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Le pouvoir de la foi, B.P. Wadia 

[Traduit du Theosophical Movement, Vol. XXVI, p.54 de Janvier 1956]

 

« À la base même de ta nature, tu trouveras la foi, l'espoir et l'amour. » (La Lumière sur le sentier).

Notre civilisation est une civilisation privée de foi ; l'homme d'aujourd'hui est un sceptique ; il doute et il est la proie de l'ignorance et de la peur. Le manque de foi dans la bonté inhérente de la nature humaine l'a conduit à craindre et à haïr son semblable ; il a peur de faire confiance à quiconque. À cause de la défiance et de la méfiance qui règnent dans les nations entre une race et une autre, il n'y a de confiance, de sentiment de sécurité nulle part dans le monde. L'incertitude du présent et la peur de l'avenir sont les malédictions qui marquent l'âge atomique. Les pensées de « sûreté » et de « sécurité » tiennent le premier rang dans le mental de l'homme, il est constamment occupé à se protéger en contractant des assurances — contrôle risque des accidents, contre la calamité de la perte de ses biens, contre le spectre de la vieillesse et la mort. Le manque de foi lui fait appréhender les ennuis à venir, le manque de compréhension de la nature réelle de l'homme et le manque de confiance en ses potentialités divines le font suspecter ou redouter les êtres qui l'entourent. L'homme moderne compte beaucoup trop sur l'autorité, sur les données des sens, les théories et la froide raison ; son intellect a été surdéveloppé aux dépens de son intuition ; sa foi a été rendue inactive par l'activité de son mental inférieur. Il juge toute chose sur l'apparence ; pour lui le monde physique est le monde de la réalité ; il ne peut voir au-delà du monde tridimensionnel de la matière, ni pressentir une existence consciente en dehors de celle de la forme ; il agit en se fondant sur le fait qu'il n'existe qu'une seule vie.

C'est le manque de foi qui fait que la connaissance du divin échappe à l'homme moderne, il a fermé son mental et son cœur au monde de l'Esprit. Il a perdu la foi à cause de ses connaissances fausses, à cause de son égoïsme et de sa nature personnelle. Il est tout le temps centré sur son soi inférieur. Le doute et la crainte n'appartiennent qu'à la conscience personnelle. L'Âme ne connaît ni crainte ni doute, elle ne vieillit pas et n'a pas peur de la mort. Le doute et la peur ne peuvent être chassés que par la foi et l'amour. Si un homme se sent en paix avec les autres hommes, un avec tout ce qui vit et respire, il ne recherchera aucune sécurité extérieure.

Qu'est-ce alors que la foi véritable, ou Shraddha ? Comme l'indique la citation ci-dessus tirée de La Lumière sur le Sentier, la foi est la base même de la nature de l'homme, elle est inhérente en chaque être humain — c'est un pouvoir de l'Âme. La foi est le sentiment intuitif qui se traduit par « Cela est vrai », c'est la mémoire de la connaissance qui fut nôtre dans les incarnations précédentes. Qu'est ce qui fait qu'une personne s'attache immédiatement à la Théosophie ? Qu'est-ce qui lui fait sentir que les enseignements sont vrais, les tout premiers temps qu'elle en entend parler ? C'est sa foi, le sens intérieur de la vérité.

Un homme qui a la foi sait que l'univers est gouverné par la Loi, morale aussi bien que physique, qu'il y a une justice fondamentale dans le Cosmos. La Lumière de l'Asie dit :

« Sans commencement et sans fin, éternel comme l'Espace, et sûr comme le refuge, il est un Pouvoir divin immuable qui se meut vers le bien, et seules ses lois durent à jamais. »

L'une des qualités requises d'un Chéla est la suivante :

« Une parfaite droiture et une foi inébranlable dans la loi de Karma, indépendante de l'intervention d'aucune force de la Nature, le cours de cette loi ne pouvant être arrêté par aucun agent, ni modifié par l'action de la prière ou de cérémonies exotériques propitiatoires ».

Si nous avons foi en la loi de Karma, nous n'avons plus de crainte. Avec la foi, le pouvoir de la volonté est renforcé ; nous acquérons un courage qui peut faire face à tout, tout braver, aller de l'avant et progresser malgré tous les obstacles, surmonter toutes les difficultés, dominer toutes les circonstances. La foi « est une qualité douée d'un pouvoir créateur des plus puissants », c'est une énergie ou une force qui pousse l'homme vers un meilleur mode de vie. Quand, d'autre part, nous perdons la foi, nous cessons de lutter, nous abandonnons le combat. Si nous avions foi en la loi de Karma — en cette connaissance que tout ce qu'un homme sème, il le récoltera — nous serions toujours de bonne humeur et satisfaits, nous ne pourrions jamais nous plaindre, il n'y aurait pas de place pour la commisération pour soi-même, et nous serions prêts à dire à tout moment, en toute circonstance : « C'est exactement ce qu'en fait j'ai désiré. »

Si nous sommes un tant soit peu découragés et déprimés à cause de quelque événement désagréable, c'est que nous manquons de foi en la Loi. Quels que soient la dépression et le découragement que nous puissions ressentir à certains moments, la confiance en la Loi nous rend capables de surmonter la crise, certains que nous sommes que « même cela passera ». La confiance dans la Loi nous rend capables de dissiper les sombres influences qui ne peuvent pas atteindre le centre le plus profond du cœur — source de la foi véritable. Robert Crosbie, parlant des vicissitudes de la fortune, des conditions difficiles qui s'imposent à chacun de nous, et répondant à la question : « Comment résisterons-nous à la poussée des événements ? » dit : « ... nous devrions essayer d'acquérir le calme, la patience et la force d'âme et aussi avoir pleinement confiance dans le fait que le sens du courant est forcé de changer, même si c'est à la 59e minute de la 11e heure ».  Si le candidat a la foi, la patience et la confiance, en vérité il n'aura pas à attendre trop longtemps. » (The Friendly Philosopher, p. 10.)

L'homme qui a la foi non seulement a confiance en la Bonne Loi, mais aussi il a une foi inébranlable en la Lumière intérieure, la Lumière de son propre Soi Supérieur et en ses potentialités divines. Il chante avec le poète Iqbal :

« Même si je ne suis qu'une poussière, le soleil radieux est à moi. Il y a dans mon sein des centaines d'aurores. »

Reconnaissant le Soi dans son propre cœur, il reconnaît la Divinité en chaque être humain; il regarde ses semblables comme des Âmes-sœurs, en percevant la Lumière qui brille par la fenêtre de leurs yeux. S'il a foi dans la bonté inhérente de l'homme, il ne peut rejeter aucun être de son cœur; il pardonnera toujours à ceux qui lui ont fait du tort, car le pardon est foi.

« Aussi gravement que mon ami puisse me trahir, je peux être certain qu'un jour, quelque part, il rachètera le mal qu'il m'a fait et qu'il a fait à tous les êtres, aussi ancien soit-il. »

Si nous avons foi et confiance, nous réussirons dans notre recherche et nous atteindrons le but. La foi nous garde sur le droit chemin, nous empêchant de trébucher et de tomber. Vyasa, parlant de la foi, dit : « Elle soutient le Yogi comme une tendre mère », et W.Q. Judge nous donne le conseil suivant : « Étendez-vous sur l'océan de la vie, il vous soutiendra ».

Ce n'est que si nous avons confiance que nous pouvons montrer du courage et de l'ardeur dans l'accomplissement de notre devoir. L'être qui possède la véritable sorte de foi s'acquitte de ses devoirs dans un esprit de dévotion et de sacrifice en manifestant un respect à la fois intérieur et extérieur pour tout ce qui est vivant.

Si nous ne sommes pas certains, si nous n'avons pas foi en ce que nous entreprenons, un échec en résultera inévitablement ; mais pour celui qui a la foi, tout est possible. On dit que Jésus a parlé en ces termes :

« Demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira » (Matthieu, VII, 7)

    Si la foi est innée chez tous les êtres humains, pourquoi ne se manifeste-t-elle pas ? Chacun possède ce pouvoir en germe, mais il n'est pas développé au même point chez tous. Chez certains, il est faible et vacillant, chez d'autres, il est fort et profond. La profondeur de la foi dépend de l'expérience passée. Elle a été acquise au moyen de l'observation et des expériences faites durant de nombreuses vies dans le passé. La foi véritable doit avoir traversé victorieusement des expériences difficiles et de grandes épreuves ; elle est née des épreuves que nous avons traversées et dont nous sommes sortis vainqueurs. C'est quand une grande catastrophe arrive que notre foi se trouve testée. Nous avons dû apprendre que la Loi œuvre, que des efforts dans la bonne direction portent toujours leurs fruits ; qu'il est possible de surmonter ses défauts, même si nous avons très souvent essayé et échoué, qu'aucun effort n'est jamais perdu. Avec la vérification des enseignements, viennent l'assurance et l'espoir. Nous ne pouvons avoir foi que dans les enseignements que nous avons assimilés et qui font partie intégrante de notre Soi spirituel. D'où la nécessité d'appliquer notre Philosophie dans les affaires de la vie quotidienne, pour nous prouver, par notre propre expérience individuelle, la vérité de la Théosophie.

Si notre foi est faible, comment pouvons-nous la cultiver et la rendre plus forte ? La foi se développe progressivement au fur et à mesure que nous nous appuyons sur le Soi intérieur et nous en remettons à la Loi qui régit l'Univers. Nous devons apprendre à avoir confiance en notre propre Soi, à être loyal envers Lui et à suivre les intuitions du cœur. Nous devons faire un effort sincère pour mettre en pratique la connaissance acquise. C'est en vivant la Vie que nous connaîtrons la Loi. Les aspirations impersonnelles et le dévouement aux intérêts des autres nous aideront. Nous devons cultiver l'habitude de voir le vrai, le beau et le bien, de percevoir le côté lumineux des choses et des événements. Nous jugeons sur les apparences et nous oublions de regarder dans le cœur des hommes pour y découvrir le bien qui s'y trouve.

Nous devons nous efforcer de développer l'acuité de notre pouvoir d'observation et d'assimilation des événements; de voir dans tout ce qui nous arrive dans la vie une leçon à apprendre ; de saisir le sens occulte de chaque expérience que nous traversons. W.Q. Judge a écrit :

« Un jour viendra où nous commencerons à comprendre pourquoi la moindre pensée fugitive ne doit pas rester ignorée, ni la moindre impression furtive demeurer inaperçue » ["La culture de la concentration" Cahier Théosophique n° 70, p. 18].

Avançant ainsi avec foi, éprouvant chaque pas que nous faisons, examinant nos réactions et gardant les yeux fixés sur le but lointain, nous développerons certainement notre foi et en ferons un pouvoir vivant dans notre vie.

La plus haute expression de foi et de confiance est celle qui existe entre le Chéla et son Guru. La confiance dans les Maîtres est la première condition requise pour réussir en Occultisme. Parmi tous ses fidèles est le plus cher celui qui est plein de foi, déclare Krishna dans la Bhagavad Gîtâ et H.P. B. le dit en ces termes :

« ... la principale condition, la seule indispensable, requise du candidat ou chéla en probation, est simplement une fidélité inébranlable au Maître choisi, et au travail que ce dernier poursuit. » [Les Mahâtmas Théosophes dans Râja Yoga ou Occultisme].

Elle-même avait une dévotion sans faiblesse pour son Guru et Maître :

« Une dévotion inébranlable à Celui qui incarne le devoir qui m'a été tracé, une croyance ferme dans la Sagesse collective de cette grande Fraternité mystérieuse, quoique réelle, de saints hommes, voilà mon seul mérite et la raison de mon succès dans la philosophie Occulte ».

Elle n'a jamais douté un seul instant de leur puissante protection :

« Je sais qu'en dépit de mes fautes, j'ai la protection du Maître étendue au-dessus de moi. Et en voici la simple raison : pendant trente-cinq ans et plus, depuis 1851, année où je vis personnellement pour la première fois un Maître dans son corps physique, je ne L'ai jamais renié ni n'ai douté de Lui une seule fois, pas même en pensée ».

Efforçons-nous donc de suivre son exemple et apprenons à créer en nous une foi inébranlable en la proximité du Maître et en Sa protection pleine de Compassion.

« Il faut acquérir, chacun pour soi-même, la confiance inébranlable en ce que la main du Maître est réellement sur tous les Théosophes sincères, sur le plus humble comme sur le plus avancé » (The Friendly Philosopher de Robert Crosbie, p. 401).

Si nous avons foi dans les Maîtres et dans la Loi, dans la présence en nous du Soi Supérieur, nous resterons fidèles à la Philosophie, loyaux envers nos compagnons et envers ceux qui, suivant leur Karma, ont assumé la tâche et la responsabilité de poursuivre le Travail pendant ce siècle. Pour terminer, citons encore une fois Robert Crosbie :

« Il me semble que la « confiance » est le lien qui fait l'union, la force du Mouvement, car elle vient du « cœur » (A Friend of Old Time and of the future. – Vernal Bloom, p. l).

 

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Programme et activités du Groupe d'Etude Théosophique en Tarentaise

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