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Les vices et l'échelle du progrès, B.P. Wadia

« Les vices de l'homme deviennent, un à un, des degrés de l'échelle, au fur et à mesure qu'ils sont surmontés » dit La Lumière sur le Sentier. Mais avant de pouvoir être surmontés, ils doivent être reconnus et la difficulté tient à ce que nous ne nous connaissons pas nous-mêmes — nous ne connaissons pas notre vrai caractère. Ou plutôt, nous nous dupons en nous croyant meilleurs que ce que nous sommes en réalité. L'observation de soi est une qualité qui a besoin d'être développée.

Cependant, même quand nous nous rendons compte de nos faiblesses, il nous est difficile de nous avouer nos propres fautes, parce que cela blesse notre amour-propre. Nous ne prenons jamais le temps de constater que nous avons en nous-mêmes tel et tel vices, et nous oublions que nous sommes ici à cause de nos défauts, et non pas à cause de nos qualités et « qu'aucune faute n'est meilleure ou pire qu'aucune autre faute ».

Nous nous abusons souvent en croyant que nos défauts ont déjà été vaincus, nous cessons de nous attaquer à nos vices et nous abandonnons le combat avant d'avoir remporté la victoire. Cette attitude est dangereuse et peut nous faire rétrograder. Il n'y a pas d'état stationnaire dans la Nature : nous montons ou nous descendons sur l'échelle de l'évolution, mais nous ne restons pas sur place.

Pour reconnaître et vaincre nos vices, il faut nous entraîner à devenir de véritables Âmes de Kshatriyas, des guerriers, sans peur, fermes et forts, incapables de s'enfuir du champ de bataille et possédant la force qui vient de la conviction inébranlable que la conquête de nous-mêmes est une chose possible. Nous devons apprendre à fortifier et utiliser notre pouvoir de volonté, notre capacité de combattre et de conquérir, la faculté de détruire et de régénérer. Pour réussir dans cette entreprise de la purification de soi-même, Virya « l'énergie indomptable qui fraie sa route vers la suprême VÉRITÉ, hors de la boue des mensonges terrestres », est indispensable. Nous devons posséder cette énergie spirituelle qui est capable de transformer notre nature, de même que l'endurance qui jamais ne lâche prise ; car « la vie du Chéla, quoique pleine de nobles possibilités, est une bataille perpétuelle du début à la fin ». Les Maîtres eux-mêmes ne sont pas dispensés de la nécessité du combat. « Nous devons livrer nos propres batailles », dit l'un d'Eux, et l'adage familier : « on n'est pas fait Adepte, on le devient », est une vérité à prendre à la lettre.

Ainsi, vraiment, c'est jusqu'à la fin que l'homme intérieur impersonnel et le soi inférieur animal sont en conflit constant pour obtenir la suprématie. « Cette guerre durera » déclare la Doctrine Secrète « jusqu'à ce que l'homme intérieur et divin accorde son soi extérieur et terrestre à sa propre nature spirituelle ; tant que ce point n'est pas atteint, les forces ténébreuses et farouches de l'homme passionnel terrestre doivent rester perpétuellement en lutte avec leur maître, l'Homme Divin ».

Ainsi, la tâche de l'aspirant chéla consiste non seulement à développer ses vertus mais aussi à conquérir tous les vices disséminés que karma peut amener à la surface, car les vertus « sont inutiles si elles existent seules. La nature tout entière de l'homme doit être sagement mise à profit par celui qui veut entrer sur la voie ». (La Lumière sur le Sentier). L'éducation de l'âme consiste à développer l'homme tout entier pour l'intégrer en un tout complet. Il est réconfortant de penser que nos faiblesses et nos vices peuvent devenir des moyens de nous élever à mesure que nous les combattons et les surmontons et qu'ils nous rendent ainsi capables d'atteindre un barreau plus élevé de l'échelle.

« Nul homme qui perçoit ses erreurs ne peut être un cas désespéré ». Cependant, les vices ne peuvent être vaincus par un seul effort ; leur conquête se fait graduellement.

« Essayez de réaliser », écrit H.P. B., « que le progrès se fait pas à pas et que chaque pas demande un effort héroïque... Les passions conquises, comme des tigres tués, ne peuvent plus se retourner sur vous et vous déchirer ».

La patience est nécessaire, ainsi que la volonté d'essayer et de ne jamais cesser d'essayer. Nous pouvons réussir ou échouer dans la société ou dans le monde des affaires, mais il n'y a rien qui puisse s'appeler une défaite dans la vie spirituelle, si ce n'est le fait de cesser d'essayer. Chaque échec, quand on le reconnaît comme tel, devient un succès.

« Souviens-toi, ô toi qui combats pour la libération de l'homme, que chaque échec est un succès et toute tentative sincère aura, en son temps, sa récompense. Les germes sacrés qui, invisiblement, poussent et croissent dans l'âme du disciple, fortifient leurs tiges à chaque nouvelle épreuve ; elles se plient comme des roseaux, mais jamais ne se rompent et jamais ne peuvent être perdues. Mais quand l'heure a sonné, vient leur floraison. » (La Voix du Silence, pp. 84-5).

Et, dans une note, H.P. B. explique que ces versets sont une allusion aux passions et aux péchés humains qui sont abattus durant les épreuves du noviciat, et qui servent de terrain fertilisé où les « germes sacrés » ou les semences des vertus transcendantes pourront un jour germer et croître

Tant que nous sommes conscients de nos échecs, nous sommes saufs. Nous pouvons réparer le tort fait et transformer les forces du mal en pouvoirs bénéfiques. Dès que nous nous rendons compte d'un défaut, nous devrions l'écraser dans l'œuf.

« Car maintenant, sur le seuil, une faute peut se réparer. Mais si tu l'emportes avec toi, elle grandira et donnera des fruits, à moins que tu ne la détruises au prix d'amères souffrances. » (La Lumière sur le Sentier).

Nous devons aussi tenir compte du fait que, au fur et à mesure que nous avançons sur le Sentier, les vices que nous devons affronter et vaincre « subissent une transformation subtile, et réapparaissent sous un aspect différent dans le cœur du disciple. Il est facile de dire : je ne serai pas ambitieux, il n'est pas aussi aisé de dire : quand le Maître lira dans mon cœur, il le trouvera tout à fait pur » (La Lumière sur le Sentier).

Nous recevons aussi l'avertissement que « si le sens de la personnalité, la vanité, l'amour-propre, trouvent refuge sur le plan des principes supérieurs, ils sont beaucoup plus dangereux que ces mêmes défauts lorsqu'ils n'appartiennent qu'à la nature physique inférieure de l'homme ».

De même, les vertus à acquérir ne sont pas des vertus ordinaires, mais des vertus transcendantes.

Chaque vice est l'ombre obscure d'une vertu et avant de pouvoir atteindre le degré supérieur de l'échelle, tous les vices doivent être transmués en vertus. Tâche bien malaisée que cette transmutation ! En fait, c'est le plus difficile de tous les combats. C'est pourquoi le Bouddha a donné cet enseignement : « Meilleur que celui qui dans le combat est mille fois vainqueur d'un millier d'hommes, est celui qui est vainqueur de lui-même. Il est en vérité le plus puissant des guerriers ».

Chacun doit livrer sa propre bataille sans aide. Personne d'autre ne peut le faire à notre place. « La couronne du vainqueur », dit un Maître, « n'est réservée qu'à celui qui se montre digne de la porter ; à celui qui s'attaque à Mara en combat singulier et vainc le démon de la convoitise et des passions terrestres ; et ce n'est pas nous, mais c'est Lui-même, qui en couronnera son front »

Qu'est-ce qui nous aidera à l'emporter sur l'homme animal inférieur, « l'homme de péché » ? Les aspirations altruistes affaiblissent la puissance du soi inférieur plein du sens de lui-même. Et tandis que nous essayons de réaliser nos aspirations spirituelles, avec un constant désir de nous unir à notre Soi Supérieur, nous construisons l'Antakharana — le pont entre l'homme personnel et l'Ego divin — et ce n'est qu'en tant qu'êtres Antakharaniques que nous serons capables de regarder sans passion notre soi personnel, de le prendre fermement en main et enfin d'apprendre à le placer sous notre contrôle. N'oublions donc pas l'enseignement suivant : « le seul échec qu'un être puisse éprouver du point de vue spirituel réside dans l'abandon de son aspiration ».

 

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