ANNEAUX, RONDES ET OBSCURATIONS[1]
A la suite du récent article sur l'« Évolution » traitant du grand processus évolutif de la chaîne de globes parmi lesquels se trouve notre terre, certains lecteurs ont posé quelques questions. En voici une ; « Si nous sommes transférés sur la planète suivante de notre chaîne, y naîtrons-nous comme le fait un enfant sur celle-ci ou bien devrons-nous évoluer en passant par les règnes minéraux, végétaux, etc... ? ».
Les Adeptes n'ont fourni aucun détail qui permettrait de répondre à cette question. Tout ce qui a été dit au sujet des autres planètes de notre chaîne n'est que très général. H.P. Blavatsky écrit clairement dans The Secret Doctrine que les enseignements donnés ne concernent que cette terre-ci et que lorsque d'autres planètes sont mentionnées, il ne s'agit que d'allusions, excepté pour le fait certain que la vague de vie humaine passe de ce globe-ci sur le suivant et ainsi de suite sur la chaîne entière. Le seul autre auteur qui écrit avec autorité sur ce sujet est Sinnett dans Esoteric Buddhism, où il ne fait que recopier les lettres que les Maîtres d'H.P.B. lui adressèrent. Il reçut des explications détaillées relatives à cette terre-ci uniquement. Par conséquent, se hasarder à donner une réponse à cette question ne pourrait être que le fruit de suppositions. Personne ne sait quelle fonction exacte remplissent les autres planètes de la chaîne. Nous savons simplement que la vague de vie humaine passe en fait sur la planète suivante lorsque le cycle de celle-ci est arrivé à son terme.
Peut-être y naîtrons-nous comme des enfants humains ou sous d'autres formes, nous l'ignorons. Probablement n'est-il pas nécessaire de le savoir, surtout quand on pense aux âges qui doivent s'écouler avant que nous soyons libérés de ce monde-ci. Entre temps, nous aurions oublié les faits.
Ces considérations sont valables à propos d'une autre question posée au sujet de la famille humaine afin de savoir si une partie ou la totalité de celle-ci se trouve en même temps sur un seul globe. Nous ne pouvons rien dire avec autorité sur ce sujet. Cependant, dans The Secret Doctrine, l'auteur dit que les Adeptes enseignent que sept races apparaissent au commencement sur sept portions différentes de la terre. Cela semblerait indiquer que les égos animant ces formes de races viennent d'une autre planète de la chaîne. De plus, comme il est clairement enseigné qu'une obscuration atteint un globe lorsque la race entière l'abandonne pour un autre, on peut, à coup sûr, conclure quel est à ce sujet l'enseignement et dire que les planètes abandonnées entrent en obscuration si les races qui les ont quittées n'ont pas achevé toutes leurs rondes. Et puisque cela soulève le sujet concernant la nature et l'obscuration comparée au pralaya — ou la destruction totale — souvenons-nous qu'un pralaya total ne survient que lorsque la totalité des sept rondes des sept races sur les sept globes est accomplie. L'obscuration est similaire au sommeil du corps de l'homme, permettant un réveil, tandis que le pralaya total est similaire à la mort réelle du corps humain, suivie pour son égo, du passage dans l'état de Dévachan. Ceci est en accord avec les vues données par H.P. B. et les Maîtres sur le Nirvana qui, pour la grande famille humaine, est en réalité cette longue période de temps s'écoulant entre la mort totale d'une chaîne planétaire et la nouvelle naissance d'une nouvelle chaîne planétaire et sur laquelle une forme supérieure d'évolution commencera à l'aube de cette nouvelle naissance.
Quant on lit dans le Path de juillet que nous « devons faire encore trois fois le tour de la chaîne entière des sept planètes avant qu'en tant que race nous ayons atteint l'état parfait », l'expression en tant que race signifie, comme les mots l'indiquent, qu'il ne s'agit pas des sous-races. Celles-ci se développent sur leur planète et non en passant sur d'autres. Il n'y a donc ni obscuration, ni pralaya après une sous-race. A mesure que les sous-races, au cours de leur processus de formation, continuent leur développement sur ce globe-ci — ou sur quelque autre où elles sont susceptibles de se trouver, des cataclysmes se déclenchent pour ce globe, par périodes, touchant sa masse entière ou seulement une partie de celle-ci. Ces cataclysmes ne sont pas des obscurations du globe. Elles surviennent seulement lorsque les ego de la race ont abandonné celui-ci afin de poursuivre la tâche sur un autre globe de la même chaîne. Pour illustrer un peu plus l'analogie, disons que ces cataclysmes sont similaires aux maladies et aux accidents qu'un homme subit durant une seule vie. Lorsque toutes les sous-races indispensables ont été évoluées et que les racines, le tronc, les branches, les rameaux, les feuilles, les fleurs et les fruits — sept en tout — ont fini leur développement, alors la race ayant atteint son point de perfection en tant que telle, passe sur le globe suivant de la chaîne. C'est l'idée contenue dans le passage cité du Path de juillet.
On peut éviter toute confusion en se souvenant que la race dont nous formons une partie comprend de nombreuses sous-races et que le terme « sous-races » ne signifie pas qu'une nouvelle « sous-race » apparaît seulement lorsque la sous-race précédente a disparu. Les races hindoues authentiques et de nombreuses races européennes font partie de notre race, si bien qu'elles et nous sommes toutes des sous-races. En Amérique, une nouvelle sous-race se forme peu à peu d'où sortiront beaucoup d'autres sous-races, toutes préparant le terrain pour la grande race finale. C'est seulement lorsque les sous-races ont pleinement accompli leur lâche qu'elles quittent ensemble cette terre. Et lorsque l'on dit qu'elles la quittent ou qu'elles disparaissent, cela signifie que la race en tant qu'expression physique en sort et non que les ego dans les corps quittent ce monde-ci pour passer dans un autre.
Comme tous les ego engagés dans cette évolution-ci ne sont pas à des degrés de progrès égaux mais se trouvent à des phases très diverses de leur développement, les uns en avance, les autres en retard, le processus entier est affaire d'éveil progressif pour les égos. Ils passent par des étapes de régression ou de progression dans les sous-races diverses qui se trouvent sur la terre à la même période et suivant ce qu'exige le développement des ego, tout comme l'on s'incarne successivement de famille en famille dans sa propre race. Ainsi, dans une vie, on peut se trouver dans une sous-race avancée dans laquelle sont manifestées certaines qualités prédominantes. Cependant, au cours de cette même incarnation, peuvent aussi surgir certains défauts et se trouver générées certaines causes qui forceront l'ego à passer la vie suivante dans une autre sous-race moins développée dans le but d'extirper ces défauts et d'épuiser ces causes.
De cette manière, l'ajustement précis, le développement parfait, la régularité, l'harmonie sont tous amplement assurés. Certaines classes d'ego avancent de temps en temps en masse et finalement aucun égo n'est privé du développement que certaines sous-races fournissent. Puis, ces dernières, en tant que formes physiques, commencent à mourir et à disparaître, car elles ne sont plus animées que par des classes d'intelligences très rudimentaires qu'il n'y a pas lieu de décrire ici. Mais, étant donné que ces classes d'intelligences sont très inférieures en puissance même à la simple matière cérébrale des formes où elles s'incarnent, il en résulte une dégénérescence de la race physique car elles sont incapables de permettre son expression normale à sa capacité cérébrale naturelle. Cette race manifestera tous les signes de décrépitude humaine jusqu'à ce que ces derniers membres deviennent graduellement articles de curiosité ethnologique, puis disparaissent entièrement décimés par la mort. C'est un des grands faits de l'histoire des races que le monde actuel n'a pas encore compris. Une race est à la fois physique et spirituelle. Le corps physique et le cerveau requièrent une intelligence animatrice d'une qualité de puissance suffisante pour soutenir le degré requis de tension qu'exige cette sorte de corps, et si elle ne lui est pas fournie, la conséquence sera une rupture d'équilibre, suivie plus tard de la stérilité des femmes provoquant inévitablement l'extinction de la race.
C'est un point obscur mais de la plus haute importance. Il est probable que beaucoup le rejetteront. L'extinction des races est pourtant un fait admis, comme c'est le cas pour les Hottentots et d'autres. Les théories courantes ne réussissent pas à expliquer pourquoi une extinction complète est le lot de masses d'individus.
Revenons au grand progrès des sept races. Lorsque la totalité des sept races a achevé les sept rondes, la famille entière des ego en évolution sur les sept globes commence à abandonner la chaîne entière définitivement et les divers globes qui la composent commencent à mourir immédiatement. Toutefois, ceci n'a pas lieu en même temps pour l'ensemble des sept globes. Ils meurent, l'un après l'autre, parce que la « vague de vie humaine » n'arrive jamais dans aucun globe ou ne le quitte dans la totalité de sa masse. De telles arrivées et de tels départs ressemblent à la migration des oiseaux d'une contrée à une autre qui, on le sait, partent successivement par groupes jusqu'à ce qu'ils aient tous émigré. Le groupe d'avant-garde de la vague de vie arrivera au globe sept lors de son dernier périple, suivi par le groupe restant Ainsi, à la fin, l'ensemble de la vague se retirera globe après globe, en commençant par le numéro un ou - A jusqu'à ce que le courant entier ait quitté le septième, ce dernier étant, pour ainsi dire, la porte de sortie. Il est donc évident que le globe A étant le premier à être complètement abandonné, il a le temps de projeter ses énergies dans l'espace en vue de commencer la formation d'un nouveau projet de premier globe qui sera prêt dans cette nouvelle chaîne pour l'arrivée du flot des âmes-pèlerins sitôt que le repos entre les chaînes est terminé.
C'est exactement ce qui s'est passé pour les prédécesseurs de notre chaîne de globes, et, comme notre terre est un globe de quatrième ronde ou de quatrième plan, elle a été formée dans l'espace par les énergies de l'ancienne lune, elle-même globe de quatrième plan d'une chaîne antérieure.
Voilà pourquoi les Adeptes appellent la Lune notre mère, sous entendu la mère de notre globe. Et la Lune peut servir à illustrer notre explication sur l'obscuration et le pralaya car elle n'est pas en obscuration mais dans son pralaya final, se désintégrant aussi rapidement que le lui permettra la nature. Pendant ce temps, notre terre absorbe ses particules lentement, jour après jour, tandis que le grand cycle de notre évolution poursuit infailliblement son cours.
Il a également été déclaré dans certaines lettres des Adeptes que la planète Mars bien connue est maintenant en obscuration. Ceci signifie que le corps de la planète est, pour ainsi dire, en sommeil dans l'espace, tandis qu'elle tourne autour du soleil, sans aucun habitant tels que ceux de la terre. La vague de vie dépendant d'elle est passée sur le globe suivant, ou quelque autre globe de sa propre chaîne, mais puisque cette vague-là doit revenir, le corps de la planète ne passe pas en pralaya, mais attend le jour nouveau. Sa vie, en tant que globe en sommeil, est maintenue par un certain principe subtil auquel ceux qui le connaissent ne se réfèrent pas en public. Ce principe l'empêche de mourir avant que toute la chaîne de globes dont elle est un fragment n'ait été traversée sept fois ou l'équivalent de sept par la vague de vie qui dépend d’elle.
[1] Traduction d'un article de W.Q. Judge publié dans le Path de novembre 1892.