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AUM ![1]

La syllabe mystique la plus sacrée des Védas est AUM. C'est la première lettre de l'alphabet sanscrit et certains pensent que c'est le son que fait un nouveau-né lorsque pour la première fois il aspire l'air dans ses poumons. Les prières quotidiennes des Brahmanes hindous commencent et se terminent par ce mot, et les livres sacrés anciens disent que les dieux eux-mêmes saluent de cette syllabe, le très Saint.

Dans la Chandogya Upanishad ses louanges sont chantées en ces termes :[2]

« Qu'un homme médite sur la syllabe OM appelée l'Udgitha[3]... c'est la meilleure des essences, la plus haute, celle qui est digne de la place la plus élevée, la huitième ».

Il est recommandé ensuite de méditer sur cette syllabe comme étant le souffle de deux espèces dans le corps ¾ le souffle vital et le simple souffle de la bouche ou des poumons, car cette méditation apporte la connaissance et la meilleure célébration du sacrifice. Au verset 10, on lit : « Il semblerait donc que celui qui connaît la vraie signification de OM, et celui qui ne la connaît pas, accomplissent le même sacrifice. Mais il n'en est pas ainsi, car la connaissance et l'ignorance sont différentes. Le sacrifice qu'un homme accomplit avec la connaissance, la foi, et à l'aide de l'Upanishad est plus puissant ».

Extérieurement, tous deux accomplissent le même sacrifice, mais celui qui le fait avec connaissance et a médité sur la signification secrète de Om participe aux qualités inhérentes à OM, qui requièrent cette foi et cette connaissance comme moyens de devenir visibles et actives. Si un joaillier et un simple laboureur vendaient des pierres précieuses, la connaissance du premier lui permettrait de tirer plus de profit de sa vente que l'ignorance du second.

Shankaracharya, dans son Sharir Bhashya, s'appesantit longuement sur OM, et dans le Vayu Purana, un chapitre tout entier y est consacré. Et comme Vayu c'est l'air, nous pouvons voir dans quel sens s'orientait l'esprit de ceux qui collaborèrent à ce Purana. Ils analysaient le son, ce qui conduirait à des découvertes intéressantes au sujet de la constitution humaine spirituelle et physique. Dans le son est contenu le ton, et le ton est l'une des choses les plus importantes et les plus influentes dans la nature. Grâce au ton, l'homme naturel, l'enfant, expriment leurs sentiments, comme les animaux révèlent leur nature par le ton de leurs cris. Le ton de la voix du tigre est complètement différent de celui de la colombe, autant que le sont leurs natures respectives et si, alors, les visions, les sons et les objets du monde naturel ont une signification ou indiquent les lois soulignant ces différences, il n'y a rien de puéril à envisager la signification du ton.

Le Padma Pur ana dit : « La syllabe OM est le guide de toute prière. Qu'on l'emploie donc au début de toute prière », et Manou ordonne dans ses lois : « Un Brahmane doit toujours prononcer la syllabe OM au commencement et à la fin d'une leçon sur les Védas, car si OM ne la précède pas, son pouvoir lui échappera, si elle ne la termine pas, rien ne sera retenu de la leçon ».

Le célèbre Rajah hindou, Ramohun Roy, dans son traité sur cette lettre, dit :

« OM, quand on le considère comme une seule lettre, prononcée en une articulation, est le symbole de l'Esprit Suprême. Une lettre (OM) est l'emblème du Très Haut. (Manou, II, 83.). Mais quand on le considère comme un mot triple, composé de a, u, m, il représente les trois Védas, les trois état de la nature humaine, les trois divisions de l’univers et les trois divinités ¾ Brahma, Vishnou et Shiva, les agents de la création, conservation et destruction de ce monde ; ou, à proprement parler, les trois attributs principaux de l'Etre Suprême, personnifiés dans ces trois divinités. Dans ce sens, il représente, en fait, l'univers contrôlé par l'Esprit Suprême ».

Nous pouvons considérer que l'univers entier est pénétré d'une seule résonance, son ou ton homogène, qui agit pour ainsi dire, comme le pouvoir stimulant ou vivifiant, mettant en mouvement toutes les molécules. Ceci est représenté dans toutes les langues par la voyelle a qui a la préséance sur toutes les autres. C'est là le mot, le verbum, le Logos du Saint Jean des Chrétiens qui dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu »[4]. C'est la création, car sans cette résonance ou ce mouvement dans les particules au repos, il n’y aurait pas d'univers visible. Autrement dit, l'évolution du visible hors de l'invisible dépend du son, ou, comme les Aryens l'appelaient, du Nada Brahma (la divine résonance).

Mais, dès que ce son a est produit, il se change immédiatement en au, de sorte que le second son u, est celui que donne le premier lorsqu'il se prolonge. La voyelle u, qui en elle-même est composée, représente donc la conservation. Et l'idée de conservation est contenue dans la création ou l'évolution car il n'y aurait rien à conserver s'il n'y avait eu d'abord création.

Si ces deux sons fondus en un seul devaient se poursuivre indéfiniment, bien sûr ils ne seraient pas détruits. Mais on ne peut en continuer l'émission au-delà du souffle et soit que l'on ferme les lèvres, soit que la langue s'appuie contre la voûte du palais ou que l'on se serve des organes de l'arrière-bouche, il y aura toujours, lorsque prend fin l'émission, fermeture ou le son m qui, chez les Aryens, avait le sens d'arrêt. Dans cette dernière lettre se trouve la destruction de tout le mot ou de la lettre. Pour les prononcer à nouveau, une simple expérience montrera qu'en aucune façon ils ne peuvent débuter par m, mais que au commence invariablement même la prononciation du m isolé. Sans crainte d'être vraiment contredit, on peut affirmer que toute parole commence par au et qu'elle se termine ou disparaît dans le m.

Le mot « ton » dérive de mots latin et grec signifiant son et ton. En Grec, le terme « tonos » veut dire « degré d'extension » ou une « tension ».

Le mot « on » s'emploie pour indiquer le caractère du son, et pour en exprimer toutes les variétés, haut, grave, bas, aigu, doux ou rauque. En musique, il indique la qualité particulière du son produit, et distingue un instrument d'un autre, comme par exemple, un ton majestueux, un ton grêle, etc... En médecine, il désigne l'état du corps mais il est plutôt employé dans le sens de force et se réfère à la résistance ou la tension. Il n'est pas difficile de rapprocher l'usage de ce mot en médecine de la divine résonance dont nous avons parlé, car nous pouvons considérer la tension comme la vibration ou la quantité de vibrations qui permet à l'oreille de percevoir le son, et si tout le système baisse graduellement au point que le ton descende sans arrêt, il en résultera une dissolution de l'ensemble des molécules.

En peinture, le mot ton indique également la tendance générale du tableau, comme il l'indique aussi en morale et en éducation. Nous disons : « des mœurs de mauvais ton, un ton élevé de sentiments, un ton courtois », de sorte que le mot ton a une signification qui s'applique universellement au bien et au mal, à ce qui est élevé ou à ce qui est bas. Et la seule lettre que nous puissions employer pour l'exprimer ou le symboliser c'est le son a, avec ses changements variés, longs, courts ou moyens. Et comme le ton des manières, des mœurs, de la peinture, de la musique en indique le caractère réel, de même le ton des divers êtres, y compris l'homme, symbolise ou exprime leur caractère véritable et, se joignant au murmure profond de la nature, ils augmenteront le Nada Brahma ou la Divine résonance que, finalement, on entend comme étant la musique des sphères.

La méditation sur le ton exprimé par ce mot sanscrit OM nous conduira à une connaissance de la Doctrine secrète. Nous trouvons exprimées dans la simple musique terrestre, les sept divisions de l'essence divine, car comme le microcosme est le modèle en petit du macrocosme, même les mesures boiteuses des hommes renferment une réduction du tout dans les sept notes de la gamme. De là, nous passons aux sept couleurs, puis, progressant et montant toujours, au rayonnement Divin qui est l'Aum. Car la Résonance Divine, dont on a parlé plus haut, n'est pas la Lumière Divine elle-même. La Résonance n'est que l'expiration du premier son de l'Aum tout entier.

Cela se poursuit durant ce que les Hindous appellent un Jour de Brahma et qui dure, selon eux, mille âges[5]. Elle se manifeste non seulement en tant que pouvoir éveillant et animant les particules de l'Univers, mais aussi dans l'évolution et la dissolution de l'homme, de l'animal, du règne minéral et des systèmes solaires. Chez les Aryens, on représentait la Divine Résonance dans le système planétaire, par Mercure qui a toujours été censé gouverner les facultés intellectuelles et être le stimulant universel. Certains auteurs anciens ont dit qu'elle se manifeste grâce à Mercure dans l'humanité, par le bavardage universel des femmes.

Et partout où la Divine Résonance se tait ou est arrêtée, par suite de la mort ou d'un autre changement, le mot Aum a été prononcé. Ces émissions de Aum ne sont que l'expression microcosmique, multiple du Verbe qui est émis ou complètement terminé, pour employer le langage hermétique ou mystique, uniquement lorsque le grand Brahm cesse l'expiration, arrête la vocalise par le son m et produit ainsi la dissolution universelle. Celle-ci est connue en sanscrit et dans la Doctrine Secrète sous le nom de Maha Pralaya, Maha signifiant « grand » et Pralaya « dissolution ». Et après avoir raisonné de la sorte, les anciens Rishis de l'Inde disaient : « Rien ne commence ni ne s'achève ; tout change, et ce que nous appelons mort n'est qu'une transformation ». Ils voulaient dire par là, faisant allusion à l'univers manifesté, que la soi-disant mort d'une créature sensible n'était qu'une transformation d'énergie, ou un changement du mode et de la place de manifestation de la Divine Résonance. Ainsi, au début de l'histoire de la race, on connaissait et appliquait la doctrine de la conservation de l'énergie. La Divine Réso­nance ou le son au est l'énergie universelle qui est conservée durant chaque Jour de Brahma, et est absorbée à nouveau dans le tout, lorsque vient la grande Nuit. Apparaissant et disparaissant continuellement, elle se transforme maintes et maintes fois, revêtue parfois d'un voile de matière appelé sa manifestation visible et jamais perdue, mais se transformant sans cesse d'une forme en une autre. Et c'est ici que l'on peut voir l'utilité et la beauté du sanscrit. Nada-Brahma est la Divine Résonance ; c'est-à-dire qu'après avoir dit Nada, si nous nous arrêtions après Brahm, nous devrions logiquement conclure que le son m terminant Brahm signifierait Pra­laya, réfutant ainsi le fait de l'existence de la Divine Résonance, car en supposant qu'elle se soit arrêtée il est évident qu'elle ne pourrait pas résonner maintenant. Aussi ajoutèrent-ils un a à la fin de Brahm, faisant sous-entendre qu'en tant que Brahma, le son continuait à se manifester. Mais le temps manque pour traiter ce sujet comme il le mérite et ces remarques ne sont qu'une humble tentative en vue de montrer le sens réel et le but de Aum.

Pour ces raisons et par respect pour la sagesse des Aryens, nous avons adopté ce symbole qui se trouve sur la couverture de la revue[6] (1) et en tête du texte.

Pour nous, OM a une signification. Il représente le courant profond de méditation constante, qui doit être poursuivi sans cesse par chacun, tout en accomplissant, les devoirs nécessaires de cette vie. Pour chaque être conditionné existe une cible qu'il vise constamment. Nous n’exceptons pas même le règne animal en dessous de nous, car il attend de passer à un état d'évolution plus élevé : inconsciemment, peut-être, mais en fait il vise réellement la même cible.

« Ayant saisi l'arc, la grande arme, qu'il y place la flèche, aiguisée par la dévotion. Puis, l'ayant bandé, dirigeant la pensée vers ce qui est, vise juste, ô ami ― l'Indestructible. OM est l'arc, le Soi est la flèche, Brahman est appelé son but. Il ne peut être atteint que par l'homme dont la pensée est ferme, et comme la flèche s'unit à la cible, il deviendra un avec Brahman. Ne con­sidère que lui comme le Soi, et abstiens-toi de toute autre parole. Il est le pont vers l'Immortel. Médite sur le Soi comme étant OM. Béni sois-tu et puisses-tu traverser l'océan des ténèbres. »[7]. AUM !

HADJI-ERINN.

 

QU'EST-CE QUE L'UDGITHA ?[8]

Jamestown, le 16 Avril, 1886.

Cher Frère : Seriez-vous assez aimable pour expliquer dans le Path, ce qu'il faut comprendre par l'Udgitha, ou l'hymne de louange à Brahm ? Avec les meilleurs vœux pour le succès de votre travail je reste,

Fraternellement vôtre,

L. J.

Cette question est d'une importance vitale. Elle peut provenir du caractère particulier du mot, ou il se peut que notre frère connaisse réellement l'importance de ce point. Nous le renvoyons à l'article sur OM, d'avril dernier[9], OM est l'Udgitha, et OM a été expliqué dans cet article. Lisez entre les lignes ; et lisez aussi les « Notes sur les Upanishads » dans le Path de ce mois.

Dans la Maitrayana Brahmana Upanishad (Pr. VI) il est dit : « L'Udgitha, appelé Pranava, le conducteur, le lumineux, toujours éveillé, libéré de la vieillesse et de la mort, reposant sur trois pieds (la veille, le rêve et le sommeil profond), composé de trois lettres, et connu aussi comme quintuple, est placé dans la cavité du cœur. »

C'est cela le Soi. Non pas le corps ou les facultés du cerveau, mais le Soi Supérieur. C'est sur lui qu'il faut se recueillir ou c’est lui qu'il faut adorer par Une constante méditation.

L'hymne de louange signifie donc que nous admettons l'existence de ce Soi, que nous y aspirons et l'adorons. C'est pourquoi l'on dit encore dans la même Upanishad :

« Au commencement ; Brahman était tout cela. Il était un et infini... Le Soi Suprême ne peut être défini, il est sans limites, sans naissance, il échappe à tout raisonnement et à toute conception. Il est partout, comme l'éther, et à la destruction de l'Univers, lui seul est éveillé. Ainsi, il éveille dans l'éther, ce monde tout entier qui est constitué uniquement par sa pensée et c'est lui seul qui médite sur le monde, c'est en lui qu'il se dissout. Il est cette forme lumineuse qui brille dans le soleil et la lumière multiple du feu sans fumée. Celui qui est dans le feu, celui qui est dans le cœur et celui qui est dans le soleil sont un seul et même être. L'homme qui atteint cette connaissance devient un avec l'Un ».

Mais « connaître », ne veut pas dire simplement saisir l'idée, mais la comprendre personnellement par une expérience intérieure. Et ceci est difficile, mais il faut poursuivre ce but. Le premier pas consiste à essayer de comprendre ce qu'est la fraternité universelle, car lorsqu'on s'identifie avec l'Un, qui est le tout, on « s'associe aux âmes de toutes les créatures », aussi, le premier pas sur ce sentier est-il la fraternité universelle.

L'hymne de louange à Brahm (qui est Brahman) est le but réel de cette revue et celui de notre existence. Il est fait usage de cet hymne dans le sacrifice, lorsqu'on l'exprime verbalement, et nous pouvons l'offrir dans notre existence journalière, dans chaque acte, que nous mangions, que nous dormions, que nous soyons éveillés ou dans tout autre état. Un homme ne peut incarner cette idée dans son être sans en recevoir un bienfait spirituellement et moralement.

Mais nous ne pouvons expliquer complètement ce sujet ici, car nous y faisons constamment allusion dans cette revue.

 

VISEZ JUSTE[10]

« Ayant saisi l'arc, la grande arme, qu'il y place la flèche, aiguisée par la dévotion. Puis, l'ayant bandé, dirigeant la pensée vers ce qui est, vise juste, ô ami ¾ l'Indestructible. OM est l'arc, le Soi est la flèche, Brahman est appelé son but. Il ne peut être atteint que par l'homme dont la pensée est ferme, et comme la flèche s'unit à la cible, il deviendra un avec Brahman. Ne considère que lui comme le Soi et abstiens-toi de toute autre parole. Il est le pont vers l'Immortel. Médite sur le Soi comme étant OM.

Béni sois-tu, et puisses-tu traverser l'océan des, ténèbres ».

MUNDAKA UPANISHAD.

 

Le tir à l'arc a toujours été en vogue dans les nations civilisées comme chez les peuples barbares. Nous voyons Arjuna, prince de l'Inde, posséder un arc merveilleux appelé Gandiva, don des dieux. Personne d'autre que son possesseur ne pouvait le bander, et en temps de guerre, il semait la terreur dans les rangs de l'ennemi. Arjuna était un archer extraordinaire. Il pouvait se servir de Gandiva de la main gauche aussi bien que de la main droite ; c'est pourquoi Krishna l'appelle dans le dialogue de la Bhagavad-Gîtâ, « toi, l'ambidextre ». L'arc figure dans la vie des héros grecs, et un écrivain, Louis Stevenson, vient de publier un livre dans lequel il chante les louanges de l'arc, de l'arc de guerre possédé par Ulysse ; quand la guerre approchait, il se mettait à chanter son chant particulier, perçant et clair, et toutes les flèches qu'il lançait atteignaient le but.

L'art du tir à l'arc est un exercice qui symbolise la concentration. Nous avons l'archer, la flèche, l'arc et la cible à atteindre. Pour toucher le but, il est nécessaire de concentrer le mental, l'œil et le corps sur plusieurs points à la fois, tandis qu'en même temps la corde doit être lâchée, sans perdre de vue, le but. La traction de la corde tenant la flèche doit être uniforme et doit s'effectuer dans la direction de la ligne de vision, et lorsque le point de préhension, la traction, le but et la ligne de vision sont parfaitement alignés, la flèche doit être lâchée doucement, au moment où la traction est la plus forte, afin que, grâce au mouvement de recul de l'arc, elle soit projetée en droite ligne vers le but. Ainsi, ceux qui cherchent vraiment la sagesse, sont semblables à des archers tâchant de toucher le but. C'est le tir à l'arc spirituel, et c'est à cet art que le verset de la Mundaka Upanishad fait allusion.

Dans l'art du tir à l'arc parmi les hommes, il importe de prendre une attitude ferme et, dans la poursuite de la vérité, cette même attitude doit être maintenue sans faiblesse si l'on veut jamais atteindre le but visé. L'œil ne doit pas quitter la cible de vue, sans quoi la flèche déviera ou tombera avant de toucher son but. Ainsi, si nous prenons la décision d'atteindre le but de la sagesse, il ne faut pas que le mental ni le cœur vacillent, car le sentier est étroit, et les écarts d'un jour peuvent nous coûter des années d'efforts avant de retrouver la route.

Les résultats atteints par l’archer sont très différents selon la qualité de l'arc. Si l'arc n'est pas d'une matière résistante formant bon ressort, les flèches ne fileront pas en ligne droite ou n'auront pas la force suffisante pour arriver au but. Il en est de même pour l'homme qui est son propre arc ; s'il ne possède pas une nature qui lui permette de répondre à toutes les exigences, son travail, comme archer spirituel, sera nul. Et comme l'arc de bois ou d'acier est sujet à des altérations d'état, de même les lois de Karma et de réincarnation nous montrent que dans d'autres vies, revêtus de nouveaux corps, nous pourrons accomplir une tâche meilleure, ce qui constitue, en somme, une pensée encourageante. L'archer dit aussi que l'arc semble souvent subir les effets des changements de temps ou d'autres perturbations terrestres, et qu'il fonctionne mieux certains jours que d'autres. Le Théosophe observateur remarque le même phénomène en lui et s'aperçoit qu'il est sujet, de temps à autre, à des changements qui lui permettent d'accomplir plus de choses et de se rapprocher davantage de l'état spirituel. Il faut aussi que la corde de l'arc soit toujours bien tendue ; cela revient à dire, dans l'art du tir à l'arc spirituel, que l'être doit avoir la ferme détermination de lutter sans cesse pour atteindre le but.

Lorsqu'on vise et lâche la flèche, on doit la hausser légèrement, car il faut tenir compte de la trajectoire, et si l'on ne le sait pas, la flèche tombera avant d'arriver au but. Ceci correspond sur notre plan à l'une des nécessités de notre constitution humaine, c'est-à-dire que nous devons avoir un but mental et spirituel élevé si nous voulons toucher haut. Nous ne pouvons aller aussi haut que le but, mais nous devons tenir compte de la trajectoire que provoquent les limitations de notre nature. La trajectoire de la flèche est due à la force de la pesanteur agissant sur elle, et nos aspirations suivent la même courbe par suite de l'appel des sens, des défauts héréditaires et des mauvaises habitudes qui ne nous permettent jamais d'agir comme nous voudrions le faire.

Visez juste, ô Ami ! La cible, c'est l'indestructible, la vie spirituelle la plus haute que nous puissions jamais atteindre.

WILLIAM BREHON

 

 

[1] Cet article fut publié pour la première fois par W. Q. Judge dans le Path d'avril 1886.

[2] Khandogya Upanishad Ier Khanda. Voir vol. I. Sacred Books of the East Müller.

[3] Hymne de louange à Brahm.

[4] Saint Jean, l, 1.

[5] Voir la Bhagavad-Gîta.

[6] Voir la Revue The Path d'Avril 1886 (N. d. T.).

[7] Mundaka Upanishad, II Kh2 (Tr. de Müller).

[8] Cet article fut publié pour la première fois par W. Q. Judge dans le Path de mai 1886.

[9] Voir l'article précédent (N. D. T.).

[10] Cet article fut publié pour la première fois par W. Q. Judge dans le Path de septembre 1890.

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