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ANTASKARANA

Theosophy – vol VI p 327-31

Nos chimistes et physiologistes ont étudié avec une attention minutieuse les processus et les formations qui constituent le corps de l’homme et ce que l’on peut appeler le corps de la nature. Ils ont depuis longtemps découvert qu’il n’existait pas de mots dans la langue anglaise pour cataloguer et classer les informations ainsi obtenues. Ils ont donc dû inventer des termes et des appellations pour distinguer les fonctions, les organes, les relations et toutes les minuties compliquées de la science, afin que ce qui avait été acquis ne soit pas perdu, mais puisse être enregistré et conservé. A cette fin ils ont eu recours au grec et au latin et nos dictionnaires sont maintenant remplis de termes reflétant avec plus ou moins d’exactitude les connaissances acquises. Ce processus d’ajouts à notre langue se poursuit encore à mesure que de nouvelles découvertes sont faites sur ce qui était auparavant inconnu ou seulement partiellement connu. De la même manière, la terminologie de la métaphysique en anglais est marquée par une grande pénurie de termes parce que cette branche de la science est entièrement inconnue de la grande majorité, même des personnes par ailleurs instruites. Les rares esprits qui s'intéressent à l'étude du fonctionnement de la conscience savent que notre langue est aussi dépourvue de mots qui véhiculent une signification exacte que, par exemple, les langues aborigènes d'Australie sont dépourvues de mots pour décrire les multiples activités et découvertes qui constituent la nomenclature de la physiologie et de la chimie modernes. Dans le domaine de la psychologie, nous sommes aussi aborigènes que les Bushmen australiens le sont dans la science moderne.

Celui qui désire étudier la chimie et la physiologie, soit pour le simple plaisir de s’informer, soit pour se préparer à contribuer au progrès de l’espèce, doit d’abord se familiariser avec le vocabulaire de ces sciences, à moins qu’il ne soit follement déterminé à devenir un Robinson volontaire et à vaquer à ses occupations comme s’il était isolé et le seul à avoir jamais tourné son esprit dans cette direction. Robinson se retrouva sur une île sans habitants, avec seulement les ustensiles qu’il avait pu sauver des décombres, et les matières premières que la nature avait fournies à l’endroit où il avait échoué. Il fit de son mieux avec les moyens du bord, mais leur pénurie était due à la nécessité, non à un choix ; c’était son Karma, non sa Volonté. Il mit donc sa Volonté à l’œuvre et corrigea rapidement son Karma, comme chacun d’entre nous peut le faire. Il revint au cours du temps aux choses qui lui étaient auparavant accessibles.

Les Sages d’autrefois, qui ont fait de la psychologie une science exacte, bien plus exacte que nos physiciens modernes n’ont fait de la chimie et de la physiologie ; ils ont enregistré et préservé les connaissances acquises au cours des siècles d’études. Une très grande partie de ces connaissances a été portée à notre attention et rendue accessible grâce aux travaux mandatés de H. P. Blavatsky. Elle a pris les idées et les mots qui constituent notre réserve d’informations et, en les utilisant comme un pont de communication avec nous, elle nous a transmis une partie de cette science de l’âme dont nous avons tous désespérément besoin d’apprendre et d’utiliser de la meilleure façon possible, tout comme le fit Robinson de sa position isolée. Une partie du service que nous a rendu H. P. Blavatsky a été de nous fournir, à partir de l’ancien sanskrit, cette langue de l’âme, de nombreux mots nouveaux, et il est impératif que nous fassions de notre mieux pour comprendre le sens scientifique et l’utilisation de ces mots, si nous voulons faciliter nos progrès dans la véritable psychologie ésotérique.

L’un des mots qu’elle a importés dans notre langue est Antaskarana(1) ou Antah-Karana. Ce mot est un composé et son sens dérivé est « entre deux causes ». Si nous n’allons pas plus loin dans notre compréhension, cela ne nous aidera pas beaucoup – à peu près autant que si nous avions étudié l’Iliade d’Homère et que nous nous croyions assez familiers avec le grec ancien, puis que nous tombions sur le mot scientifique anglais « métabolisme » et que nous essayions de formuler sa signification et son usage en nous rappelant les deux mots grecs, meta, au-delà, et ballein, lancer. Que comprendrions-nous du métabolisme dans son application scientifique, qui signifie les étapes et les transformations successives d’un organisme, l’infinité de processus et de changements inhérents à tous les phénomènes vitaux ?

Métabolisme est un grand mot, un mot chargé de vie, mais Antaskarana est un mot encore plus grand, ne serait-ce que parce que la psychologie inclut la chimie, la physiologie et toutes les autres sciences, et que par conséquent la psychologie voit une acception de l’âme dans chaque terme, tout comme elle voit une action de l’âme dans chaque action. En psychologie, le mot métabolisme pourrait être rapidement adopté et adapté pour signifier transformation, transmigration, métempsychose, tous des « phénomènes vitaux » avec des changements dans le protoplasme, les cellules et les structures cellulaires. La psychologie discerne l’âme dans les formes, pas seulement dans les changements et les formes, comme le font la chimie et la physiologie. Métabolisme, Anabolisme et Catabolisme sont tout ce que la science moderne reconnaît jusqu’à présent. Mais la psychologie aryenne reconnaît, parce qu’elle a étudié, Brahma, Vishnu et Shiva, ou Création, Préservation et Destruction pour une création ultérieure – l’action de l’âme dans la forme, sur la forme et à travers la forme.

L'occultisme établit douze Nidanas(2), qualités ou causes caractéristiques, constituant la chaîne de causalité, ou Grand Cycle, de toute chose – un Univers, un atome ; un être, une cellule - couvrant sa naissance ou « création », sa vie ou « préservation » et sa dissolution ou « mort », précédant une nouvelle « création ».

La première de ces Nidanas est Jati - ou naissance, selon l'un des quatre modes, méthodes ou processus ; une théorie ou une déclaration de fait, comme il vous plaira, tout à fait inconnue des explorateurs occidentaux.

La Nidana ou qualité de Jati est contingente et dépendante de Jaramarana, le caractère et la nature de la dissolution précédente ou de la mort.

La Nidana de Jaramarana est lié au Bhava, ou à la nature et au caractère de la vie antérieure, comme Jaramarana et Jati sont liés.

En renaissant, l'ancien Bhava se réveille dans le nouveau corps et devient l'Upadama, ou les impulsions qui guident et contrôlent dans la nouvelle Jati.

Toutes ces Nidanas sont liées entre elles par Trishna, l'amour ou la concupiscence, selon le cas, pour de nouveaux Vedana, ou sensations, selon les lignes indiquées par l'Upadana et le Bhava – et ainsi de suite jusqu'à Samskara ou actions en accord avec les illusions entretenues, produisant Avidya ou Vidya, acquisition supplémentaire de fausses impressions ou de vraies perceptions de la propre nature de l'Ame : un plus grand Karma pour la prochaine « chaîne de causalité », aboutissant à un nouveau Namarupa, ou Personnalité, ou bien à ce que l'Ame devienne un Srotapatti(3) ou disciple et étudiant de la Gupta-Vidya, la Doctrine Secrète, ou la vraie Psychologie.

Cette chaîne de cause à effet a continué, continue et doit continuer sans fin, à moins que l’âme, empêtrée dans le Karma, ou la somme totale des douze Nidanas, n’exerce sa Volonté, ou pouvoir inhérent, de changer la direction et le caractère de son Sparsa, ou contact avec d’autres âmes, et devienne un Sowanee, ou disciple des Mahatmas, Connaisseurs de la GuptaVidya – la Sagesse de l’âme. Telle est l’application de la « Troisième Proposition Fondamentale » de la Théosophie, ce que chaque âme doit faire pour elle-même. Tout ce que H. P. Blavatsky ou tout autre Mahatma peut faire, c’est nous donner le sens de la vie et de l’action ; chacun de nous doit devenir Srotapatti pour lui-même.

Dans la très ancienne Bhagavad-Gîtâ, Krishna, un Mahatma incarné de cette époque, s'adressant à son Sowanee Arjuna, exprime ainsi la nature fondamentale des douze Nidanas :

« Les trois causes qui incitent à l'action sont la connaissance, l'objet à connaître et le connaisseur ; la totalité de l'action est également triple : l'acte, l'instrument et l'agent. La connaissance, l'acte et l'agent sont aussi classés en trois catégories suivant les trois qualités » [XVIII, 18-9]

Nous avons ici les douze Nidanas groupés en quatre classes : les trois motifs ; la triple totalité de l’action ; les trois « voies » ou sentiers de la connaissance ; les trois « qualités » ou degrés de connaissance, d’action et d’être. Ils méritent bien qu’on les étudie et qu’on y réfléchisse le plus possible, si nous voulons prendre les mesures appropriées pour nous comprendre nous-mêmes et la Nature. Un aspect ou ce qui est caché dans ce bref verset est à voir dans la considération que pour chacun de nous il s’agit d’une paraphrase : Je suis la connaissance. « La chose à connaître doit devenir partie de moi-même. » « Le Connaisseur » est le Soi Supérieur, et comprend à la fois moi-même et la « chose à connaître ». Chacun de nous est « la Sagesse elle-même, l’Objet de la Sagesse, et Ce qui doit être obtenu par la Sagesse ». Les « douze Nidanas » sont donc la série successive et continuellement répétée d’étapes ou de processus de la vie manifestée, le Karma ou l’action au moyen duquel l’Individualisation de l’être, la pleine conscience de Soi, doit être obtenue. Ce n’est qu’alors que nous pourrons « jouir de notre immortalité », que nous possédons tous et sommes de fait, mais dont nous sommes encore ignorants ; car l’humanité dans son ensemble n’a jusqu’ici réussi qu’à unifier les douze Nidanas en quatre classes partiellement coordonnées et groupées sous les noms de Pensée, Volonté, Sentiment et Corps. Ainsi, bien que nous soyons « conscients de nous-mêmes », notre soi-conscience se limite encore aux quatre « notions » ou fausses idées du Soi : « Je » suis ce Corps ; « Je » suis ces sentiments ou sensations ; « Je » suis ces désirs ; « Je » suis ces idées. Et comme les corps, les sensations, les désirs et les pensées changent et fluctuent continuellement, notre Ahankara, ou « notion du Je », est attachée au périssable et au transitoire, de sorte que nous « vivons », « mourons » et « nous réincarnons » continuellement dans de nouveaux corps, de nouvelles sensations, de nouveaux désirs, de nouvelles idées, répétant comme dans un manège les douze étapes des Nidanas. Nous sommes donc pour la plupart dans la Quatrième Ronde de ce « Globe », ou Evolution, des Êtres pleinement conscients d’eux-mêmes. Çà et là, comme des gouttes de pluie annonçant la mousson, on trouve de temps à autre des hommes et des femmes qui ressentent une autre sorte de perception du Soi et qui, quel que soit le Corps dans lequel ils habitent actuellement, s’efforcent d’unir la Pensée, la Volonté et le Sentiment, ou l’Esprit, l’Ame et le Mental au Soi Supérieur, à la Conscience toute pénétrante de l’Ame pleinement parfaite. Tous ces êtres sont la fleur de cette Cinquième Race de la Quatrième Ronde, et constituent les Sowanees ou Srotapattis ou Chélas qui s’efforcent de sortir des remous et des tourbillons des quatre classes de fausses notions du Moi qui maintiennent la masse de l’humanité dans le « cercle vicieux de la nécessité » ou de la réincarnation, et « d’entrer dans le courant » de la perfection. Y parvenir, c’est devenir un Mahatma, ou Grande Âme. Certains l’ont déjà fait, et ce sont les Maîtres dont parle H. P. Blavatsky.

Pour le véritable chela, chaque circonstance, chaque événement, si grand ou si insignifiant soit-il, si agréable ou si pénible soit-il du point de vue des fausses notions du « je », est un antaskarana qui lui permet de détruire dans une certaine mesure le charme des illusions qui asservissent le mental de la race et contrôlent l'action de la race ; un antaskarana au moyen duquel il se propose, à mesure que sa croissance développe lentement son intelligence, d'atteindre la vie au-delà de toutes les fausses notions du « je ». Il fait chaque pas prudemment. Il voit dans chaque événement une signification profonde, une signification occulte. Tout est son antaskarana. L'esprit, l'âme, le mental, le corps sont chacun et successivement son antaskarana vers le bas et vers l'extérieur pour entrer en contact avec la nature de ceux qui sont encore sous l'emprise et la domination de la fausse notion du « je ». Il fait l'expérience de tout ce que les autres hommes font l'expérience et de manière bien plus intense, mais il considère et observe ses expériences et les leurs ; il les pèse, les observe, les éprouve, tandis qu'il attend avec la patience de la confiance l'heure où elles ne l'affecteront plus.

Qu’est-ce qui lui donne cette confiance suprême qui manque aux autres hommes, même s’ils s’accrochent désespérément à leur « foi » en leur santé, leur force, leurs biens, leur crédo, leur philosophie ou leur science ? Qu’est-ce qui lui permet de trouver « le silence dans le tumulte, la solitude dans la compagnie, la lumière dans l’obscurité, l’oubli dans les pressions, la vigueur dans le découragement, le courage dans la peur, la résistance dans la tentation, la paix dans la guerre et le calme dans la tribulation ? »

C'est l'antaskarana qui s'élève et se dirige vers l'intérieur, du Corps et des circonstances, à travers le mental, l'Ame et l'Esprit, vers le Soi immortel, éternel et infatigable qui est au-dedans. Il passe de la connaissance et de la chose à connaître à la contemplation du Connaisseur, du Percepteur, de Paramatma, du Grand Seigneur au-dedans. Il ne confond plus l'acte, l'instrument, l'agent, avec la totalité qui est les douze Nidanas en une. Il ne choisit plus le chemin descendant de l'action, le chemin ascendant des notions du moi, le chemin immobile de l'inaction. Non ; tous ces chemins sont devenus un seul, le chemin que les Prédécesseurs ont parcouru à toutes les époques et dans toutes les évolutions. Il ne se préoccupe pas non plus des trois qualités, car il sait que toutes les créatures agissent selon leur nature acquise jusqu'à présent, et il fait de toutes les qualités et de toutes les natures son antaskarana de service au puissant Soi, l'essence éternelle et invariable de toutes choses, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Il amène tous les états, toutes les conditions, toutes les formes et toutes les expériences dans la co-adunition et la con-substantialité et l'Univers manifesté tout entier, visible et invisible, devient Antaskarana, le Pont, le Lien par lequel il va dans le monde, fait son travail et retourne à sa contemplation incessante. « Il se repose, va de l'avant, fait son travail et revient. »

Lui-même est devenu le pont, l'Antaskarana, pour tout ce qui vit.

 

[ (1) ANTAHKARANA (sans.), ou Antaskarana : le sentier ou le pont entre les Manas supérieur et inférieur, l'Ego divin, et l'Ame personnelle de l'homme. Il sert de moyen de communication entre les deux et transmet de l'égo inférieur à l'Ego Supérieur toutes ces impressions et pensées personnelles des hommes qui peuvent, par leur nature, être assimilées et amassées par l'Entité impérissable, et être ainsi rendues immortelles avec elle, cela constituant les seuls éléments de la Personnalité évanescente qui survivent à la mort et au temps.

(2) 12 NIDANAS : 1) L'aveuglement, l'ignorance (avidyā) ; 2) Les créations (formations, constructions) mentales (samskāra) ; 3) La conscience discriminante (vijñāna) ; 4) Le nom et la forme (nāma-rūpa) ; 5) Les six « sphères » sensorielles (sadāyatana) ; 6) Le contact (sparśa) ; 7) La sensation (vedanā) ; 8) La soif (tṛṣna) ; 9) L'attachement, l'appropriation (upādāna) ; 10) Le devenir, agent karmique qui conduit à l’existence (bhava) ; 11) La naissance (jāti) désignant le processus depuis la conception ; 12) La vieillesse et la mort (jarāmaraṇa) désignant l'existence de la naissance à la mort.

(3) ŚROTAPATTI (sans.). Litt., "celui qui est entré dans le courant", c'est-à-dire, le courant ou Sentier qui mène à Nirvâna, ou figurativement, à l'Océan nirvanique. Identique à Sovani. ]

 

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