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Février 1963 à avril 1963

 

Février 1963

 

[La crémation libère plus vite ‑ mort d’un être cher ‑ nous ne sommes jamais séparés de ceux que nous aimons ‑ les âmes-compagnes ‑ un Maître isolé n’est jamais séparé des autres Maîtres]

 

         Les vies qui animent le corps se désintègrent avec la décomposition du cadavre ; c’est pourquoi la crémation libère ces vies du corps grossier plus vite que ne le fait l’inhumation. Les vies ou élémentaux de caractère tanhaïque, qui ne conviennent pas aux besoins de l’Ego en devachan, viennent à constituer le Kâma-Rûpa, lequel se désintègre au cours du temps ; la durée de sa vie dépend de la force vitale et du pouvoir de cohésion qui sont inhérents aux élémentaux tanhaïques. Après la désintégration du Kâma-Rûpa, ces élémentaux tanhaïques attendent le moment du retour de l’Ego à la sortie du devachan et viennent constituer la nouvelle personnalité.

         Les dernières mauvaises pensées [de la vie] viennent former le Kâma-Rûpa ; elles ne peuvent entrer dans le devachan. Nous pourrions bien imaginer que les diverses pensées qui sont adaptées à la condition du devachan (et que va conserver l’Ego) ont une force différente, et que les plus fortes d’entre elles deviennent le point de départ du processus d’idéation dans le devachan, qui est béatifique.

         Comment se fait-il qu’un matérialiste absolu, ou un homme dont les pensées sont entièrement matérielles, n’ait pas d’expérience de devachan ? La Clef propose deux aphorismes importants qui constituent la vraie clef permettant de comprendre tout le sujet. Si une personne, même bonne et/ou instruite (par exemple, un fin humaniste), ne croit pas en la survie de l’âme après la mort du corps, il ne fait pas l’expérience de la survivance. Appliquez donc cet aphorisme (mais en étudiant avec soin la Clef sur le sujet) à un étudiant [théosophe] dont la pensée, la volonté et le sentiment font qu’il lui est impossible de renoncer au devachan, ou même d’en être retiré.

         Vous pourriez raisonner (et vous le faites en effet) sur la condition subjective : comment autrement s’épanouiraient les idées-semences dans le  devachan ? La raison n’est pas entièrement dépendante du cerveau ‑ grâce à la loi bonne et miséricordieuse ; où en serions-nous si c’était le cas !

Je peux bien comprendre ce que vous ressentez au sujet de la mort d’un être cher. Nous pouvons traverser cette expérience mentalement, comme le dit Crosbie, et nous préparer à la précipitation physique ‑ à quelque moment qu’elle arrive. Qui, parmi nous, ne ressent jamais de vide et de frustrations ? Nous ne serions pas des humains mais des Adeptes surhumains, doués du pouvoir et de la connaissance permettant de ne pas ressentir les vides causés par la mort. Ainsi moi-même, tous les jours, bien sûr, à chaque heure même, je ressens l’absence de – . Ses vertus qui n’ont pas été admirées, ni pleinement appréciées, se révèlent maintenant à nous. Une telle expérience accroît l’amour que l’on ressent pour lui. Ainsi donc, à notre stade, nous ne pouvons pas nous attendre à ne pas avoir de sentiments, à ne pas être conscients des vides et des gouffres occasionnés par la mort, mais il nous faut essayer d’en tirer les leçons, et de nous enrichir par l’expérience.

         Ordinairement, notre amour personnel ressent un vide et une frustration quand, par la mort, nous perdons notre cher ami. La Nature est lente et sûre ; les pouvoirs s’épanouissent, ô combien lentement ! ‑ Même la faculté de l’amour véritable. Être séparé d’amis pourrait avoir un effet constructif, et non essentiellement destructif ‑ comme c’est le cas pour presque tout un chacun. Quand il arrive qu’un disciple soit envoyé au loin par son Guru, pour accomplir un certain service, ce disciple ressent un vide d’un type particulier, mais pas une frustration, car il est au service de son Guru ‑ "pour accomplir les oeuvres de mon Père", a dit Jésus. Des querelles entre amis, la mort d’un parent ou  d’un ami, laissent  des vides, mais ceux-ci également on les surmonte.

         Quant à la citation de Judge [où il déclare : "ceux qui sont en ce moment avec nous, se réincarneront en notre compagnie à notre prochaine naissance"] et ce qui est de nous réincarner tous ensemble : cela ne veut pas dire que, dans chacune de nos vies [ultérieures], nous devions nous rencontrer tous. Dans l'une d’elles, nous allons rencontrer A. et, dans l’autre, B. et, dans une autre encore, A. et B. ensemble. Les mots employés par le Maître K.H. contiennent une suggestion : nous nous rencontrerons à nouveau, quand "les lignes convergentes de Karma" nous ramèneront ensemble. Cela ressemble aux conjonctions des planètes et des étoiles. Les planètes se rencontrent sur des bases variables de cycles astronomiques ; certains couchers de ces astres se produisent après des Kalpa, mais, dans l’intervalle, les planètes se sont déplacées et des configurations diverses se sont produites.

         Les véritables âmes-compagnes se trouvent toujours ensemble, en tant qu’Ego, et dans leur mental et dans leur cœur. Dans le processus de l’évolution, il arrivera qu’un cycle se produise où elles pourront ne pas se rencontrer corporellement pendant longtemps, mais elles ne seront jamais séparées. Également, dans des corps, elles se rencontreront quelque temps, tout comme les Grands Êtres, qui sont constamment ensemble en tant qu’Ego, et à de nombreuses reprises comme personnalités. Le présent construit le futur ; nous ne pouvons vraiment être séparés de ceux que nous aimons, et nos lignes de Karma sont assurées de converger. Karma n’est pas seulement juste mais aussi miséricordieux.

         Pourquoi faudrait-il que nous, qui Les aimons [les Maîtres] ainsi que Leur Humanité, et qui travaillons pour Leur Cause, éprouvions de la souffrance dans les liens qui nous permettent d’accomplir toute cette tâche ? Alors, restons donc fidèles à nos âmes-compagnes, et à notre propre Ego, et, par dessus tout, à Eux ‑ nos Seigneurs Bénis de Lumière, Pureté et Sainteté. Vivons donc dans ce qui constitue notre Sécurité et notre Refuge, et jouissons-en.

         Nous portons en nous la vraie mémoire de notre parenté passée. Combien de débats et de conversations avons-nous eus pour déterminer notre parenté ? Elle a surgi d’elle-même, en pleine visibilité. Comment ? L’avons-nous forcée ? Ne s’est-elle pas affirmée naturellement, puisque la force était là, présente ?

         Dans son aspect intérieur, ou âkâshique, la mémoire est très différente de ce qu’est le souvenir lié à la Lumière Astrale. Mais ici encore, ce que vous dites est juste : il y a nos affinités actuellement ‑ disons, en  devachan ‑ et d’autres, dans d’autres contrées inconnues de nous. Mais ici, à mesure que nous progressons et que nos affinités deviennent de moins en moins personnelles, et de plus en plus Égoïques, dans cette mesure nous nous trouvons de plus en plus ensemble, jusqu'à ce que nous atteignions le stade où un Maître isolé n’est séparé d’aucun des autres Maîtres, à quelque heure que ce soit, car, là, il y a la même Volonté, la même Connaissance et la même Compassion. Il peut nous arriver, pour des raisons superficielles, de nous oublier mutuellement dans la prochaine incarnation, mais non pas pour des raisons vraiment pratiques. Avez-vous lu, comme traité philosophique, Le Rêve de Ravan ? Voyez comment nous nous élevons de Tamas à Rajas, puis à Sattva, dans la compagnie d’êtres avec qui nous sommes en affinité.

 

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Mars 1963

 

[Deux lignes de méditation de la vie ‑ portrait d’un chéla ‑ la croissance par degrés définis ‑ jauger la valeur des vertus, capacités, etc. ‑ temps nécessaire pour devenir un Maître ‑ croître et servir l’âme et les âmes ‑ on n'est jamais seul ‑ voir le Soi en tout ‑ faire descendre le pouvoir et l’influence dans l’âme incarnée.]

 

Il y a deux lignes de méditation de la vie - la ligne personnelle et la ligne intérieure. Ce qu’il faudrait viser,  ce serait de n’en avoir qu’une ‑ la ligne supérieure ‑ pour servir de guide à notre soi inférieur et personnel. Beaucoup d’entre nous sont bien dévoués à la Cause et aux Maîtres, mais faiblement, en comparaison avec ce qu’ils accordent au foyer, aux affaires et aux ambitions monétaires, ainsi qu’aux ambitions psychiques, pour pouvoir briller et devenir des chefs !

Bien sûr, la plupart des hommes et des femmes ont ainsi deux lignes de méditation de la vie, mais la ligne inférieure personnelle est en évidence, et l’emporte sur l’autre, car c’est en la suivant que l’incarnation est vécue. Mais, bien au contraire, pour les vrais étudiants de la Théosophie, la ligne supérieure devrait être dominante. Assurément, il y a lutte entre les deux lignes, mais la supérieure finit par l’emporter. Dans cette guerre et cette croissance, il existe sept voies, modes, sentiers ou méthodes. Croître et servir l’âme et les âmes, tel est l’objectif. La façon dont cela se passe est naturellement variable selon le karma individuel, etc. Les sept voies, ou façons, de la ligne inférieure de méditation de la vie consistent à éliminer les faiblesses, de manière à refléter clairement la ligne supérieure. C’est pourquoi le 12ème chapitre de la Gîtâ énonce plusieurs méthodes pour y parvenir. L’une ou l’autre, utilisée pour purifier et élever l’inférieur, amène le résultat recherché.

Le 12ème chapitre de la Gîtâ, avec son échelle [de démarches proposées] est merveilleux. Mais le portrait du chéla, qui forme la seconde partie du Chapitre, apporte la clef qui permet d’accéder à chacun des degrés de cette échelle. Auquel de ces degrés "inférieurs" vous disposez-vous à travailler, dans votre cœur et votre mental ? Vous êtes en train d’accéder à l’une des premières démarches de l’exercice du chéla. Bien sûr, toutes les étapes sont nécessaires mais, pourtant, c’est l’une d’elles qui devient la ligne de méditation de la vie. Tous les autres facteurs sont impliqués dans cette ligne et tournent autour d’elle. Considérons cela d’une façon différente. Ici se pose la question : quel est votre objectif et comment vous proposez-vous d’y œuvrer et de l’atteindre ?  

L’aspiration que vous avez d’élargir votre champ de service théosophique ne peut manquer de se réaliser à mesure que vous vous y engagez véritablement. Vous évoquez des "capacités supérieures", mais qu’entendez-vous par "supérieures" ? La capacité est toujours là, de même que le pouvoir. Nous avons la parole et le mental, le Connaisseur et son pouvoir de connaître. Bien que nous ayons accédé à la parole humaine articulée, quand le Manas a été allumé en nous, nous avons disposé, toujours et en toute occasion, du pouvoir de parole qui dérive du principe du son dans la Nature. Or, cette capacité de parole humaine s’accroît par degrés ; la croissance se fait selon un genre particulier ainsi que dans et par des degrés définis. Les capacités sont en vous et elles s’améliorent de plus en plus. De même, la connaissance théosophique s’élargit et s’étend toujours, en degré et en genre. La condition de chéla est une extension de la connaissance ésotérique, et elle diffère en genre, ou espèce, de la connaissance exotérique. Présentement, vous êtes en train de croître dans le degré de la connaissance ésotérique. La perfection vient par la pratique.

C’est vrai, l’expression "jusqu'à ce point seulement et pas plus loin" s’applique à tout, à notre propre capacité aussi bien, mais c’est un "cercle infranchissable" qui, en fait, ne cesse de s’élargir et de s’approfondir.  C’est  là un  aspect du  perpétuel  Mouvement Éternel, et  notre propre  soi-conscience passe par des conditions et des moments de ténèbres et de lumière, et, d’une certaine manière, elle croît et se développe. Ainsi, avec paix et contentement, nous devrions tirer parti de la lumière et, avec patience et résignation, porter remède aux ténèbres. De plus en plus, je sens à quel point permanence et immortalité sont de notre côté.

À moins de devenir silencieux, moins tendu, calme et exempt de passions, vous ne pourrez pas jauger la valeur de vos vertus, capacités, pouvoirs et facultés ‑ d’ordre mental et moral. Vous disposez de tout cela mais vous n’en connaissez pas la vraie valeur. Quand vous y parviendrez, vous deviendrez capable d’affronter la situation d’une manière correcte.

L’avis que l’on trouve dans La Lumière sur le Sentier, "Croîs comme croît la fleur, inconsciente", s’adresse au disciple. Il vise spécifiquement, non pas l’effort à entreprendre, mais la considération pour les résultats ‑ des résultats que l’on voudrait rapides, bien entendu. Comparez-vous à un bon mâli [= jardinier, en hindi]. Il doit travailler, nettoyer le sol des mauvaises herbes de la nature inférieure, retourner la terre, employer de l’engrais puis semer des graines et arroser les pousses qui sortent de terre. Mais que diriez-vous d’un mâli qui arracherait pousses et plantes en pleine croissance, pour voir à quelle profondeur les racines se sont enfoncées dans le sol, ce dont dépend bien sûr la croissance en force de la plante ? Celle-ci va en mourir. De même, le disciple doit délibérément faire l’effort d’étudier, etc., mais ne pas se soucier du tout de vérifier comment il se développe. Notre croissance une fois achevée, nous en aurons conscience, bien sûr, et elle nous révélera l’étape suivante à aborder. La Lumière sur le sentier est faite de paradoxes, d’opposés, dont chaque élément doit être pris en considération. Veuillez relire tout le passage, et bien noter les pôles en opposition qui se rejoignent dans l’harmonie.

Pour répondre à votre question sur le temps nécessaire pour devenir un Maître, vous pouvez vous reporter à la ligne de pensée offerte dans La Voix du Silence. Une fois qu’un homme entre dans le courant de la vie spirituelle, et s’il est résolu à poursuivre avec soin et vigilance, il atteindra le but au bout de sept naissances. La difficulté est de suivre entièrement le programme, et l’illusion vient du fait que les gens pensent que leur Karma ne le permettra pas. L’enseignement affirme que chaque aspect du Karma peut être utilisé pour les besoins spirituels et, pour cette raison, la période de 7 vies, même si elle peut sembler courte, d’un certain point de vue, n’en est pas moins adéquate d’un autre point de vue réel.

Quand entre-t-on dans le courant ? Quand on pratique la natation dans les eaux et que l’on plonge pour remonter à la source du courant. La plupart d’entre nous sont en train d’apprendre à nager. Nous savons que le courant est là et que sa source se trouve à des altitudes très élevées. Cette façon de remonter le courant à la nage, c’est l’Occultisme. La Théosophie nous met en garde contre une plongée sans préparation. Nous avons bien des chances de nous faire entraîner avec force vers l’aval et de nous immerger dans l’Océan de la Libération. La Théosophie et sa science pratique, l’Occultisme, déclarent : "Vers l’amont, s’il vous plaît !" Nous rencontrons des rochers ; nous allons contre le courant du monde. Ainsi, lorsque nous avons appris comme il faut, et suffisamment, et que notre application est continuelle, pendant les 24 heures du jour et les 52 semaines de l’année, nous apprenons la Sagesse Supérieure et Secrète. C’est que se trouve le point de départ pour les 7 "naissances" dont il est question dans La Voix du  Silence (p. 65) Le srotâpanna [ = "celui qui est entré dans le courant"] est un être "initié" par son Guru dans la Voie de la Sagesse, parce qu’il a traversé tests et épreuves et développé Confiance en soi, Interdépendance, Dévotion concentrée.

Il vaut mieux que la personnalité apprenne à se tenir debout seule, mais sur une base spirituelle. L’hérésie de la séparativité, ou de la fausse indépendance, sévit un peu partout dans notre civilisation. Certains étudiants lisent et comprennent de travers la 3ème Proposition Fondamentale [de la Doctrine Secrète] et ce qui y est dit concernant la démarche "auto-induite et auto-déterminée". L’Unité intérieure implique que nous pensions et ressentions l’unité avec tous comme des êtres personnels, mais de notre façon propre ; non pas pour la parade, mais pour illuminer la Vie. Les sentiers que nous nous choisissons ‑ celui que chaque homme se choisit lui-même ­- commencent à converger à mesure que se fait la marche en avant du progrès ; et nous arrivons à un grand point de jonction ; dès lors, sept Voies nous apparaissent et l’une d’elles devient la nôtre ; ensuite, en poursuivant sur cette voie unique, nous découvrons la perspective de la Libération ou du Renoncement. Vous vous rendrez compte que nous ne sommes jamais, jamais seuls. La notion d’existence séparée doit être mise à bas. Lisez les dernières lignes de la p. 276 et les premières de la p. 277 du 1er volume de la Secret Doctrine.[1]. Procédez sur cette base et vous verrez ce que j’ai en tête.

Pour ce qui est de voir le Soi en tout, et le Soi comme tout, Judge propose bien des idées, suggestives et stimulantes. Sans le faire  d’une façon directe, ses écrits nous poussent, et même nous forcent, par leur inspiration, à établir une pratique fondée sur une application correcte. Dans le "grand bilan final" [2], comme il le dit, les petites fautes n’ont pas d’importance. C’est notre ligne de méditation de la vie qui tient la place la plus vitale. Sommes-nous sincères envers le Théosophie et les Maîtres, envers leur Cause et Leurs Enseignements ? Sommes-nous fidèles jusqu'à la fin de l’incarnation ? Alors, nous tenterons de rester fidèles jusqu'à la fin sans fin. En fait, l’essence de la pratique de cette Foi, c’est l’amour de l’âme en tous, l’amour de l’âme du pécheur, et en lui, ainsi que de tous ceux qui suscitent de l’antagonisme en nous. La Gloire du Seigneur en nous révèle la Gloire en dehors de nous.

Le processus évolutif consiste (dans l’Involution) à faire descendre le pouvoir et l'influence monadiques dans l'âme incarnée (le dehin de la Gîtâ), l'âme personnelle. La purification est essentielle : elle consiste à séparer ce qui contrôle - l'Organe Interne, Antahkarana ‑ de ce qui est soumis au contrôle. Cela permet à l'âme personnelle qui répand sa lumière d'élever ses propres élémentaux skandhaïques et tanhaïques à un niveau supérieur (selon le processus d'Évolution). Un progrès complet implique cette double tâche. Cette question de l'Involution‑Évolution est un thème pour une étude dans la Doctrine Secrète ; on l'y trouve traité en plusieurs endroits.

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Avril l963

 

[Limitez vos paroles ‑ attitude à tenir face aux critiques négatives, ‑ plus vous sentirez en vous-même la présence du Guru, plus grande sera votre force ‑ l’attitude que nous avons colore toute chose ‑ motifs et méthodes doivent devenir inoffensifs.]

 

         Il faudrait accorder aux choses une juste appréciation et éviter une critique négative. Les Cinq Messages de H.P.B., particulièrement le cinquième, établissent le principe à suivre ; vous le trouverez également dans sa Clef. Pour équilibrer la position, voyez Râja Yoga [édition française, p. 27] en ce qui concerne sentimentalisme et philosophie. Il me semble que si cœur et mental interviennent de façon égale dans un jugement quelconque, un équilibre sera observé. Que notre appréciation soit favorable ou non, une chose doit être évitée :chercher à critiquer. Je peux très bien imaginer et comprendre votre expérience. Il n’y a pour vous rien d’autre à faire que de garder le silence et de vous contenter de regarder les gens qui font sur vous des critiques négatives, sans dire un mot. Continuez alors, comme s’ils n’avaient pas parlé. C’est pour vous l’occasion de pratiquer Vairâgya-Kshânti [maîtrise des passions et patience, ce qui engendre Vîrya, l'énergie indomptable]. Et vous, ne vous souciez pas de leurs paroles, et même, ne vous sentez pas concerné par leur critique négative. Si vous voulez comprendre le sens profond de la question, considérez les Notes sur la Bhagavad-Gîtâ de Judge (p.35), où il dit que ceux que nous rencontrons dans le monde "se rangent instinctivement contre l'homme qui s'engage ainsi dans une croisade qui s'en prend au début à ses propres fautes et folies". Et pourquoi cela ? À cause de la force de l'exemple, bon et juste, qu'il donne. Et vous, restez le compagnon de votre cœur, de vos livres d’étude et de ceux qui sont vos semblables sous l’angle du mental et du cœur.

Sans vous sentir concerné par les faiblesses et failles de -- X, poursuivez vos tâches intérieures, dans le silence et le secret. Moins on parle, mieux cela vaut. Écoutez-le et limitez vos paroles autant que vous le pouvez. Inutile de le provoquer. Un amour silencieux, rayonnant de votre cœur, le changera ; et non pas discours et discussions. Et vous, tournez-vous fermement vers la Philosophie Ésotérique, et tenez-vous aux aspects de Sagesse Occulte de la Théosophie, en écartant l'attitude qui affirme :"Voyez, je sais", pour observer celle qui confesse : "Ainsi, ai-je entendu". Sondez chaque fois les Écritures et, en toute occasion, et vous serez en sécurité.

         Quant à vous, faites ce qui est juste, autrement dit, ce qui est nécessaire, de notre point de vue. L’optique ésotérique et les points de vue de la société et du monde diffèrent fondamentalement. Vous êtes en train d’essayer de vous adapter à l’ésotérique, et l’effort même que vous faites ainsi constituera, pour les autres, un enseignement sans prêche, et par l’exemple. Tenez-vous fermement aux principes théosophiques dans l’action et, si on vous fait des critiques négatives, n’usez pas de représailles, ni n’essayez  d’expliquer. Il vous faut amener les autres à penser. La perplexité provoque la pensée.

Il est inévitable que vous soyez critiqué, parce que vous êtes honnête et sincère pour ce qui est de vivre la Vie Supérieure, surtout quand vous observez le secret et le silence. Ne serons-nous pas testés, et même tentés, pour éprouver notre sincérité et notre sérieux, notre silence et notre capacité à garder le secret ? Judge, dans ses Notes sur la Bhagavad Gîtâ, écrit que ceux qui ne veulent pas essayer par eux-mêmes ce qu’ils voient une autre personne réaliser deviennent pleins de ressentiment et de critique. Karma vous a amené à la Théosophie. Les Idées Justes ont exercé un attrait sur vous, vous ont saisi et, par votre propre effort et discernement, vous avez découvert la Voie Silencieuse conduisant à la  Vie  Intérieure. Vous avez fait des efforts avec honnêteté, et la critique hostile des autres est "l’insigne distinctif de toute notre tribu"; une telle critique rend fort et crée les héros. Plus vous avancerez, plus réelle vous deviendra la proximité des Maître Bénis. Considérez le côté psychologique de la proximité de Krishna pour Arjuna : il était "Pârtha-Sarathin" [compagnon du même char que le fils de Prithâ]. Prenez maintenant le dernier chapitre de la  Gîtâ ; lisez les versets 64 à 69. La religion du Soi Supérieur, en tant que Guru, aboutit à la Grande Libération de la servitude imposée par le soi et la matière. La religion du Sentier du Guru a une autre façon de culminer ‑ plus glorieuse - dans la Liberté du  Nirmânakâya, qui demeure assujetti pour servir la race humaine, pour devenir comme un père et une mère pour l’Humanité Orpheline. Plus vous sentirez en vous-même la présence du Guru, plus grande sera votre force, et aucune adversité ne vous atteindra que vous n’ayez la force de supporter. Les Grands Êtres sont compatissants ; Ils sont reconnaissants.

La critique que font  les autres de notre Mouvement et de nous-mêmes, peut se révéler salutaire ou bien néfaste ; cela dépend de nous. Si je fais de vous une critique acerbe, vous pouvez vous retourner contre moi, et alors ne suis-je pas responsable d’exciter en vous cette attitude de représailles ? Mais si, en votre cœur, vous avez de l’amour pour moi, même si ma critique est pleine d’antagonisme, vous agirez pour moi avec amour et considération. N’en tirerai-je pas une leçon ? L’attitude que nous avons colore toute chose, y compris notre façon de donner et recevoir de la critique. Nous sommes tous humains, et notre amour est limité par notre orgueil et notre égoïsme, dans notre façon de recevoir et de donner. Il nous faut développer l’amour, non seulement en donnant un conseil mais aussi en le recevant. Les ressorts de la plupart de nos actions sont l’égoïsme, l’orgueil et l’égotisme. Le conseil que l’on donne devrait toujours venir du cœur. Le conseil qui n’a pas son inspiration dans l’amour n’est pas aussi bénéfique que celui qui en est animé.

Les germes du ressentiment sont insidieux et persistants. Chacun de nous peut faire en lui-même l’effort de les saisir et de les jeter au dehors. Dans ce sol ainsi retourné par ce genre de sarclage, devraient se développer quelque action et mise au point justes, et des germes d’amour devront y être plantés. Cela prend du temps. Et nous ne sommes pas seulement créateurs de notre propre Karma ; nous devenons agents de Karma pour tant d’autres êtres ‑ en fait, pour tous les règnes de la Nature. L’ésotérisme nous appelle à prendre en compte cette double tâche : ce que nous faisons a ses effets non seulement sur nous mais aussi sur les autres. Nous ne nous en apercevons pas toujours, mais la Nature ne cesse de fonctionner ainsi.

Comme étudiants de la Théosophie, nous éveillons de la critique, mais le faisons-nous à cause de la vertu ? Dans "Quelques mots sur la vie journalière", écrits par un Maître de Sagesse [voir Cahier Théosophique n°4], est expliqué ce que peut valoir l’opinion publique. À chaque fois, nous butons sur motifs et méthodes. L’un sans l’autre ne peut produire l’action théosophique ‑ les deux doivent être inoffensifs. A mesure que s’étend ce caractère inoffensif, notre perception de la vérité s’approfondit. Le motif erroné des physiciens modernes les aveugle à toute vraie perception. Auraient-ils entamé leur œuvre destructrice s’ils avaient été des altruistes préoccupés du bien de l’humanité et non seulement du bien de leur nation ?

 

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[1]    [Ce passage insiste sur "l'Unité de tout dans la Nature, dans son Essence ultime", d'où proviennent les multitudes de hiérarchies élevées et d'êtres conscients, qui deviennent unis dans cette essence, leur racine commune.]

[2]    [En anglais : "The Great Round-Up".]

 

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Programme et activités du Groupe d'Etude Théosophique en Tarentaise

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