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Décembre 1960 à février 1961

 

Décembre 1960

 

[Épreuves, tests, tentations, échecs transformés en succès ‑ exploitation des potentialités du disciple, l'amour des Maîtres envers Leurs disciples.]

 

         Ce sujet des tests, épreuves et tentations est très important. Dans Isis, H.P.B. a donné une suggestion significative. Voyez (en anglais) volume II, p.280 : "La vertu personnelle ne pourrait revendiquer aucun mérite à moins d'être passée par la fournaise de la tentation". Il est temps que vous pénétriez ce sujet pour faire un auto-examen et vous préparer à toutes sortes de tentations. À l'heure qu'il est, vous ne trouverez pas beaucoup de sujets d'inquiétude d'une nature sérieuse ; mais je crois toujours être prêt à rencontrer le diable et à dire "bonjour". Ainsi serait-il bien pour vous de lire l'article de H.P.B. sur "Chélas et Chélas laïques", particulièrement les pages 5 à 7 du livre Râja Yoga [en français : Râja Yoga ou Occultisme, pp.18 à 21]. Ensuite, prenez les Notes sur la Bhagavad-Gîtâ de Judge, et lisez entre les lignes [en français : pp.33-37] ce qui évoque nos deux ennemis. Remarquez dans ses paroles pourquoi et comment les gens de notre voisinage nous attaquent quand ils nous voient faire ce qu'ils savent être juste mais ne sont pas capables de l'accomplir eux-mêmes. Cela, vous en avez déjà fait l'expérience, comme c'est le cas en ce moment. Observez vos liens karmiques et les précipitations psychiques qui provoquent ce que Judge appelle une sorte de chaleur, une souffrance psychique. Un aspect très fondamental de cela a rapport avec nos affinités théosophiques. Dans une lettre, le Maître K.H. évoque "les lignes convergentes de Karma" qui nous amènent à entrer dans le Mouvement Ésotérique. Crosbie, dans le Friendly Philosopher présente les choses de sa manière simple habituelle (en anglais, p.27 ‑ voir le premier paragraphe de la Lettre 10).

         Croyez-moi, le Sentier de l'aspirant comporte des pièges pour tromper l'ego de nombreuses façons. On ne peut jamais atteindre les grandes altitudes de la Dévotion à moins de demeurer fidèle à son Régent Intérieur et aux lignes du Mouvement [établies par les Maîtres]. Bien entendu, vous allez vous trouver attaqué et tenté, mais votre attitude honnête et sincère est là pour vous guider. Vous êtes en train de vous préparer, en accumulant en vous des forces spirituelles. Si, calmement, vous "explorez les écritures", dans une heure de test, vous en viendrez à bout. Soyez confiant. C'est votre bon Karma de ne pas être ambitieux et d'avoir un soi personnel qui ne cherche pas à briller en public. Sur quelle ligne particulière l'attaque va se déclarer et sous quelle forme elle viendra, cela nous est impossible à déterminer ; seul le Maître le sait.

         C'est bon que vous aspiriez à vous préparer de manière à montrer de la force morale. N'est-il pas dit : "Que celui qui croit se tenir debout prenne garde de ne pas tomber" [1] ? Le sentiment qui vous pousse à vous mettre sur vos gardes est un bon signe. Il y a des gens qui n'imaginent jamais qu'ils sont soumis à une épreuve ! N'ayez pas d'appréhension quant au futur. Vous tirez parti du présent ; croissez en force et en puissance morale, ayez la paix établie en vous-même et rendez service à l'extérieur ; ajoutez au quota de connaissance ; aimez l'humanité en aimant certains de ses membres, mais en aimant au sens véritable du terme ‑ et ainsi rendez-vous invulnérable. Tout comme le corps physique se développe pour atteindre sa pleine taille, de même notre corps astral doit croître jusqu'à sa pleine stature, ce qui ne veut pas dire atteindre la perfection mais plutôt faire ressortir au maximum nos possibilités karmiques. Une fois cela fait, l'aspect créateur de Brahmâ change et il nous faut continuer dans l'aspect Vishnu. Utiliser et accroître les réserves de forces spirituelles ‑ c'est-à-

dire, la connaissance et l'amour. Ainsi, voyez-vous, il vous faut croître, il vous faut amener au jour ce qui est en sommeil. En faisant cela, vous serez confronté à vos tests et épreuves naturels ‑ c'est-à-dire prakritiques. Vous n'avez donc rien à craindre mais vous devez être vigilant : "L'homme humble n'a pas à craindre de tomber" déclare The Pilgrim's Progress (avez-vous jamais lu cela ? Un livre merveilleux !). Vous avez l'humilité et vous travaillez à votre vie en secret et en silence. La ligne que vous avez choisie, spécialement grâce aux principes de la L.U.T. vous permet de servir en silence, de déverser votre dévotion en secret. Maintenez-la vivante, cher néophyte. Dans le Mouvement de la Grande Loge des Maîtres, il y a toujours des combats et aussi des tensions. Il nous faut apprendre à tenir bon obstinément ‑ non pas demain mais aujourd'hui :

Seigneur, ce n'est pas pour demain et ses besoins que je prie,
Garde-moi, mon Dieu, de la souillure du péché, juste pour ce jour ;
Puissé-je ne pas prononcer à la légère une parole fausse ou vide de sens ;
Mets un sceau sur mes lèvres, juste pour ce jour.

         Ainsi donc, continuez de travailler et de veiller avec confiance et espérance, et bannissez l'appréhension. Vous vous en sortirez.

         Avoir foi et dévotion pour les Grands Êtres Saints et Bénis signifie que nous sommes en train de déployer force et sérénité du mental. Penser à Eux et à ce qu'Ils sont implique que nous restions dans Leur compagnie, même indirectement. Si nous Les oublions de temps en temps, dans les incidents de la journée et les événements qui arrivent d'heure en heure, c'est que nous sommes faibles, dans cette mesure même. Mais nous allons être éprouvés. Épreuves et tests doivent arriver, ainsi que plus tard tentations. "Grand Crible est le nom de la Doctrine du Cœur" (La Voix du Silence, p.44). Le processus de tri lié à Karma prend de nouveaux aspects à mesure que l'homme aspire à devenir chéla, qu'il étudie pour s'améliorer et déclare : "Que je sois éprouvé !" L'altruisme protège par excellence contre la tentation et nous devons décider de ne jamais être renversé, par le doute ou par le désespoir. Le mieux est de poursuivre avec vigilance, heure par heure, et de n'avoir aucune appréhension. Si vous lisez dans La Voix du Silence [p.84] le passage qui déclare que "chaque échec est un succès", vous reconnaîtrez que nous ne rencontrons aucun échec. Nous continuerons le combat. La Mère Nature est la Miséricorde incarnée et les Grands Êtres sont l'incarnation de la Sagesse. Jamais Ils n'oublieront le service que nous leur rendons ‑ à Eux et à Leur Cause. Ainsi donc, allez de l'avant, avec foi dans le Régent Intérieur et en Eux.

         Les gens ne reconnaissent pas les tests et les opportunités quand ils arrivent. L'étape préliminaire consiste à comprendre correctement Karma. Mais on a du mal à se défaire de ce qu'on a appris en science et en religion. Idées préconçues, préjugés et superstitions persistent. On ne comprend pas ce que signifie actions auto-induites. En cela, comme en toute autre chose, il faut commencer avec son propre soi. Nous, c'est-à-dire chacun de nous, devons vivre sans reculer devant nos limitations ou face aux critiques d'amis et de parents. La perspective d'un supplément de travail, et particulièrement de responsabilité, nous rend nerveux. Il faut nous assurer que la nouvelle ligne d'activité est pure du point de vue du motif et est appliquée sans égoïsme ‑ sans une hache de notre nature personnelle à affûter. Une compréhension convenable de Karma devrait nous délivrer de nos peurs. Tout spécialement pour les aspirants, et ceux qui pratiquent comme vous, il n'y a pas lieu d'être nerveux en pensant au futur. Il se pourrait que vous ne soyez pas capable à l'heure actuelle d'agir conformément à tout ce que vous dites mais vous le dites. L'affirmation en paroles porte sa propre force potentielle. Quand nous articulons nos pensées, elles sont objectivées. Nous les voyons et l'incitation à l'action se développe. Considérez la définition de la vertu de Shîla [2] d'un regard pénétrant.

         Eh bien ! c'est votre chance de faire face à la défaite, non seulement avec vigilance sur le plan extérieur mais aussi en transformant ce qui est mauvais en bon, pour le réel bénéfice de votre Ego. Bien sûr, il y a une leçon pour vous à tirer de cette défaite ou de ce recul. Cela étant intégré, la défaite doit se transformer en victoire. Cherchez la véritable raison de cet événement. C'est une précipitation et il en résultera pour vous un bien réel si vous y réfléchissez calmement, dans le sanctuaire silencieux de votre cœur. Une plus grande humilité naîtra d'une méditation sans passion sur cette défaite. L'humilité est une grande Shakti et tout en regrettant beaucoup vos défaites, j'ai pour ma part bon espoir que vous conduirez votre personnalité à découvrir plus profondément la nature de cette Shakti. Comptez toujours sur l'intervention des forces émanant des tests et épreuves. Faites votre devoir, éclairez votre conscience, persistez à ressentir de la dévotion pour les Seigneurs Saints et Illuminés et les choses réussiront certainement malgré l'irruption d'apparents échecs.

         Ainsi donc, ne soyez pas accablé. C'est une expérience d'Arjuna. Souvenez-vous que vous êtes en train de vous préparer au Service des Maîtres Bénis. Ce qu'il faut offrir, ce n'est rien moins que le meilleur de votre santé corporelle, la pureté de votre mental, le caractère impeccable de votre conduite, votre dynamisme spirituel, et cela tout le temps. Les Maîtres "essaient de faire le meilleur du pire" et "nous ne nous lamentons jamais sur l'inévitable".[Cf. Gîtâ, II, 27].

 

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Janvier 1961

 

[Le Pont : Antahkarana, entre les 2 armées ‑ les pièges d'Ahamkâra ‑ le rôle salvateur de la souffrance.]

 

         Votre position vaillante et votre juste résolution, ainsi que votre désir de fouler le Vrai Sentier ‑ ce pour quoi vous avez beaucoup sacrifié ‑ tout cela est une force qui fait de vous un membre d'une Puissante Compagnie. Nous nous plaçons nous-mêmes en probation, en tant que personnalité, par l'effet d'une telle résolution et d'un tel sacrifice. Cela signifie qu'il y a une nouvelle orientation dans votre vie ; vous êtes sur le Pont que H.P.B. a appelé Antahkarana et que le Zoroastrisme dénomme le "Pont Chinvand". Ce Pont franchit les eaux profondes séparant ce monde de celui qui est occulte. Ce dernier est le monde de l'Ego. La purification de la personnalité par la vie signifie des retours à ce monde de l'Ego, et ces retours naturellement produisent de l'irritation, de l'incompréhension, de la dépression, de la souffrance, mais par le canal de tout cela ‑ la Réalisation. Chaque fois, la souffrance se transforme en une faculté ‑ une faculté spirituelle ‑ et graduellement le résultat est une Claire Vision. Cette Claire Vision a un double aspect : ce n'est pas seulement la Vision de l'Ego, mais sa perception de l'image des mondes à travers émotions et sentiments ainsi que pensées et raisonnements, d'une nature clarifiée et purifiée. C'est ainsi que l'Ego ne voit pas les couleurs mais à travers elles ; il n'entend pas les sons : il entend à travers les sons ; ainsi donc toutes les couleurs et tous les sons, et leurs formes et contours, sont de purs symboles qui se tissent en emblèmes que l'Ego comprend entièrement.

         Or, ce qu'on appelle les tests sur le Sentier et les épreuves du néophyte sont aussi réellement auto-engendrés que la résolution que nous prenons ou les sacrifices que nous offrons. Nous nous plaçons nous-mêmes sur le Sentier et par là nous précipitons nos propres tests et engendrons nos propres épreuves. Ces tests et épreuves nous paraissent enracinés en dehors de nous, mais c'est là une mauvaise compréhension de la Loi de Karma. La Loi opère en dedans de nous et, à travers nous, sur les autres et, aussi bien, en dedans des autres et à travers eux sur nous. Pensez à cela et vous en tirerez quelque lumière. Pour continuer : étant ce que vous avez fait de vous-même par votre noble résolution et votre beau sacrifice, et vous tenant sur ce Pont, vous devez nécessairement rencontrer votre Kurukshetra. Vous vous trouvez entre les deux armées : l'abîme du monde matériel est derrière vous. Vous pouvez bien essayer de faire machine arrière ; ce qui équivaudrait à un garçon de 7 ans essayant de redevenir un gamin de 3 ans ; il ne ferait que se défigurer, sinon se détruire car c'est impossible. Après avoir franchi l'abîme, vous devez être prêt à passer par le Yoga du Découragement. Souvenez-vous, je vous prie, qu'il ne s'agit pas du désespoir du monde ; c'est un yoga. Voyez le titre du 1er chapitre de la Gîtâ. Lisez soigneusement ce 1er chapitre et souvenez-vous que Krishna est l'Ego ‑ votre propre Soi Réel ‑ le Conducteur du char qui vous a placé entre les deux armées, parce que vous, Arjuna, le Soi-Personnalité qui se réincarne, aviez demandé à Krishna de vous y conduire. Par conséquent, tout comme Arjuna, il vous faut observer les armées ‑ et quel Arjuna, pendant ces millions d'années écoulées, n'a pas jeté son arme de désespoir en faisant ce premier examen ?

         Nous sommes tous les mêmes et, si je vous écris ceci, c'est pour vous rappeler que Krishna est proche, plus près de vous aujourd'hui que l'an passé, plus près de vous que votre ami ne saurait jamais espérer l'être, ou tout aussi bien n'importe quelle personne. Chacun de nous devient Krishna ‑ nous sommes Krishna. Aussi n'allez pas vous imaginer à tort que vos états d'âme tiennent d'un genre spécial d'abomination. Il y a un danger qui se cache en cela. Notre Ahamkâra [sens du Moi] subtil se pousse en avant. Et si nous ne pouvons pas être quelqu'un de particulièrement bon, alors nous voulons être quelqu'un de spécialement mauvais. Voyez-vous la Personnalité ‑ comment elle se pousse furtivement en avant ? Souvenez-vous donc de ne pas vous lamenter de vos erreurs plus que chanter les louanges de vos bonnes actions. Sur le Pont, entre les deux armées, les activités que nous avons poursuivies dans le Monde de Matière nous suivent et pèsent lourdement sur notre marche en avant vers le Monde de l'Esprit.

         Soyez sage dans votre vie : ne regardez pas en arrière, ni très loin dans l'Âge d'or à venir. Faites ce qui se trouve sous la main, comme un vrai guerrier ‑ esprit de chevalerie, courage, amour sont nos vertus et l'épée de la connaissance détruit le doute, la peur et les limitations qui nous lient à la matière.

         Quel long sermon de grand-père !

 

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Février 1961

 

[À propos de la méditation ‑ l'examen de conscience ‑ la mémorisation ‑ le contrôle du mental ‑ la participation de Buddhi-Manas "le Voyant".]

 

         La méditation comporte deux volets : a) l'examen de conscience - où le soi inférieur est exploré et analysé à la lumière du Soi Supérieur et (c'est important) de la Science Divine. Un calme jugement nous indique ce qui est mal et mauvais, et ce qui est bien et bon ; mais un jugement à la lumière de la Science Divine révèle ce qui nous manque de spiritualité, de lumière du Sage. Il est extrêmement nécessaire de faire périodiquement une telle revue et analyse. Puis, b) une mémorisation d'une grande idée du cœur avec une répétition silencieuse de cette idée, en y réfléchissant. Cela nous attire indirectement l'influence de notre Triade Supérieure. Le rappel à la mémoire de ces deux aspects, heure par heure, quand nous sommes pris dans la routine des devoirs et des récréations, révèle le pouvoir de la méditation. Ainsi votre compréhension et votre interprétation du verset de la Gîtâ qui parle de placer le mental sur l'Esprit sont correctes. Comme vous en conviendrez, le processus est facile à comprendre mais très difficile à mettre en pratique d'une façon délibérée et active, et pourtant, il faut s'y engager si nous voulons atteindre notre but et accomplir notre mission comme penseurs.

         Pour rendre la méditation journalière plus complète et profonde, il faut y consacrer une plus longue période. Allonger celle-ci est convenable et naturel, tant que nous n'avons pas à être sur le qui-vive : "maintenant, j'en ai fini", ou bien "encore cinq minutes". Quand de telles pensées font obstruction, nous sommes encore sous l'influence de l'inférieur. Cela du point de vue du penseur. Quels objets ou sujets convenables y a-t-il à prendre ? Une image concrète, comme celle du Guru, de H.P.B. ou de son collègue W.Q.J. ? Ou un sujet abstrait comme un verset du type : "Tout est impermanent dans l'homme hormis la pure essence brillante d'Âlaya"[La Voix du Silence, p.78], etc... ? Dans tous les cas, l'instruction est : "retire ton mental de tout objet extérieur, de toute vision extérieure, autre que l'image ou le verset choisi. En outre, "Tiens à distance toute image intérieure", (des sentiments principalement). Pourquoi cela ? "De peur que sur la lumière de ton Âme elle jette une ombre noire". Quand le penseur (Antahkarana) peut se maintenir hors de l'influence des désirs du soi égoïste, quand il n'est pas influencé par "la lumière" inférieure, la Lumière du Supérieur peut lui arriver et graduellement, lentement, le penseur antahkaranique commence à agir comme Manas Supérieur, et il imprime sur l'image, ou le verset, Sa Lumière Supérieure. Ainsi donc, persistez dans la discipline qui vise à vous centrer dans le Soi. Arrêtez l'activité des sens ainsi que de l'imagination incontrôlée. Concentrez-vous sur la divinité du Manas Supérieur et aspirez à Buddhi. Résultat : devenez plein de dévotion dans l'altruisme pendant toutes les heures de veille. Une vigilance constante est nécessaire. Le test est dans la spontanéité.

C'est ce processus qui est le pôle positif, l'examen ou l'analyse du soi étant le pôle négatif.

         Souvent l'examen de conscience a un effet dépressif. Mais, quand nous nous voyons comme étant pleins de faiblesses, qui est celui qui voit ? Mais ce mot même de "voyant" est utilisé de façon si superficielle que, souvent, sa véritable signification nous échappe. Le terme sanskrit "Rishi" signifie littéralement "Voyant" ‑ Celui qui voit, qui a atteint la vision spirituelle ‑ celle de Buddhi. Notons que l'examen de conscience doit être à la fois conscient
et circonspect. Le Soi est le "Voyant", c'est-à-dire Buddhi-Manas, l'Âme Spirituelle, le Penseur avec la lumière du pouvoir moral. L'objet de sa vision est le soi inférieur. À la suite de l'examen de conscience, qui a peur, est déprimé ? Une fois de plus, sans l'influence bienfaisante de Buddhi-Manas, ce sont les expressions de Kâma-Manas qui, pour ainsi dire, parlent entre elles : "Qu'allons-nous faire face à cette tentative de nous séparer ?" Quel est alors le remède ? Il ne faudrait jamais terminer un examen de conscience en notant simplement et en remarquant les faiblesses et les fragilités du soi inférieur. Un dernier acte dans le rituel de l'examen de conscience devrait être accompli : le Buddhi-Manas supérieur devrait être gentil pour l'inférieur, comme l'est la mère qui a réprimandé le fils ou la fille ‑ après quoi, elle doit calmer ou encourager le fils ou la fille à mieux faire. Le Manas inférieur, de même, peut mieux faire. Il faut souligner cet aspect de l'inférieur : celui qui apprend. Kâma-Manas est l'élève qui apprend ; l'un de ses aspects ‑ Antahkarana ‑ est appelé à devenir le chéla du grand Guru. Ainsi donc, ne soyez pas déprimé après un bon examen de conscience. Il nous faut élever le soi par le Soi, dit la Gîtâ [VI,5]. Et quel est celui dont les pensées sont à 100 % pures ? La même Gîtâ ne déclare-t-elle pas que chaque action est entachée d'imperfections ?

         Il y a toujours des forces doubles à l'œuvre : les forces personnelles et les Manasiques. Détecter notre erreur est une chose, rechercher le remède en est une autre. Pour le mental inférieur, analyser et spéculer sur ses faiblesses et ses fragilités est chose aisée lorsqu'il est séparé de Kâma. Mais une véritable réflexion est difficile pour lui ‑ réflexion qui implique le fait de refléter l'impression et l'influence du Manas. Cela pousse à une grande bonne humeur et non à une dépression. Le lien entre dépression et joie est l'étude de l'enseignement particulier qui traite de la nature de notre erreur et nous explique comment la surmonter. Ce qui fait mal, c'est non seulement trop d'anxiété mais n'importe quelle anxiété concernant notre progrès individuel.

         Quant à l'examen de conscience en rapport au passé et au présent, on gagne toujours beaucoup à bien agir maintenant, dans le quotidien des devoirs, du travail et des récréations. L'application se fait ici même et nous donne comme un aperçu de l'Éternel Présent. Bien plus, elle nettoie le passé et illumine le futur. La mémoire est toujours présente, comme la nourriture qui demeure une fois que la matière à rejeter a été éliminée. Les hommes et les femmes de nature ordinaire souffrent d'indigestion et de constipation dans leur nature psychique. L'élimination chez eux est médiocre. Pourquoi ? Pas d'examen de conscience, pas de reconnaissance de ce qui est mauvais et de la manière de l'éliminer. Ainsi donc, [comme le dit La Voix du Silence, p.32] : "Tue en toi-même tout souvenir d'expériences passées". C'est un véritable exercice psychologique. "De moi proviennent la mémoire et aussi la perte de la mémoire" déclare Krishna [Gîtâ, XV, 15]. La mémoire est un sujet vital et il y a des aspects mystérieux qui lui sont reliés. Dans Isis, on trouvera quelques bonnes suggestions.

         La mémoire est double. Il y a celle de la lumière astrale et l'Âkâshique. La mémoire est notre ennemie comme notre amie. C'est l'arme habituelle des deux soi dans l'homme. Il faut que la mémoire supérieure attaque l'inférieure, c'est-à-dire que nos tendances et notre connaissance supérieures doivent améliorer les skandhas jusqu'à ce que le supérieur s'imprime sur l'homme personnel qui, dès lors, retrouve la mémoire des vies passées, comme Judge le recommande.

         L'attention mentale s'intensifie à mesure que notre cœur apporte à nos tâches notre affection pour elles. Quel disciple n'éprouve pas la difficulté d'Arjuna ? Mais cela ne va pas vous prendre des vies de vous centrer dans la Discipline Divine Au bout de quelques années, vous allez trouver une amélioration substantielle. Restez dans la compagnie du Régent Intérieur, de façon fréquente. Penchez-vous sur de grandes idées chaque fois que vous terminez un travail et en prenez un nouveau. Deux minutes passées à se remémorer et répéter un seul verset de La Voix du Silence ou de la Gîtâ ‑ voilà qui renforce et rénove toute la constitution.

À propos de la concentration, il vous en a déjà été touché un mot et je ne pense pas qu'on puisse y ajouter beaucoup tant que vous n'avez pas commencé très sérieusement à amener votre mental inférieur à se stabiliser suffisamment pour saisir la lumière de votre âme. Le cerveau doit être rendu poreux aux influences du mental supérieur. Travaillez avec attention à tout ce qui vous arrive sous la forme d'un devoir, c'est là une sorte de concentration. Mais pour tout réunir sur un point focal, le cerveau doit devenir calme, les désirs, qu'ils soient du corps ou du mental, doivent battre en retraite, le mental doit être ouvert pour recevoir la lumière de la nature intérieure. Voilà ce qu'il vous faut essayer si vous voulez aller au delà du fini. L'approche éxotérique que vous évoquez ne vous donnera pas satisfaction, je le crains. Les gens vont à l'église et ils essaient d'approcher le "Notre Père qui êtes aux cieux" ; mais ils échouent parce qu'ils n'ont pas une compréhension convenable de la constitution psychologique de la personne qui prononce la prière ni de la nature du Père Céleste.

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"Celui qui apprend les règles de la Sagesse sans s'y conformer dans sa vie
est comme un homme qui a labouré dans ses champs mais n'a pas semé"

‑ SA'DI

 

 

 

[1]    [Article "Chélas et chélas laïques", op.cit., p.20.

[2]    [La Voix du Silence, p.67.]

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Programme et activités du Groupe d'Etude Théosophique en Tarentaise

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