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Le réservoir des pensées, R. Crosbie

 

         Lorsqu’on considère l’idée de la pensée, il convient de ne pas oublier qu’il ne peut y avoir de pensée sans penseur. Les pensées ne peuvent surgir spontanément ; toutes sont produites par des êtres intelligents, quel que soit le genre de ces pensées. Nous sommes tous des penseurs et nous assumons tous le fait que nous disposons d’un mental. Mais en quoi consiste-il ? Ce que nous appelons notre mental n’est en fait absolument pas le mental. En soi, le mental est la faculté de pensée. Les agrégats de pensées que nous appelons notre mental sont les produits de notre faculté de penser ; ils constituent les effets de l’idéation intelligente, et nous devons remonter de plus en plus en amont de la filière des effets perçus pour parvenir à leurs causes. Le mental lui-même est illimité, et nous avons tous le pouvoir de penser sans restrictions dans toutes les directions possibles. Mais nous sommes nés, ou sommes confrontés, avec différents systèmes de pensée que nous adoptons consciemment ou non, et auxquels nous nous accrochons. Nous devrions toutefois reconnaître et comprendre dès le départ que nous ne sommes pas ces idées, parce que nous avons le pouvoir de “changer d’avis” ; si nous étions nos pensées, nous ne pourrions pas en changer, ne pourrions jamais avoir une idée nouvelle, ni en rejeter une ancienne.        

        Nous pensons que nos idées nous appartiennent, mais lorsque nous venons à nous auto-analyser, nous découvrons qu’en fait, il n’y a pas une personne sur un million qui soit un Penseur indépendant, qui crée ses pensées sur la base de la compréhension de l’universalité de la nature et de la source commune dont nous procédons tous, et d’où nous viennent ce qui nous semble être nos pouvoirs spécifiques. Il est étrange que nous ne voyions pas que nous provenons tous d’une même source d’où découlent tous nos pouvoirs, ni que c’est uniquement l’utilisation de la vie et de ses pouvoirs qui diffère en nous, en fonction des idées adoptées par chacun. Nous avons tous la capacité de penser, mais nous pensons tous différemment et, c’est ce qui nous fait paraître différents.

            Nous vivons dans un monde d’effets et sommes mentalement submergés par eux, étant incapables de nous en libérer. Aussi la chose la plus indispensable en ce monde est-elle de réaliser ce qu’est notre vraie nature. Si nous découvrons ce qu’est notre vraie nature individuelle, nous connaîtrons celle de tous les autres êtres, qu’ils soient moins avancés que nous quant à l’intelligence, ou très au-dessus de nous, au plus haut point concevable. S’il s’agit pour nous de connaître quoi que ce soit sur cette Source commune à toute notre existence et tous nos pouvoirs, il nous faut acquérir cette connaissance en nous-même. En effet, personne n’en est séparé, chacun est issu du même Suprême, ne faisant qu’un avec Lui dans sa nature la plus profonde. Cette idée dépasse toutes les conceptions de la Divinité qui prévalent actuellement, ou qui ont prévalu dans le passé, à propos de Dieu. Le Suprême est au-delà de la forme, au-delà de toute expression. Quel est l’homme qui peut définir ce qu’est Ce qui, en lui, voit, connaît, éprouve des sentiments, expérimente et engrange les résultats de toutes les expériences ? Chacun provient de cette Source infinie, parce que chacun a la même racine infinie, en est une expression. Si un homme ne comprend pas ce qu’est sa vraie Source, sa vraie nature, et pense être ce qu’il n’est pas, toutes les utilisations de son pouvoir de penser,  toutes ses pensées créatrices, toutes les actions qui vont en découler vont suivre les lignes créées par son système erroné de pensée et d’action. S’il pense être un misérable et pauvre pécheur, incapable de rien faire de lui-même, et pour lui-même, alors il restera un pauvre et misérable pécheur. Mais s’il réalise que tous les effets qui l’entourent son dus à la pensée, qu’il peut créer de meilleurs effets, que tout est à sa portée, il va acquérir un nouveau discernement et une plus grande force.

Dès lors, il dépasse le champ des effets pour pénétrer dans celui des causes, et commence à comprendre que toutes les choses sont semblables dans leur nature essentielle. Il déduit de cette considération que l’univers est soumis à une loi. L’être le plus élevé qui soit est soumis à une loi, comme le moins élevé. Cette Loi ne nous est pas extérieure à nous, elle n’est pas mise en action par un ou plusieurs êtres en dehors de nous, mais elle nous est inhérente. Lorsque nous agissons, nous faisons l’expérience de la réaction ; nous sommes ce que nous pensons. C’est en accord avec l’intelligence de notre action que l’expression de cette pensée nous reviendra, “Ce que tu sèmes, tu le récolteras” ; comme nous récoltons, nous avons forcément semé. Nous trouvons là l’alpha et l’oméga de l’expression de la Justice : nous récoltons ce que nous avons semé. Quelle que soit la situation où nous nous trouvons, nous devons admettre que nous l’avons nous-mêmes produite. Comment l’avons-nous produite à l’origine ? Par les pensées d’un penseur fondées sur de fausses conclusions. Le pouvoir  Suprême réside en chacun de nous. Quoi que l’homme pense, il y a un pouvoir dans cette pensée, et il s’accroche à cette façon de penser, il produira forcément les effets découlant des tendances générales de ce qu’il entreprend particulièrement. S’il produit des choses périssables, sans aucun rapport avec sa véritable nature, si sa faculté de penser est encombrée de préoccupations ne concernant que son corps, son environnement corporel ou son progrès physique, est-il surprenant que, tôt ou tard, il se trouve dans une situation complexe, entraînant généralement des conséquences désastreuses pour lui ? Nous sommes déroutés par les effets que nous avons précisément produits en pensant sur une base erronée.

Il nous faut donc veiller à ne pas mettre le pouvoir de notre nature spirituelle au service d’une tendance personnelle, égoïste ; cela ne fera qu’attirer une réaction sur nous, forcément. Chacun a parcouru son chemin individuel, comme s’il était séparé de tout le reste, et ainsi créé les conditions dans lesquelles il vit, avec les expériences qui lui apportent joies ou peines. Nous avons l’habitude de considérer le bien et le mal comme des choses en soi. Il n’en est pas ainsi. Rien n’est bon, ni mauvais, en soi. Le bien et le mal sont les effets que nous ressentons. Ce qui est bon pour l’un peut-être mauvais pour l’autre. Tout dépend du récipiendaire, de son attitude mental. Si nous considérons le règne de cette Loi et reconnaissons que nous avons nous-mêmes produit ces effets, que nous recevons le juste retour de causes mises en branle par nous, nous comprenons que quoi que nous fassions ou ayons fait, doit affecter les autres en bien ou en mal, et qu’il est dans la nature des choses que nous payions un jour la dette contractée, ou recevions le bénéfice alloué. Le bien qui nous échoit est ce que nous avons gagné en servant autrui. Le mal qui nous frappe a également été mérité, par notre négligence des autres ou nos mauvaises actions envers eux, tout effet étant la continuation de la cause mise en œuvre par nous-mêmes. Nous devrions nous pénétrer de cette vérité que nous sommes responsables individuellement envers tous les autres quant à l’utilisation de nos pouvoirs. Cette idée implique l’Identité Spirituelle commune entre tous les êtres, divinité d’absolument tous les êtres vivants, non seulement celle de l’humanité, (avec ses natures bonnes ou mauvaises) mais aussi celle de tous les êtres, qu’ils soient moins avancés ou plus évolués que nous. Cela entraîne que tous les pouvoirs - de perception, d’expérimentation, de connaissance, de sagesse – sont présents au sein de chaque être, dans sa nature la plus intime. Cela évoque immédiatement l’idée du développement, de l’épanouissement, de l’évolution pour tous les êtres, indépendamment de leur niveau. Il existe des âmes embryonnaires, moins élevés que nous, en ce qui concerne leurs divers stades de progrès ; ensuite nous trouvons les âmes humaines, avec leurs divers degrés d’évolution ; et puis, il y a de Grandes Âmes – des Hommes qui sont passés par les stades que nous vivons aujourd’hui.

L’univers tout entier est constitué d’êtres. La forme est l’habitacle, l’instrument d’une intelligence plus ou moins développée. Sans intelligence, pas de forme ; sans intelligence, pas d’action, ni de responsabilité d’aucune sorte. Partout où l’on trouve action et conditionnement, on trouve également l’intelligence, et là où il y a intelligence, se trouve aussi la responsabilité, qu’elle soit ou non reconnue. Ainsi, l’univers n’existe que dans un but – et un seul but : l’expérience et l’émancipation de l’Âme. Par âme il faut comprendre l’expérience acquise par l’Être Spirituel. Dans ce vaste univers, comprenant une gamme d’êtres intelligents aussi immense et incommensurable, qui diffèrent infiniment par leur degré respectif d’intelligence acquise, par leur Âme, que serait le Réservoir de la Pensée, et où se trouverait-il ? Dans ce vaste ensemble d’êtres, les types de pensée sont très, très nombreux. On y trouve les pensées et les idées de tous les hommes vivant actuellement sur la terre, ou y ayant vécu, les pensées ou expressions des êtres inférieurs à l’homme, les idées et les expressions, encore plus étendues, des êtres supérieurs à l’homme. Tout cela constitue un vaste réservoir, mais aucun d’entre nous ne peut en retirer plus, ni autre chose, que ce qu’il s’est mis en situation de recevoir. Il doit faire de la place pour cela. Seules les idées peuvent être perçues directement. Derrière toute action se trouve une pensée, d’une espèce ou d’une autre. C’est le type des idées que nous entretenons qui nous fait agir en toutes circonstances – pour produire le bien ou le mal. Ici, nous pouvons constater combien il est important de savoir ce que nous sommes vraiment – de faire connaissance avec notre véritable nature – et de nous en servir comme base pour penser et agir. De la qualité de notre pensée dépend la qualité ou le genre de notre action. Tout s’enchaîne et, ce qu’il nous faut, c’est, une séquence ordonnée de pensées fondées sur notre nature authentique, et une action en accord avec ces pensées. Dès lors, tout va découler selon la dynamique de l’épanouissement divin, de l’évolution divine. Et nous allons œuvrer en accord avec la nature, et en accord avec tous les autres.

 

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