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Janvier 1964 à mars 1964

 

Janvier 1964

 

 

[Apprendre à vivre dans le sanctuaire lumineux du cœur - ne pas se laisser bouleverser par les choses, garder son sang-froid, rester concentré et calme - pas de précipitation, éviter toujours d’agir par impulsion, prendre tout calmement -  prendre du temps - rester calme et accomplir son devoir dans le calme, la santé physique en résultera - ceux qui vivent dans leurs émotions personnelles ne peuvent voir clairement – être attaché au Guide Intérieur - les Maîtres sont de son côté, confiance en Eux signifie confiance dans le Régent Intérieur - cultiver le Renoncement Supérieur.]

 

Vous devez apprendre à vivre dans le sanctuaire lumineux de votre cœur. Idéation et Imagination creusent un canal pour le futur. Laissez cela à Ceux que vous êtes en train de servir avec sincérité. Personne n’aime l’isolement. Même un faux dévôt à l’âme égarée recherche le compagnonnage. D’autre part, les Maîtres appartiennent à une Fraternité. Nous pouvons bien spéculer et conjecturer, mais Karma a sa propre façon de frapper et d’élever. Karma ne nous rabaisse jamais ; mais nous, les hommes et les femmes, avons la capacité de nous rabaisser jusqu'à Avitchi. S’il doit y avoir solitude, c’est là vraiment.

Ne laissez pas les choses vous bouleverser. Gardez votre « Contrôle », votre « Concentration » et votre « Calme », trois C importants qui assurent le 4ème, la « Conquête »[1] [de tous les obstacles]. Grâce à ces trois C, nous vainquons l’erreur, la décrépitude, la maladie et même la mort. Souvenez-vous de cela. Mieux vaut ne pas s’engager dans une discussion ; demeurez tranquille ; regardez et souriez. De cette façon, on évite beaucoup de désagrément et de mal. Un autre facteur apparaît important : ne jamais se précipiter - prenez votre temps. Le temps arrange toujours ; il est souvent un maître dans l’art d’arranger. Puissent nos Grandes  Idées, le souvenir de nos Grands Instructeurs et votre propre Régent Intérieur vous guider et vous protéger !

Évitez toujours d’agir par impulsion ; prenez tout calmement ; il y a toujours le temps et ce qui est fait de façon délibérée n’a pas à être démoli. Ce qui n’est pas fait aujourd’hui peut l’être demain ; ce qui est fait aujourd’hui de façon impulsive pourrait bien avoir à être défait demain.

Adoptez comme règle de ne jamais agir d’une manière hâtive ou précipitée. Il y a assez de temps. Toujours pensez, et pensez à tête reposée, avant d’agir. Ce qu’il vous faut par dessus tout, c’est un calme intérieur. Évitez des actions qui ne sont pas nécessaires et qu’on ne vous demande pas. Donnez-vous le temps. Prenez du temps. Créez du temps. Vous le pouvez si vous vous demandez calmement : " Est-ce nécessaire ?" N’agissez pas avant de vous être posé cette question, y avoir réfléchi et obtenu la réponse à ce sujet. Vous devriez être capable de faire tout cela facilement et sans précipitation. Ne vous hâtez pas de finir mais cherchez à gagner une aimable plénitude. Faites une seule chose à la fois et accomplissez-la avec détachement et discernement.

Préservez votre énergie pour le vrai travail et gardez-vous des petites choses. Ne vous en faites pas et vous serez capable de faire plus et mieux. Vraiment, ne vous précipitez pas. Si vous restez calme et accomplissez vos devoirs dans le calme, la santé physique en résultera.

Je désire, quant à moi, que vous croissiez spirituellement mais, comme je l’ai souligné très souvent, émotionnalisme n’est pas spiritualité. Repos, absence d’agitation, calme, silence, douceur et gentillesse, voilà les marques de la spiritualité, mais elles doivent procéder de l’intérieur pour s’appliquer à toute chose et toute personne et non seulement à certaines choses et personnes. Vous ne vivez pas à  l’intérieur ; la principale difficulté avec vous, c’est votre désir d’agir, d’agir - La lecture, la réflexion, la maturation silencieuse, etc. sont des pratiques intérieures. Vous ne vous accordez pas une chance. Vous devez apprendre à vous rétablir intérieurement. Cela ne peut se faire si votre attitude se résume toujours ainsi : je dois être occupé sans cesse à faire des choses, du matin au soir. Vous dépensez des forces sans sagesse et, en conséquence, non seulement vous souffrez mais le travail aussi en souffre. J’espère bien que vous allez prendre tout ce que je dis ici dans l’intention qui est la mienne de vous aider en vous écrivant. Je veux vraiment vous aider, mais comme un docteur je dois prescrire un traitement qui, souvent, n’est pas agréable pour le patient.

Ceux qui vivent dans leurs émotions personnelles ne peuvent voir clairement ; et, sans vision, comment peut-il y avoir action ? Sans doute vous pourrez recevoir d’autres opportunités, mais elles se présenteront quand vous vous y attendrez le moins, en venant d’horizons insoupçonnés pour vous. Êtes-vous calme le moins du monde ? Ne serait-ce  que 2 ou 3 heures par jour ? Je ne veux pas dire heureux, je veux dire calme. Gardez votre mental et votre cœur calmes, et pleins d’affection, et votre ouvrage journalier ira comme il le doit.

Sans calme, rien, rien de ce que vous faites ne sera bon, encore moins parfait. Vous pouvez vous faire du souci pour X, mais cela ne vous aidera pas et certainement cela l’inquiétera. C’est une parole dure que celle de Jésus : « celui qui aime père et mère plus que moi n’est pas digne de moi », mais, du point de vue occulte, c’est 100 % vrai. Je ne veux pas dire que vous ne devriez pas avoir de l’amour et de la tendresse pour cette femme mais votre astral bouleversé n’est d’aucune aide pour elle. Vous ajoutez à son fardeau, tout en empirant votre Karma. Ainsi donc, accordez-vous du temps pour l’étude et la méditation ; chaque matin, lisez et réfléchissez sur le calme, d’où résultent exactitude et autres qualités.

Puissent franc succès et prospérité venir à vous dans votre prochain examen ! Dans ces derniers jours qui précèdent cet examen, vous aurez besoin de calme et de courage intérieurs. Si, dans votre Cœur, vous êtes détaché des choses du monde et, par là même, attaché au Guide Intérieur - la Grande Triade - vous ne pourrez que réussir. Car Il est du côté de la Sagesse, des Maîtres et pour le triomphe de la Grande Cause ; et pour cela Il vous apportera clarté de perception et force. De plus, comme vous vous êtes voué au plus grand de tous les services - marcher sur le sentier de la Probation et servir par le canal de la L.U.T. - les Maîtres et H.P.B. sont de votre côté. Confiance en Eux signifie confiance dans le Régent Intérieur. Muni de cette double Force, faites-en un usage adéquat. Vous devez réussir. Tous ces jours-ci, ne pensez à rien d’autre qu’à votre étude et à la réussite qu’elle doit vous apporter. Prenez soin de votre santé physique. Ayez un bon et doux sommeil. Rejetez tout souci, toute préoccupation et aspirez, à la source de l’Akasha, cette énergie indomptable qui fraie son chemin jusqu’au triomphe dans la noble entreprise qui est la vôtre. Pensez aux Êtres Bénis. Là où peut passer la Pensée, Ils peuvent venir. Puissent leur Bénédiction être sur vous.

Si vous mangez bien, dormez d’un sommeil réparateur et êtes calme, le Travail ne fera pas que vous protéger, il vous donnera aussi énergie et force. Vous ne tirez que peu de bénéfice pour votre âme de votre tourment d’amour et c’est mauvais du point de vue intérieur. Faire de petites économies dans le repos et la détente rapporte de grosses sommes de temps. Le travail progressera à douce allure si l’énergie est préservée, non seulement dans la parole mais aussi dans les déplacements et les mouvements corporels.

Vous savez comment il est écrit : « Abandonnez l’espoir, vous tous qui entrez ici ». Le message offert ici est de cultiver le renoncement supérieur ; d’être libre de tout souci mais de posséder en profondeur un sens de la responsabilité.

Il faut développer de plus en plus ce Renoncement  Supérieur et laisser les Seigneurs de la Nature qui sont Karma diriger nos actes. À certains moments, cela paraît extrêmement difficile ; la nature personnelle, accoutumée à aller son chemin, assume la direction des choses et s’égare. La douce nature nous apporte la douceur si nous sommes de vrais renonçants.

N’ayez pas de regrets pour le passé mais faites des projets dans le présent pour le futur. En faisant cela, oubliez votre soi ; n’ayez de pensée et de considération que pour le Grand Mouvement. Courage et Patience forment une paire, mais, sans un Détachement suffisant, vous ne pourrez pas exprimer la Patience et, par suite, l’indomptable Énergie nécessaire pour comprendre la vérité et la dire ne pourra pas s’exprimer. Ne confondez pas faiblesse avec gentillesse ou compassion ; ni attitude bravache avec force et courage. Vous avez créé des handicaps avec les opportunités qui étaient les vôtres. Maintenant, retournez-vous et saisissez l’opportunité qu’apporte chaque empêchement. Vous manquez de calme et vous ne le gagnerez pas sans connaissance ni méditation. Cela ressemble à une prêche mais ça ne l’est pas ; mais supposez même que cela soit le cas. Qu’y a-t-il de juste ou de faux dans tout cela ? Ainsi donc, mon cher, pensez !

Tournez- vous vers l’intérieur ; purifiez-vous ; gagnez un peu de dévotion et de stabilité mentales et votre vie sera une bénédiction pour le Mouvement. Puisse l’année à venir vous apporter une satisfaction intérieure parce que, dans l’Âme Intérieure, vous aurez fait provision de Vérité, d’Attention et de Félicité !

 

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Février 1964

 

[Calmer la nature émotionnelle, stabiliser le mental vagabond - établir une relation de foi, d’amour et de confiance -  un tranquille examen de conscience -  entre frères et compagnons, paroles franches, libre expression et esprit de fraternité -  il faut une attitude et un comportement calme, réfléchi, impersonnel - discipliner son action impulsive, prendre le temps, produire une action délibérée - établir une réelle unité - mémoire, attention et imagination]

 

         Accepter comme juste une ligne de conduite et ne pas agir en conséquence – c’est fatal. Si vous voyez qu’une démarche est correcte et juste, allez-y ; sinon, abstenez-vous. Après tout, ce n’est pas difficile. Obéir aveuglément est mauvais, mais s’obstiner aveuglément est également mauvais. Ne le pensez-vous pas ? Pourquoi suivre les sentiments ? Essayez les principes. Il vous faut apprendre à vous ouvrir au lieu de rester rigide dans le mental et le cœur. Si vous ne confondez pas obstination et volonté, vous réussirez.

         Qui peut s’attendre à de la discrétion et à du discernement quand descendent les brumes de Kâma et Ahamkâra ?  L’orgueil aveugle les gens et ils vont à l’aveuglette de multiples façons – que faire ?

         Vous pouvez apporter de l’aide, d’abord et avant tout, par un effort soutenu visant à calmer votre nature émotionnelle et à stabiliser votre mental vagabond ; l’effort effectué sur ces deux points vous aidera à contrôler votre langue. Le bavardage inutile gâche le bon travail. Souvenez-vous toujours d’une chose : soyez positif et pleinement conscient dans votre vie journalière ; exact et vigilant en toute occasion. Faites tout en douceur. Ainsi donc, tenez-vous en toujours à votre temps et votre vitesse, sans la moindre hâte ni précipitation. Lorsqu’une personne en fait plus qu’il n’est nécessaire, elle manque de voir ce qui lui est demandé. Appliquez calmement les enseignements de la Théosophie d’une façon pratique et vous êtes certain de réussir.

         Je veux que vous vous rendiez compte que toutes ces instructions ne sont pas à observer de façon rigide, mais avec compréhension et intelligence. Le squelette de notre corps est rigide mais les muscles et les nerfs ne le sont pas. Ils le deviennent quand le corps devient cadavre. Soyez donc strict avec vous-même et souple en opérant avec les autres.

         Il est nécessaire que vous preniez votre place en tant qu’étudiant Théosophe d’une manière ouverte. Si vous et d’autres deviez être dynamisés, il en résulterait compréhension et unité. Vous en profiteriez tous.

         Pourquoi, jusqu’à présent, avez-vous échoué à rendre Théosophique votre propre vie ?  Parce que vous avez peur, et H.P.B. a clairement dit que Peur et Haine sont identiques. Quand allez-vous apprendre à faire ce qui est juste et Théosophique ? Jusqu’ici, aucun effort soutenu n’a été accompli. Vous vous êtes laissé aller à votre faiblesse ; est-ce que vous ne continuez pas dans cette voie ? A cela et à d’autres choses vous pouvez et devriez porter remède en vous-même. Encore quelques années et vous ne pourrez pas le faire. Pourquoi vous écrire tout cela aujourd’hui ? Afin que vous puissiez en tirer un prompt avantage et rétablir une meilleure relation de foi, d’amour et de confiance. Si vous-même vous vous dressez contre actions et démarches erronées, cela encouragera d’autres à faire de même. Ainsi donc,  allez à l’Ame de la situation - vous-même ; un tranquille examen de conscience vous montrera de quelle façon vous n’avez pas été véridique et fidèle. Ainsi donc, réveillez-vous maintenant.

         Oui, prenez un nouveau départ ; il n’y a rien d’autre à faire pour vous. A moins que vous le fassiez de façon toute sincère et sérieuse, vous allez en pâtir, et dans ce cycle, plus vite que vous ne pouvez le prévoir. Si vous observez votre Discipline, cela ne va pas se révéler difficile :

il s’agit ici d’un travail intérieur sur vous-même impliquant étude, examen de soi et réflexion, et un comportement extérieur convenable impliquant de bien tenir sa langue, d’éviter toute action impulsive et de vous souvenir que vous êtes soumis à tests et épreuves. Karma vous a apporté soutien, lignes directrices et protection. Renforcez votre lien avec ceux qui sont très engagés dans leurs efforts pour vivre la vie.

         Ce que je veux dire ici par écrit ne vise pas des détails sur telle et telle chose (et chaque détail du travail est une occasion et un test) mais principalement les influences qui affectent l’âme. Je vous avais demandé en privé de travailler en unité et harmonie. J’aimerais que vous me disiez pourquoi il y a chez vous un manque de foi dans votre propre Ego, de confiance mutuelle et, par là même, d’attitude fraternelle parmi vous. N’avez-vous pas perdu de bonnes opportunités et plus encore, n’avez-vous pas manqué à votre Discipline dans vos relations les uns avec les autres ? Etes-vous engagé dans une démarche réfléchie pour gagner un Juste Revenu dans une organisation professionnelle qui devrait rayonner de lumière Théosophique ? Ces questions sont plus vitales et de plus grande importance que les salaires que vous touchez, les ventes que vous faites et ce que vous exprimez dans les affaires comme clairvoyance, finesse de jugement et esprit d’entreprise.

          Il me semble - et corrigez-moi si je me trompe – que, d’une façon peut-être inconsciente pour vous, vous avez été la proie de discours irresponsables. Au lieu de travailler au coude à coude, de façon unie et harmonieuse, vous avez prêté l’oreille à des critiques négatives des uns sur les autres et, pour vous justifier, vous avez commis de l’injustice envers vos frères et compagnons. Entre frères et compagnons, il ne devrait pas y avoir de peur mais des paroles franches et une libre expression animée par un esprit de fraternité. Les choses qui sont communes et acceptées, et pratiquées à la dérobade, dans le monde des affaires ne sont pas en conformité avec la moralité et l’éthique théosophique et vous ne devriez jamais vous laisser prendre à de telles choses ni permettre qu’aucune d’elles ne s’introduise dans la marche des affaires. La tâche la plus pressante qui vous revient à vous, c’est de purifier l’atmosphère, de discipliner votre propre soi.

         Mes souhaits très sincères pour votre amélioration et prospérité vous accompagnent toujours. L’année à venir sera importante pour nous tous et je dois saisir cette occasion pour vous envoyer  un mot qui devrait vous être utile. Ce que vous devez garder en mémoire et rappeler toujours à votre conscience c’est le fait de la voie particulière de service qui est la vôtre. Vous pouvez et vous devriez montrer qu’elle est animée et mue par l’Ethique Théosophique. J’aimerais que vous réfléchissiez à ce point. La nécessité n’est pas de faire des actions personnelles mais ce qu’il faut c’est une attitude et un comportement calmes, réfléchis, impersonnels en parole et en actions.  Vous devez apprendre à être plus strict dans la droiture à manifester dans les affaires, plus strict en véracité, plus strict dans l’observance de notre Discipline afin que votre exemple soit copié et que le personnel observe sa discipline. Je vous donne ici quelques exemples. Evitez de longues discussions et de longs sermons. On perd beaucoup de temps. Economisez des minutes et des heures s’en trouveront économisées.

         En dehors des affaires, poursuivez le bon travail d’assimilation qui se fait entre vous, X et Y. Cela ne veut pas dire discuter – encore une fois, c’est une question d’attitude et de comportement. Ne négligez pas votre étude et donnez un exemple de la manière dont un étudiant devrait penser et sentir, parler et agir.

         Ne permettez pas à la précipitation et à l’impatience des affaires de gâcher ce que vous communiquez de Théosophique dans une juste conversation, un jugement équilibré, etc. N’allez pas séparer en compartiments vos conversations sur les affaires et celles sur la Théosophie. Il faudrait communiquer une influence Théosophique aux affaires et transmettre l’atmosphère de sincérité et de gain justifié propre aux affaires à la conversation théosophique. Vous me parlez de votre étude et de vous-même. Dans un sens, c’est une bonne chose que vous ne soyez pas satisfait de vous-même. Qui le peut vraiment s’il est sincère ? Comme l’a dit Judge, dans cette vie d’Occultisme, il y a toujours des combats. Vous devez disciplinez votre action impulsive et prendre le temps de produire une action délibérée.

         Dans ce cycle qui s’ouvre maintenant, il faudra appliquer le contrôle du petit papotage et du grand bavardage avec plus de tact, en y pensant sans cesse et sans peur. Faites-vous une règle de ne parler de personne derrière son dos. Une réelle unité reste à être établie. Il vous faudrait pratiquer l’honnêteté mentale qui consiste à penser avec justesse et justice, en ne nourrissant de sentiment hostile envers personne mais en appréciant chacun comme il convient, si vous devez avancer dans vos progrès.

         Encore un conseil. Essayez de tenir votre Centre Intérieur avec fermeté, de contrôler votre mental, pour avoir un comportement délibéré et ordonné. Ne laissez pas votre conscience vous échapper mais conservez-la dans les limites de votre cerveau. Utilisez avec discrimination la force de votre affection et agrandissez le cercle de vos amitiés, tout en approfondissant vos liens avec les vieux amis. Commencez à penser par vous-même, en faisant un usage convenable de nos textes.

         Qu’en est-il de votre discipline d’étude, de méditation, d’examen de conscience et d’application à la vie pratique ! Tenez-vous concentré en vous-même, évitez les impulsions ; parlez avec retenue ; ayez une nourriture convenable ; observez le silence pour que la Nature- Prakriti puisse réussir à vous parler, et puis n’oubliez pas les grands Purusha - les Seigneurs et Maîtres de la Matière.

         Les années se succèdent sans cesse comme les nuages majestueux que j’ai observés ces derniers jours. Ils répandent ce qu’on appelle les averses d’Avril. De même pour nous. D’une façon ou d’une autre, le Temps avance. Vous avez  parcouru un bout de route, mais il vous reste un grand et long chemin à faire. Il vous faut intégrer votre vie ; la Loge et le bureau, le sacré et le séculier, tout cela doit devenir un, tout cela comme des Vibrations Sacrées. Le dimanche est différent des autres jours de la semaine, mais tous les autres jours sont sacrés et, de cette façon, la différence enrichit. Ainsi donc, pensez ; tout ce que vous faites devrait être sacré, chaque action revêtir un type différent de sainteté. Cela implique trois choses : mémoire, attention et imagination. Nous tous devons apprendre à nous souvenir, ensuite à être attentifs à tout ce que nous avons à faire, et, par le pouvoir de l’imagination, « attacher notre char à notre étoile ».

 

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Mars 1964

 

[Méditer c’est gagner une familiarité avec l’Astral Divin – communiquer vie et lumière à toutes nos actions –  avoir de l’amour dans le cœur et aucune pensée hostile – la pureté et la spiritualité des pensées sont les meilleurs protectrices et sources d’énergie du corps  – utiliser la divine faculté d’Imagination – le calme mental et le contentement psychique engendrent la santé]

 

En dehors du foyer, il y a un monde ; en dehors de votre monde du mental et du cœur, il y a un univers. Ce dernier a, d’une part, des leçons à offrir et, d’autre part, il a besoin de service. Vous devez commencer à cultiver une disposition délibérée d’attention accordée à la Lumière Intérieure à l’aide de laquelle seulement vous pourrez percevoir la vérité. A mesure que s’installe le vieillissement du corps, il faut prêter attention à l’intérieur, avec célérité et claire vision. Quelle économie de temps et d’énergie, et comment ? Comment consacrer ce qui a été épargné à la Grande Cause et aux Maîtres ? Ce qui devient votre besoin pressant se trouve ici : moins de fluctuation, plus de stabilité et de fermeté de l’intérieur et dans ce qui s’y trouve. Ce qui devient aussi nécessaire, c’est plus d’étude, non seulement de la Théosophie mais aussi des sujets apparentés. Il vous faut prendre les choses en considération, ce qui veut dire penser ; réfléchir, ce qui veut dire voir dans le Miroir du Mental ; méditer, ce qui veut dire gagner une familiarité avec l’Astral Divin – Mahâ Smriti  [= la « Grande Mémoire »] ; et, par-dessus tout, appliquer, ce qui veut dire descendre du  niveau de l’Âkâsha Intérieur à celui du cerveau extérieur. Nous ne pouvons être moins énergiques en vivant la Vie et en servant les Seigneurs de la Vie – nos vivants Mahâtmas. Vous devez vous prouver à vous-même que vous êtes un officier et non pas seulement un soldat, ou un cipaye[2] dans la Grande Armée.

Bien, assez parlé du passé. Considérons le futur, proche et distant, et œuvrons dans le présent pour soutenir les mouvements du Plan Puissant des Puissants Saints Êtres. Le Sacré, comme l’amour, est un terme mal compris ; le monde a besoin de Sacré, et la meilleure façon de le lui enseigner est l’exemple personnel. Ainsi donc, je vous le dis : vivez la Vie et faites de votre foyer un centre rayonnant la Lumière Théosophique du véritable Sacré - ce pour quoi vous avez besoin de l’association des idées de la S.D. et du compagnonnage des écrits de W.Q.J.

Vous vous en tenez aux Lignes directrices – celles qui sont intérieures particulièrement. Vous êtes en train d’apprendre beaucoup, tout le long de ce sentier – même le fait d’enseigner à la L.U.T., etc., permet d’apprendre et gagner de l’expérience. Faites de tout cela une chose précieuse et tenez-la en réserve pour le futur. Acquérez pour vous-même une position que le monde reconnaisse, car il nous faut agir avec le mental de la race humaine ; vous devez vous tailler une place dans la civilisation de ce monde et ainsi vous serez d’une aide puissante au service des Saints Êtres Bénis. Faites que la flamme de votre Foi et de votre Dévotion brûle toujours en silence, et dans le secret, et c’est ainsi que vous ferez pour Eux ce dont Ils ont besoin.

N’envisagez jamais aucun problème en vous demandant s’il est agréable ou désagréable pour des personnes ; il faut décider de chaque problème sur son propre mérite. Nous ne devrions pas essayez de juger nos efforts d’après le résultat des autres, mais bien faire ce qui est juste, et laisser Karma arranger tout le reste.

Si vous faites usage avec discernement de l’activité Karmique qui se déploie dans votre milieu, et lui appartient, vous gagnerez une expérience qui donnera de la force à vos pieds. Restez silencieux, pensez et cherchez à découvrir des enseignements applicables à chaque situation. Votre silence vous apportera de la pureté, tandis que les efforts que vous mettrez à apprendre développeront et approfondiront votre sens de la vérité. Appliquez la Pâramitâ Shîla[3] ; faites qu’il n’y ait aucune place pour une action karmique qui viendrait de vous. Ayez de l’amour dans votre cœur et aucune pensée hostile dans votre tête en ce qui concerne les conditions. Maintenez vos nobles efforts dans le sens du service. Prenez soin de votre précieux corps, de votre tempérament psychique et de vos pensées. La pureté et la spiritualité des pensées sont les meilleures protectrices et sources d’énergie du corps, pour avoir santé et sagesse ; ces deux-là sont les meilleures possessions qui soient.

         Prenez grand soin de vous-même, non seulement de votre bon mental et de votre cœur pur, mais aussi de votre corps. Maintenez-le avec un bon magnétisme, en sorte que de chacun de ses pores puisse rayonner la Lumière, pleine de bienfaits et de grâce. Puissent la paix et le bonheur être avec vous, et puissiez-vous croître comme un fleur séduisante de couleur, de parfum et de forme ! Ayez de l’amour pour tous, même pour les gens mesquins, les difformes et les égoïstes. Le pardon vient de la foi dans le Supérieur. Chacun porte en soi la lumière de l’Âme. Certains l’obscurcissent de façon  très grotesque mais elle est là. Cherchez-la. Ne restreignez pas la lumière qui est la vôtre, celle du mental, du cœur, des mains.

         Puisse toute bonne et réelle prospérité vous envelopper chaque jour de l’année à venir ! Si vous prenez vraiment soin de votre corps et améliorez sensiblement sa santé, vos énergies mentales gagneront de la vitalité, et même votre mémoire défaillante s’améliorera. Mais vous devez réellement apprendre à donner de bons soins à votre corps. Le Travail et notre Cause ont besoin de chaque personne capable d’aider avec loyauté et dévotion. Bien que vous ayez souffert dans votre corps physique, il vous reste assez de force, de nature prânique et autre, pour vous permettre de continuer, pourvu que vous travailliez en silence, de façon concentrée dans votre mental, et calme avec votre cœur.

         Inutile de prêcher sur quoi que ce soit aujourd’hui, mais permettrez-moi de vous souhaiter de réussir dans votre effort en vue de gagner le calme, l’état sans désir - et un sacré bon sens.

         Puissent votre vie et votre travail se révéler de plus en plus bénéfiques ! Vivre, c’est être. Nous devons gagner de la connaissance pour devenir meilleurs et plus brillants – en communiquant vie et lumière à toutes nos actions. La vie, tout le monde la vit, mais certains le font sans lumière, certains à la lueur des becs de gaz. Ce qu’il nous faut, c’est la Lumière du Soleil Spirituel – elle est là, toute prête à être captée. Capter cette lumière signifie qu’on se rappelle, qu’on garde en mémoire, et ensuite qu’on utilise notre divine faculté d’Imagination. Puissent les bénédictions des Maîtres vous entourer chaque jour de l’année à venir ! Mon affection vous accompagne sans cesse.

         Le travail progresse et je réfléchis aux travailleurs dans le champ du monde qui Leur appartient et sur lequel tombe toujours Leur œil attentif.

         De grands privilèges, comme de grandes responsabilités,  vous attendent et j’espère que vous les évaluerez du point de vue de l’Ego Intérieur et non de celui de l’homme extérieur. Bien des tests,  épreuves et tentations vous attendent,  mais,  si vous restez fidèle aux  Enseignements,  vous  pourrez  vous  éviter  plus d’un  piège. Et  ce  sera  seulement grâce aux enseignements que vous pourrez savoir vraiment qui sont les Instructeurs. Vous avez commencé à vous sentir porté vers les grands Maîtres, et intéressé par Leur proximité. Vous devez maintenant essayer de venir à EUX, face à face et lumière à lumière. Vous y réussirez si vous tenez solidement, et dans un équilibre convenable, les trois éléments que sont : étude, application et promulgation. Et puis, évitez les extrêmes comme aller trop dans le monde extérieur, ou vous en tenir trop éloigné, en négligeant le côté extérieur.

         Que vous souhaiter ? La prospérité du genre ordinaire ? Santé, richesse et bonheur ? Oui, bien sûr. Mais ce sont là des effets, et nous devons scruter plus profondément le plan des causes. Ce sont le calme mental et le contentement psychique qui engendrent la santé physique. Ce sont le désintéressement, la générosité, la jouissance de la Nature qui passe par le sacrifice, yajña, qui nous attirent la richesse et font de nous des administrateurs des biens financiers qui nous arrivent. Le véritable bonheur, de l’espèce sattvique, est décrit dans le 18ème chapitre de la Gîtâ ; dans notre affectivité, il reflète la joie intérieure, Ânanda, la béatitude. Puissiez-vous avoir tout cela ! Mais, par-dessus tout, puisse votre cœur rayonner de l’illumination, et puisse la Lumière du Tathagata y brûler de plus en plus ! Puisse votre mental rayonner les Divines Pâramitâ dont la vierge mère est la Compassion Absolue ! Voilà de hautes espérances, mon cher ; mais mieux vaut toujours avoir un espoir aussi élevé que le ciel, et en tirer pour notre dévotion humaine ce que les étoiles nous envoient. Ainsi donc, acquérez la vraie connaissance par l’étude, répandez-la, en l’enseignant aux autres ; et soyez unis, dans ce but et tous les autres, avec ceux qui sont d’un même cœur et d’un même mental que vous. Puisse le lien de jadis nous soutenir dans l’effort commun entrepris pour le bien de la Grande Cause des Saints Maîtres Bénis !

         Le Sentiment du Cœur intérieur, la vraie Compassion, fait la moisson de la connaissance qui vient de l’extérieur, l’engrange tout le temps, tandis que spontanément jaillit, à l’intérieur, la Sagesse. Le Contentement intérieur demande beaucoup de silence extérieur : apparaître comme rien aux yeux des hommes ; s’acquitter réellement de Dâna [le don], en sorte que notre main gauche ignore ce que fait notre main droite – voilà une réelle Siddhi, dans laquelle se trouve Buddhi. Aspirez à cela, car c’est par cela, et cela seulement, qu’il faut trouver les Maîtres véritables ; comme le dit La Voix du Silence, « cherche Celui qui doit te donner naissance dans la Salle de Sagesse » [p. 22]. C’est là mon 1er souhait. Atteignez ce Contentement Intérieur, et toutes les choses nécessaires vous viendront, plus ou moins naturellement. Une étude véritable et régulière des Stances [de la D.S.] et de la Voix, des articles de Judge et de la Lumière sur le sentier, renforcera votre Cœur psycho-spirituel, et éclairera d’une teinte réelle toutes vos actions. Soyez sincère et fidèle envers le Dieu Intérieur, envers les Maîtres et les Lignes établies par H.P.B. Puissiez-vous réussir !

 

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[1]    [En recourant ici à un artifice de langage (qu’on trouve dans les Écritures hindous) l’auteur énumère 4 mots clefs de la discipline intérieure, qui, commencent par la lettre C, et seront ainsi plus facilement mémorisés  par le lecteur. [N.d.T.]

[2]    Cipaye : soldat indigène (indien) au service des Français, Portugais et Anglais, aux XVIIIème et XIXème siècles  [N.d.T.]

[3]     La 2ème Grande Vertu dans La Voix du Silence (3ème fragment)  - [N.d.T.]

 

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