l’attitude identique (ou une autre semblable) consistant à cacher leur relation intime à la Théosophie et sa Grande Cause. Ils considèrent  cette attitude comme manifestant la sagesse du serpent. Personnellement, nous pensons que cette politique a l’effet d’affaiblir la conscience de l’aspirant et qu’elle ne manquera pas de se révéler mauvaise quand l’employeur découvrira la relation intime de son employé avec la Théosophie. A ce moment, ce n’est pas seulement la personne concernée qui se trouve blâmée mais aussi la philosophie. Non, nous ne voulons pas non plus parader, ni faire étalage de notre Théosophie, mais, par ailleurs, nous n’avons pas à être inquiets ni à craindre d’être francs et courageux, chaque fois que l’occasion exige que nous déclarions : « Je suis un étudiant de la Théosophie ». Bien entendu, toujours, dans notre cas, nous devons spécifier que nous n’entendons pas la coloration « Adyar » de la Théosophie et expliquer ce à quoi nous tenons – à savoir les Trois Buts Initiaux [de la S.T.] qui peuvent conduire aux Trois propositions Fondamentales. Tout cela s’est produit dans notre expérience. Cependant, on peut imaginer que, dans certaines circonstances spéciales et extraordinaires, on puisse, pour de bonnes raisons, souhaiter tenir sa langue ; sans toutefois jamais renier sa relation à la philosophie et à son Mouvement.

         Vous faites allusion à votre attitude envers vos collègues qui ne s’intéressent pas aux questions spirituelles. En cela, comme en d’autres matières, il faut adopter une attitude de tolérance. Aucun véritable Théosophe ne cherchera jamais à imposer ses idées à son prochain ni à lui dicter ce qu’il devrait croire ou ne pas croire. Chaque homme doit donner la preuve de son travail, comme l’a dit HPB et nous n’aurons jamais gain de cause, comme, Théosophes, en considérant tous ceux qui ne sont pas d’accord avec nous comme « stupides », bien que ce soit notre devoir de faire découvrir aux autres qui ont des vues différentes toutes les erreurs qui peuvent se trouver dans des formulations ou des faits.

 

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Août 1964

 

[La qualité du cœur constitue une force rare, le Cœur Réel demeure endormi – Buddhi est l’éternelle Substance, il faut l’activer – ce  Mouvement est celui des Maîtres et Ils récompenseront l’enthousiasme, la patience et la foi – le premier résultat de l’éveil du Manas dans l’homme fut la Dévotion, la qualité du cœur – la soi-connaissance est l’enfant d’actions aimantes – le Coeur Spirituel doit être éveillé – rendre impersonnels les sentiments, ne pas les tuer – l’altruisme en pensée dépend de la compréhension qu’on a de la Fraternité – la libération de Manas de l’influence de Kâma l’amène à se rapprocher de Buddhi – il faut remplacer les vues erronées par la connaissance qu’offre la Théosophie]

 

         La qualité du cœur constitue une force rare. Le cœur de la personnalité est si actif que le Cœur Réel demeure endormi. L’égotisme n’est pas dominé dans la pratique parce que tant de gens aiment à s’y complaire. Beaucoup sont inconscients du fait qu’ils sont enracinés dans la personnalité, cernés par ses forces. Cette discipline est vraiment un sentier escarpé ; les poignets et les jambes de l’homme sont faibles et désirent la voie facile, si bien que tamas laisse le Temps faire la conquête de l’Âme. Pour gagner la connaissance, il faut de la pensée et de la compréhension, d’où naîtra la possibilité de sentir. Si celle-ci s’éveille presque en vous, n’est-ce pas parce que la compréhension et le discernement se sont fait jour ? Bien sûr, Karma a aidé, mais vous avez tiré avantage de Karma. Ayons de la patience – patience active, et aussi foi. Ce Mouvement est celui des Maîtres et Ils récompenseront notre enthousiasme, notre patience et notre foi. Le feu de la foi ne flamboie que lorsque les faiblesses (comme le bois qui sert de combustible) se consument en cendres. Le bois de santal est coûteux ; on trouve le bois ordinaire en abondance. Dans le feu de la Connaissance, l’ignorance est consumée et alors on est sûr d’inhaler le parfum de la vertu du cœur.

 

         On peut connaître la philosophie mentalement ; la connaissance qu’on aura pourra être étendue mais non profonde. L’horizon de la portée du mental est large, étendu et élastique ; mais la caverne du cœur est profonde. Le sujet du Guru, le « petit Guru » dont parle Judge, la chaîne des Gurus, etc., tout cela n’est pas entièrement compris. Pourquoi ? C’est un sujet qui relève de la compréhension du cœur et les gens veulent la satisfaction du mental. Comment un être affamé peut-il se satisfaire en écoutant une conférence sur les valeurs alimentaires ? La faim du cœur n’est pas ressentie, car le cœur est mobilisé d’une manière tamasique ou rajasique. Entre reconnaître la connaissance (c’est-à-dire la comprendre) et la réaliser, c’est-à-dire l’expérimenter, il y a un gouffre et non une simple différence de degré. Le premier résultat de l’éveil du Manas dans l’homme fut la Dévotion – la qualité du cœur. L’illumination du Cœur qu’apporte la Théosophie (la Lumière du Tathagata) est un événement en soi-même et par soi-même. Dans son « enfance », l’homme ne comprenait pas ce que signifiait l’éveil de la lumière du Manas ; il le sentait. Bienheureuse est la personne en qui s’éveille le sentiment qui la porte vers la Théosophie avant que lui vienne la lumière de la connaissance.

 

         Pour ce qui est du cœur : c’est une très bonne chose que vous en perceviez la valeur ; la soi-connaissance est l’enfant d’actions aimantes [cf. La Voix du Silence p. 48] et ceci s’applique aussi bien à la personnalité qu’à l’Individualité. Les actions aimantes que nous accomplissons en tant que simples personnalités révèlent le bon aspect du quaternaire inférieur ; mais l’Individualité accomplit ses propres actions aimantes par le Pouvoir des Pâramitâ. Il y a trois cœurs : l’un par lequel s’accomplissent les actions mauvaises et égoïstes, l’autre par lequel un homme fait le bien et le troisième par lequel un homme rayonne la spiritualité. Le premier correspond à l’instinct animal ; le second exprime la bonté humaine ; mais le troisième est Rayonnement Divin. Kâma-Manas est la source des deux premiers mais Manas Taijasa et Manas-Buddhi constituent l’instrument et la voie par quoi s’exprime le dernier, le Cœur véritable. Pour le moment, nous passons de l’un à l’autre ; nous sommes animaux ou nous sommes humains, et l’aspect supérieur de l’humain est la sainteté ; c’est le Sage qui a développé son Cœur Réel. L’Antahkârana dans l’homme doit s’élever au plan de son Manas Parent, l’Ego, et combattre comme guerrier  la personnalité et finalement gagner pour lui-même la Grâce de Buddhi. Vous tenez ici un plan de toute l’évolution humaine. Représentez-vous chacun de ces aspects dans les termes des trois Guna ; vous en tirerez plus de lumière et la tâche pratique à accomplir s’éclairera. Instinct, intelligence, intuition et inspiration sont également reliés à ce processus d’épanouissement humain.

 

         Le Cœur spirituel est devenu passif, ou négatif, et il doit être éveillé. Le cœur humain est mal guidé, étant tombé sous la domination du cœur animal ; il a besoin d’être éduqué et la purification de la nature animale devient ici nécessaire. Nos  émotions ne sont pas purement humaines ; elles sont colorées d’égoïsme animal et d’égotisme. Il faut donc faire naître des émotions bonnes, c’est-à-dire dépourvues d’égoïsme et d’égotisme. On y parvient par l’étude, l’application et la promulgation.

 

         Qui dans l’homme est l’aspirant ? Comment se développe-t-il pour devenir un être de Dévotion ? Ce sont là des questions fondamentales. Ce  qui a été dit, vous l’avez compris correctement ; cela est bien exprimé et mérite d’être répété : « Il faut que le mental se libère des sentiments et des désirs et qu’il s’unisse à Buddhi ». Voici le processus et le but à atteindre (1) À présent, notre conscience est Kâma-Manasique. (2) Elle doit devenir Manasique, c’est-à-dire Antahkâranique. (3) Antahkârana doit s’élever pour devenir Manasique Supérieur. (4) Finalement, l’éveil de Buddhi devrait être réalisé complètement. L’éveil de Buddhi se fait en deux stades : (a) L’homme bon, pour devenir spirituel de temps en temps, doit tendre à s’imprégner de Théosophie – à s’impersonnaliser. Rendez impersonnels vos sentiments ; ne les tuez pas. Nous avons une fièvre de sentiments ; n’éteignez pas le feu ; faites-le se réduire à l’état de tison puis soufflez sur la flamme pour obtenir la chaleur adéquate. Ainsi faudrait-il cultiver, ici et maintenant, amour et compassion, et tous les enfants qui naissent du mental supérieur et de Buddhi. (b) Buddhi doit être activée ; reportez-vous à la note 24, p. 24 de La Voix du Silence. L’étude et la méditation fournissent le pouvoir moteur ; la routine journalière de la vie fournit la méthode.

 

         A l’heure actuelle, Buddhi est passive dans tous les êtres qui sont les enfants de la 5ème Race, dans la 4ème Ronde sur ce 4ème Globe qu’est la Terre. Nous devons l’activer – Buddhi est l’Eternelle Substance – l’enveloppe d’Âtma. Même lorsqu’elle est activée, la nature de son activité est différente de ce que nous appelons action – s’agiter à droite ou à gauche, ou faire ceci ou cela. Dans cette activité, il y a ordre, rythme, l’éternelle adaptation des choses, non seulement observées mais comprises, et de même il y a calme et lumière, patience et force – vivacité lente. Mais vous devez vous rappeler une intuition que vous avez eue et chercher à lui donner un sens. En considérant comment fonctionne Buddhi, même indirectement, vous en tirerez une idée de ce qu’il faudrait faire. Souvenez-vous de ceci : le rayon Manasique inférieur qui s’incarne dans le corps possède en lui-même une base de Buddhi (Sagesse – Compassion) ainsi que d’Âtma (Volonté). Ce Manas inférieur est exploité et asservi par Kâma. Quand Manas est dégagé des entraves de Kâma, il porte en lui, comme l’être Antahkâranique, cette base d’Âtma et de Buddhi – c’est là notre planche de salut – la séparation de l’animalité. Dompter la nature inférieure pour se dégager de son côté sauvage et vil en vue d’être utile et de servir est un long processus, mais, si nous restons conscients et délibérés, nous hâtons la transformation.

 

L’étude livresque ne peut activer Buddhi mais aidera l’aspirant à apprendre comment y parvenir. L’altruisme en pensée dépend de notre compréhension de la Fraternité.  La lettre de Judge (n° 4), dans le 1er volume des Lettres qui m’ont aidé, fournit une base tout-à-fait excellente. L’application sans l’étude convenable égare les gens. Il faut avoir la formule fournie par la philosophie et celle-ci doit être la bonne.

 

         Nous ne pouvons prier pour obtenir Buddhi. Il faut étudier Buddhi comme un principe et dès lors nous ne tardons pas à découvrir qu’elle est passive mais peut être activée par la bonne sorte d’efforts. Elle ne se trouve pas ainsi développée ou éveillée par les gens parce qu’ils sont pris par le Guna-Rajas,  comme le souligne la portion finale du 3ème chapitre de la Gîtâ.

 

         Manas possède la faculté de Viveka ou discrimination. La faculté de discernement qui résulte du détachement ou de la maîtrise des passions est Vairagya et elle met en action l’intuition. Viveka et Vairagya – discrimination et discernement – sont des qualités respectivement de Manas et Buddhi. Mais HPB fait ressortir que, pour le moment, Buddhi est passive chez la plupart des gens et doit être activée. Sans Manas, Buddhi ne peut pas être activée. La soi-conscience vient avec Manas et elle commence à opérer dès que se fait le choix moral qui relève de Manas. En faisant ce choix moral, le soi incarné, le Manas inférieur, tombe sous l’emprise des désirs, ce qui rend mauvais son choix moral – la libération de Manas de l’influence de Kâma l’amène à se rapprocher de Buddhi.

 

 

 

 

         Intuition signifie « connaissance et compréhension directes », sans passer par le raisonnement des prémisses aux conclusions ; c’est un pouvoir que possède chaque être, que ce soit à l’état latent ou actif dans une certaine mesure. L’intuition est au-delà ou au-dessus de la faculté de raisonnement, ce qui bloque son opération, c’est notre tendance à nous fier à nos pouvoirs de raisonnement, fondés comme ils le sont sur notre connaissance ordinaire, superficielle et incomplète. Cette connaissance ordinaire dépend de notre personnalité dans ses rapports avec le monde extérieur et ne tient pas compte de la nature spirituelle de l’Homme, qui est l’Être Réel qui voit et pense. Pour éveiller l’Intuition, il faut remplacer les vues erronées que l’on a si généralement sur l’Homme et la Nature par la connaissance qu’en offre la Théosophie – ce n’est pas seulement qu’il faille gagner la perception mentale correcte mais toute notre activité de penseur doit être fondée sur cette connaissance correcte. C’est alors que nous nous tiendrons comme le Penseur immuable, Immortel, qui est le témoin de toutes les apparences perçues comme des expressions changeantes d’êtres conscients et qui peut voir au-delà de ces expressions, quelles qu’elles soient, pour atteindre la nature spirituelle essentielle de chaque entité.

 

Robert Crosbie.

 

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Septembre 1964

 

 

[La rapidité du Kali Yuga est une chance qui s’offre au véritable aspirant et à l’être de dévotion – la maîtrise du Temps est une condition requise de l’état de Chéla – Karma et le Cycle sont en correspondance avec l’espace et le temps – connaître le Cycle de Nécessité, c’est connaître la division ultime du temps – la liberté de la volonté doit être respectée dans tous les sens et dans chaque événement – étroite est la porte et resserré le chemin qui conduit à la vie éternelle]

 

 

         Un trait particulier du Kali Yuga tient à ce que l’individu possède de plus grandes chances que des masses d’hommes. C’est le Yuga ou l’Âge de combat singulier livré entre l’homme divin et l’homme de chair. Un plus grand nombre d’individus peuvent devenir des hommes de l’Âge d’Or. Dans d’autres âges, les forces de Karma et du cycle se disposent selon la ligne de l’impulsion naturelle ; c’est-à-dire que les mortels sont bons parce que telle est leur nature ; et dans l’Âge d’Or, les masses sont comme des enfants, innocents et ignorants ; bienheureux de leurs ténèbres, et dormant du profond sommeil de Sushupti, etc… De temps à autre, nous avons une double connaissance – comment combattre et vaincre le mal, la personnalité et l’égoïsme et comment déployer Lumière et Paix. C’est pourquoi c’est notre idéation et imagination qui déterminent pour nous comment le Kshatriya combattra en nous, en surmontant la nature âpre au gain, portée au commerce et à la compétition de l’esprit de combine et d’orgueil et comment, par ailleurs, la pure nature du Brâhmane pourra épanouir piété et pauvreté, humilité et confiance en soi, et tous les attributs sattviques – tous ceux qui sont décrits dans la Gîtâ, comme la Buddhi sattvique, la nourriture et la charité, le sacrifice sattviques, etc. Sattva doit être développé en nous avant de gagner l’état de disciple réel et complet.

 

         L’effet qu’a sur nous le Kali Yuga, comme les heures de la nuit, dépend de ce que nous y faisons. Voleurs et cambrioleurs utilisent la nuit à des fins dégradantes ; les étudiants pour leurs études ; les Sages sont lumineux, jour et nuit. Ainsi donc, nous devons faire ce que nous pouvons avec la rapidité et tout le reste de ce qui caractérise ce Yuga.

 

         Cette rapidité du Kali Yuga est la chance qui s’offre au véritable aspirant et à l’être de dévotion. Il lui revient de maîtriser la vitesse et de s’assurer un mouvement régulier et rythmique. Les mouvements du Kali Yuga sont rapides et pleins de sursauts ; ce n’est pas le cas du soleil et de la lune pendant le Kali Yuga. Ici encore, il y a quelque chose qui s’offre à notre application. Le temps n’attend aucun homme ; nous souffrons de l’ennui qui tue le temps, d’une part, mais aussi nous souffrons de ce qu’il n’y ait que 24 heures par jour ! Nous sommes perdants de deux façons et la Philosophie Esotérique enseigne que nous devrions fusionner les deux et créer stabilité et harmonie.

 

         Dans notre Kali Yuga, le soi-disant contentement des gens n’est que Tamas sur le plan mental. Nous avons un mental très gras qui n’aime pas bouger – gras de la riche nourriture offerte au corps, du riche bavardage accordé à la langue et du riche égoïsme prêté aux sentiments, ainsi que de la lecture qui excite les sens, pour gaver le mental. Même les choses sérieuses sont prises comme plaisirs des sens. Chercher à savoir, découvrir, etc.  – eh bien ! Cela n’éveille aucun intérêt.

 

         J’ai bien peur que nous n’ayons point de Ram-Raya[1] dans notre existence. Le Kali Yuga doit suivre son cours pour tous ceux qui ne veulent pas penser par eux-mêmes, ne veulent pas essayer de se connaître, ne veulent pas utiliser le cycle pour s’élever et qui, au contraire, se laissent vaincre par son mouvement en spirale descendante. La maîtrise du Temps est une condition requise de l’état de Chéla. L’impureté de l’espace doit être vaincue et la pureté rétablie et, pour cela, il faut du temps. Karma et le cycle sont en correspondance avec l’espace et le temps. Connaître le Cycle de Nécessité, c’est connaître la division ultime du temps. Ainsi donc, dans notre vie mesurée en heures, les minutes comptent. L’art de s’établir solidement dans le travail, d’une manière appropriée et ponctuelle, est un grand art en vérité.

 

         J’ai lu avec un intérêt considérable vos remarques concernant le cycle actuel, etc… Nous ne devons pas considérer notre âge comme étant unique, parce que nous ne disposons que de nos archives historiques. Nous n’avons pas encore touché le fond de l’égoïsme, de la sensualité et de l’égotisme comme l’a fait le groupe des Atlantes amené à commettre le terrible égarement évoqué dans la Doctrine Secrète. Ce qu’il nous faut aussi garder en pensée, c’est que, compte tenu de nos propres vicissitudes internes depuis le temps de H.P.B., le Mouvement Théosophique n’a pas été capable de tirer un plein avantage des bonnes pensées inhérentes dans l’humanité et de les amener à s’exprimer sous une forme organisée, exacte. Personnellement, je ne pense pas que nous devrions avoir une grande catastrophe dans le futur proche. Je pense que l’intensité même du sentiment tourné contre une nouvelle guerre, etc… traduit une sorte de sauvegarde. Ce que nous avons à faire, c’est un travail constructif, positif pour changer le complexe de peur de l’humanité moderne en une calme confiance. Nos enseignements métaphysiques et psychologiques devraient être d’une réelle valeur, au moins théoriquement, même si beaucoup de gens ne les pratiquent pas. Je pense vraiment fortement que, aussi imparfaits que nous soyons dans la L.U.T. , nous avons une très importante mission à accomplir, dans la mesure même où nous croyons en l’infaillible Message des Maîtres enregistré dans les écrits de H.P.B. et de W.Q.J., et dans l’insistance qui est mise dans ce Message sur la liberté de la volonté, qui doit être respectée dans tous les sens et dans chaque événement.

 

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         Nous sommes dans le Kali Yuga et sa fatale influence est mille fois plus puissante en Occident qu’en Orient ; d’où les proies faciles faites par les Pouvoirs de l’Âge des Ténèbres dans ce combat cyclique, et les nombreuses illusions où se débat le monde actuel. L’une de celles-ci tient à la relative facilité avec laquelle les hommes s’imaginent qu’ils peuvent arriver à la « Porte » et franchir le seuil de l’Occultisme sans consentir à un grand sacrifice quelconque. C’est là le rêve de nombre de Théosophes, rêve inspiré par le désir du pouvoir et l’égoïsme personnel, et ce ne sont pas de tels sentiments qui pourront jamais les conduire au but convoité. En effet, comme l’a bien dit un être considéré comme s’étant sacrifié pour l’humanité : « Etroite est la porte et resserré le chemin qui conduit à la vie » éternelle, et c’est pourquoi « peu nombreux sont ceux qui la trouvent ».

 

H.P.Blavatsky. 

 

 

[1]    Ram-Raya : expression au sens douteux. En sanskrit, on lirait Râma-Râjya « royaume de Râma » - peut-être le règne paisible et bénéfique de Râma, après sa victoire sur le démon Râvana. En hindi, râmrâya signifie règne bienfaisant, idéal.  [N.d.T.]

 

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Programme et activités du Groupe d'Etude Théosophique en Tarentaise

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