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Mai 1963 à juin 1963

 

Mai 1963

 

[Comment garder le silence face à un mauvais comportement caractérisé ‑ reconnaître que l’on est violent mentalement ‑ déraciner du mental le pouvoir de la violence ‑ destruction n’implique pas violence - faire de la louange une offrande ‑ que chacun fasse la preuve de son travail.]

 

         C’est bien vrai que désapprendre est difficile ; ce qui nous plaît se trouve contrarié et il faut affronter ce qui nous déplaît. Les gens seraient clairvoyants s’ils développaient l’intégrité intellectuelle. Mais il me semble que le point de départ est Vairâgya. Selon mon expérience, il y a peu de gens qui aiment s’entendre dire la vérité sur eux-mêmes. Ils seront d’accord si vous leur déclarez que le mensonge est mauvais ; mais allez donc leur dire qu’il y a du mensonge en eux-mêmes et que nous nous y opposons. Le travail d’amour provenant du cœur est non seulement perdu mais il excite ressentiment et violence. Cependant, comment garder le silence face à un mauvais comportement caractérisé ? Prêcher d’une façon impersonnelle, c’est le mieux pour tous ces gens ; mais vont-ils appliquer ce qui est dit de la plate-forme ou ce qu’on peut lire dans la revue The Theosophical Movement ? Bien sûr, l’exemple qu’on peut donner est également parlant, et parfois plus efficace que n’importe quel discours. C’est pourquoi il faut absolument viser haut, très haut et, même si nos idéaux ne sont pas réalisés, si nous nous efforçons constamment dans le sens de cette réalisation, du bien en résultera, non seulement pour nous mais aussi pour certains autres. Il est bon de désirer voir seulement le pas suivant, mais, une fois aperçu ce pas, continuons-nous de le garder en vue, ou bien franchissons-nous ce pas et nous mettons-nous à chercher le suivant ? Fixer un temps précis ne sert jamais à rien. Les Maîtres et Leur Travail sont, me semble-t-il, vraiment le meilleur idéal, car il y a là une constante opportunité d’une réalisation partielle ‑ quelque chose vers quoi on tend, quelque chose que l’on accomplit. Voilà un sentiment réconfortant.

         Une attitude de riposte est un signe certain de violence dans le mental. Les gens peuvent bien supprimer la violence dans leurs paroles et la réprimer dans leurs actions; mais, tant qu'ils lui donneront asile dans leur mental, elle ressortira dans la parole et l’action. Bien que cette vérité se trouve répétée dans plus d’une douzaine de passages, particulièrement par Judge, nous n’essayons pas avec force et vigueur de déraciner du mental le pouvoir de la violence. Ce pouvoir a nom Ahriman [1] et procède de la faculté d’Ahamkâra, qui crée le sens du "Je". Quand nous luttons contre d’autres personnalités, nous oublions de soumettre la nôtre. Il faut insister sur la parenté entre Ahimsâ et Karma, et réaliser le fait que la lutte se trouve  dans notre propre mental.

            Reconnaître que l’on est violent mentalement est une constatation vitale. La plupart des gens n’en prennent pas conscience et restent dans l’ignorance béate de ce fait. Quant à vous, qui le savez, vous êtes tenu de contrôler la violence, mais ici intervient la mémoire, qui se dérobe à nous. Le grand rôle joué par cette mémoire est encore une chose dont on ne prend généralement pas conscience. Sans l’exercice de la mémoire, le contrôle de la violence n’est pas possible. Après la mémoire viennent l’attention soutenue, la patience et la persévérance, contenue dans ce précepte : "essayez, essayez et essayez encore !". Il ne faut pas oublier le rôle de l’étude quand on cherche à remédier à la violence : le miroir du mental a besoin des "douces brises de la sagesse-de-l’Âme  pour balayer la poussière de nos illusions". Ce verset [de la Voix du Silence, p. 42] fait aussi allusion à la "poussière" qui vient de la Lumière Astrale, et il nous faut être vigilants pour ne pas permettre à celle-ci de se déposer sur et dans notre mental, et de s’y fixer.

        En ce qui concerne violence et réponse violente aux attaques : s’opposer au mal est un devoir, et même l’attaquer, mais alors sans venin, sans colère ni orgueil dans notre  conscience. Gandhiji a ordonné de tuer les singes maraudeurs, avec un but, un motif et une méthode. Il a déclaré que, pour défendre femme ou fille, on devait lutter ‑ même physiquement ‑ mais, dans la mesure où il y aurait l’esprit de violence dans le combattant, il serait le perdant dans la bataille. Destruction implique "violence", puisque c’est le pouvoir qui opère au moment de la mort et du pralaya. Le pouvoir qui provoque la décrépitude et la désintégration du corps fournit un bon exemple. Détruisons-nous notre propre corps ? Les gens ont-ils leur corps en haine ? La plupart voudraient vivre, et vivre sans fin. Qu’est-ce qui provoque la décrépitude dans le corps ? Qu’est-ce qui désintègre le cadavre ? Il faut distinguer entre la violence humaine, qui implique de la haine, sous une forme ou une autre, et cet autre pouvoir de destruction-régénération qui appartient à la Nature, s’exerce en Elle, et est symbolisé par  Shiva-Rudra. Sommes-nous violents quand nous éliminons des déchets matériels du corps ? Entre la mort naturelle et le suicide, la différence tient à ce caractère prânique. Techniquement parlant, quelle est la nature de mon magnétisme quand je suis "violent" ? Le flux de fluide astral, imprégné de la pensée, de la volonté et du sentiment chez un être, tel est le facteur. Le buddhi yoga du second chapitre de la Gîtâ enseigne :"Ne comptez pas sur les fruits de l’action, ni ne vous en souciez". C’est un processus impliquant pensée-volonté-sentiment, du côté de la conscience, et par ailleurs, magnétisme et fluide astral, du côté de la substance. Dans la Lettre d’un Maître (U.L.T. Pamphlet n° 29)[2] cela est expliqué.

         Quant au Critic, X. y fait du très bon travail. Mais que penser s’il attaque la L.U.T. ? La chose à noter est celle-ci : méritons-nous ces attaques ? Si oui, alors il faut nous changer ; si non, nous devons remercier X. pour la publicité faite, même si elle arrive par un canal injuste. C’est un manque de tolérance de la part des gens qui ne veulent pas lire le Critic, sous prétexte qu’on y trouve des attaques contre la L.U.T.

         Quant à l’attitude à tenir quand on nous remercie et nous loue pour ce que nous avons pu faire : eh bien ! il y a une pensée, dans le Râmâyana me semble-t-il, où il est dit que c’était pour Râma une règle de se souvenir de la plus petite bonne action qu’on avait pu faire pour lui, et d’oublier la critique et le mal dirigés contre lui. C’est une chose. Mais ensuite, il faut se retourner et faire de la louange reçue une offrande à Ceux dont nous accomplissons le service. On ne peut pas faire cela à haute voix et ouvertement en chaque occasion, mais, chaque fois que cela reste discret et possible, on devrait dire : "Accordez le crédit à qui il revient de droit ‑ aux Grands Êtres".

Nous acceptons en silence, et apprenons une leçon, lorsque les gens critiquent ou condamnent. Nous nous réjouissons que l’œuvre de notre Seigneur, qu’Il a accomplie par notre canal, ait aidé les autres, ou leur ait plu. Mais le sentiment le plus doux, par excellence, est éprouvé quand  nous accomplissons des actions sans éclat, sans être reconnus ni remarqués par les autres ; cela dilate notre cœur et notre mental parce que Ceux qui veillent constamment donnent à ce travail Leur Bénédiction. Souvent, nous ne ressentons pas celle-ci, mais parfois si. Il n’y a pas de plus belle récompense, croyez-moi. Ainsi donc, nous ne restons pas indifférents à la louange ‑ c’est le premier pas nécessaire ‑ mais nous exploitons cette louange pour quelque autre fin bienfaisante. N’est-ce pas ainsi ?

         La gratitude est rare. On dit que le soleil éprouve de la reconnaissance à pouvoir chauffer la terre, les arbres et les créatures, y compris les êtres humains. Cette reconnaissance est d’une qualité très  supérieure, et elle  possède des  aspects et  des  phases qu’on ne comprend pas facilement. Le 3ème chapitre de la Gîtâ offre des idées fondamentales sur le sujet ; un autre facteur tient à la compréhension convenable du Monde de la Lumière et des Lumières ; et il y en a d’autres encore. Le développement de la gratitude ne résulte pas d’une étude ordinaire ; c’est un sentiment qui a rapport à la Buddhi, qui est de nature passive. Dans la mesure où Buddhi est activée, le pouvoir de gratitude se manifeste. Pensez à ces choses dans ce sens. Compassion et Sagesse sont deux pouvoirs qui se réunissent en un seul dans l’homme. La gratitude et d’autres aspects moraux appartiennent à l’aspect compassion.

         L’article de H.P.B. intitulé : "Que chacun donne les preuves de son travail" [Cahier Théosophique n°  90] est plein de véritable Occultisme. Vous devriez le relire. Il est vrai que, dans certains cas, le bien fait à autrui n’éveille pas la gratitude mais le contraire. Il y a un étrange aspect de la Loi de Justice quand la vraie miséricorde de cette Loi vient à l’homme sous la forme de douleur et souffrance. L’orgueil d’une nature particulière peut pénétrer une personnalité, et la bonté exprimée à une telle personne n’apporte alors aucune aide, c’est le moins qu’on puisse dire. Le problème de la mendicité a aussi son aspect embarrassant, comme un test le révèle parfois. Voici, par exemple, un homme qui a besoin d’argent mais déclare qu’il a faim : offrez-lui de la nourriture à manger et il vous en voudra ; ce qu’il veut, c’est de l’argent. Le Karma personnel et le Karma collectif sont étroitement enchevêtrés. Personnellement, je préfère me tromper en restant du côté de la miséricorde plutôt que d’insister sur l’aspect de la justice.

         Être semblable à son Guru en toute chose, et autant qu’il est possible, c’est l’expression de la gratitude réelle, ou, dirons-nous, c’en est la véritable expression. On trouve ici encore un aspect du silence et du secret à observer qui doit servir au véritable développement.

 

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Juin 1963

 

[La solitude fait partie de la vie intérieure - cultiver l’esprit  du compagnonnage  - apprendre à ouvrir notre cœur d’une façon large - attractions et répulsions, amours et haines, à éliminer de notre être - répondre à l’agression sans ressentiment - pratiquer tolérance, patience et force d’âme envers tous les êtres, sans exception - pardonner et oublier pour appliquer la compassion dans le cœur]

 

La solitude - c’est l’insigne, la marque distinctive, de toute notre tribu. A certains moments, elle devient intense ; à d’autres, elle a seulement un effet engourdissant. La solitude fait partie de la vie intérieure. Nous abandonnons, ou essayons d’abandonner, l’inférieur, sans nous accoutumer encore au Supérieur ; nous nous trouvons suspendus dans l’air, comme Trishanku (1). Voyez son histoire ; Longfellow a fait un poème à son sujet, si je ne me trompe. Ne soyez pas effrayé. Cette solitude agit à la fois dans le bon et le mauvais sens, et il nous faut apprendre à en tirer un bon parti.

 

         La vraie solitude de l’Octuple Noble Sentier c’est « l’absence de plaisir dans les assemblées des hommes » [Gîtâ, XIII, 10]. Mais l’exercice qui suit, c’est la méditation qui développe le compagnonnage avec notre Régent Intérieur, suivi du compagnonnage avec ceux qui partagent notre pèlerinage. Se dégager de l’inférieur pour accéder au supérieur, c’est la Guerre ; jouir du supérieur c’est la lumière, la paix et la divine satisfaction, ce qui, par l’effet du divin mécontentement, nous pousse à aller de l’avant vers la perfection.

 

         Bien sûr, le compagnonnage est nécessaire, et pas seulement pour les gens ordinaires ; en ce qui concerne les étudiants, ils devraient cultiver sat-sang (2). Tous les chélas de tous les maîtres forment une légion de Compagnons ; et, par ailleurs, les disciples du même Guru cultivent entre eux une amitié plus profonde. L’institution des gurubhâîs (3) est une chose réelle et représente une grande vérité occulte. Ainsi, l’ascèse de la bonne sorte exige de cultiver l’esprit de compagnonnage. Vous êtes tenu d’arriver à ce stade  et cela vous demandera un effort considérable de discrimination.

 

         Comme l’a dit Judge, les affinités ont un pouvoir parfois bénéfique, parfois maléfique. H.P.B., quant à elle, a déclaré que l’amour et la haine sont l’un et l’autre des sentiments immortels. Nous sommes attirés par ceux que nous aimons, mais aussi par ceux que nous repoussons - j’espère que nous ne haïssons personne. Il nous faut apprendre à ouvrir notre grand cœur d’une façon large - pour aimer, aimer et aimer encore tous les êtres. Tracez un cercle et admettez tout le monde dedans. Cela demande sagesse du cœur et charité du mental et de la parole - Shîla - l’harmonie entre ce que nous disons et ce que nous faisons, l’équilibre entre crédit et débit de notre propre Karma, de telle sorte que la Loi ne réagisse pas sur nous ; et nous apprenons à faire usage de la Grande Loi, qui est aussi bien Justice que Miséricorde. Ainsi donc, agissons d’une façon amicale, qu’importe ce que quiconque puisse faire. Quand nous quitterons ce corps, ne laissons derrière nous personne qui ait de l’animosité contre nous. Ne laissons que des amis et de l’amitié tout au long du chemin.

 

         Nos principes ésotériques exigent de régler promptement tout sentiment d’animosité pour des personnes. Lisez et  appliquez les principes de l’article de W.Q.J. intitulé « Amis ou Ennemis dans le futur », notez aussi de nombreux passages dans ses inappréciables « Lettres ». Voilà ce qui est essentiel pour vous, pour votre propre croissance intérieure. En toute occasion de temps ou de lieu, que vous ressentiez pour qui que ce soit le contraire d’une amitié aimante, mieux vaudrait vous en défaire aussi vite que possible. Nous ne pouvons vraiment pas changer les autres, quels que soient nos efforts pour les conseiller et chercher à les guider, à les aider. Mais, nous-mêmes, nous pouvons et devrions nous transformer. La transmutation spirituelle n’est pas seulement possible mais très désirable. Une majeure partie de notre entraînement intérieur consiste précisément à accomplir une telle tâche de transmutation de la matière grossière de rebut en diamants étincelants. L’alchimie spirituelle est la science réelle, et l’âme même de l’alchimie matérielle.

         Pour ce qui est d’attractions et répulsions, amours et haines - c’est une nécessité pour nous d’éliminer de notre être cette paire d’opposés qui existe dans le caractère personnel de l’homme. Seul un Bodhisattva a pleinement  réussi dans cette grande tâche. Mais nous, il nous faut commencer. Voilà bien un exercice d’ascèse. Comment capter la bienveillance de ceux qui ne nous aiment point ? D’abord, en les aimants. Ici, il faut bien recourir à l’effort mental et à l’imagination. C’est là une épreuve majeure dans la discipline du chéla. Saisissez-vous de vos sentiments qui, pour ainsi dire, créent en vous incompréhension et/ou embarras dans vos rapports avec X, ou toute autre personne. Par où commencer pour surmonter cela ? Il vous faudra découvrir les bons aspects de ces personnes, apprendre à mieux les connaître et a vous en approcher en pensée, et avec l’aide de l’imagination. A propos, c’est là un aspect de la nécessité de travailler en gardant le silence et le secret. Ensuite, progressivement, quittez le stade « répulsion » pour gagner le stade « attraction ». Dans le cas de ceux que vous aimez bien déjà, il faudrait essayer de dilater ce sentiment en amour, et, finalement, d’impersonnaliser cette attraction et cet amour. C’est là la Fraternité mise en pratique. Vous avez raison - la compréhension est relativement aisée, mais l’application exige l’aide de l’imagination.

         Comme vous avez vraiment un large esprit d’échange, vous ne manquerez pas de vous attirer des amis et des compagnons, et des gens qui vous seront dévoués. Les connaissances deviennent des amis, ou bien s’en vont ; de même, des amis que l’on cultive, et qui nous cultivent, deviennent des compagnons et, finalement ils nous sont tout dévoués, et  nous le leur rendons. Vous êtes en train de commencer la bonne vie empreinte de l’Attitude Fraternelle ; aussi vous ai-je écrit de cultiver l’esprit d’amitié. Du point de vue occulte, la règle, pour la vie des disciples, semble être que les chélas aillent en groupes, et établissent entre eux un réel compagnonnage. Il arrive que des magnétismes dissemblables, comme des couleurs différentes, se mêlent si bien qu’une image agréable arrive à se créer qui produise finalement une réelle beauté. Sans aucun doute, le rapport entre Maître et chéla est strictement individuel, mais Il utilise d’autres individus pour rogner nos bords rudes ou tranchants, car, dans le processus, il se produit aussi que les autres aient leurs bords adoucis et polis. Rappelons ici une vieille chanson que l’on fredonnait jadis : «Vos amis sont mes amis et mes amis sont les vôtres ». Elle évoque une autre phase de ce travail créateur dans les groupes, et pour les groupes, qui, finalement, aide chaque individu du groupe. Et ainsi vont les choses.

Nous attirons à nous, d’une façon impersonnelle, en provenance de la Lumière Astrale, et par le canal de personnes qui sont nos agents de Karma, des vibrations d’amour ou de haine. Nous avons des sensations de chaleur et de froid - c’est alors notre corps, dans son rapport avec la température de la terre, enracinée dans le magnétisme terrestre, etc. Il en va de même pour les vibrations émotionnelles. Le Bouddha n’a pas ressenti de haine quand Devadatta vibrait de toute la force de la haine. Nous ressentons la bonté ou la cruauté, et y répondons, en nous sentant réconfortés ou déprimés. Nous sommes ainsi faits. Il n’y a là rien de nouveau, et nous le savons bien ; mais, métaphysiquement, il nous faut prendre bonne note de la nature de ce phénomène. Egalement, il est compréhensible que le ressentiment naisse en nous quand des vibrations d’irritation nous agressent. Ici, le commandement [de Jésus] « Ne résistez pas au mal » propose un exercice d’ascèse à mettre en œuvre subjectivement. C’est à l’intérieur même de notre vie personnelle qu’il nous faut pratiquement répondre à l’agression sans ressentiment. Nous n’exerçons pas la volonté : la volonté est oubliée, mais cela signifie que la « volonté de la mémoire » est faible. La vigilance est la « volonté de la mémoire » - le rappel volontaire à la mémoire. Tout cela est facile à comprendre, difficile à appliquer. Et pourtant, il nous faut  appliquer. Dans qu’elle mesure ? Mon cher, dans la pleine mesure.

 

         Les parentés ne sont jamais altérées si les cœurs sont véridiques. Nécessairement, les points de vue doivent différer. C’est un fait scientifique que deux personnes ne peuvent avoir le même point de vue sur ce qu’elles observent, avec la même précision ou compréhension. S’il en est ainsi sur le plan physique, combien plus encore devrait-ce l’être sur le plan du cœur et du mental ! Faisons-nous confiance mutuellement, ayons foi dans le côté bon et positif du mental des uns et des autres (car c’est dans le Manas inférieur que se dressent les querelles etc...), cherchez ce qui unit et rejetez ce qui divise, et, par dessus tout, soyez patients les uns envers les autres. Il y a de la sagesse occulte dans l’un des sonnets de Shakespeare sur l’amour [voir la fin de la Lettre suivante où l’un de ces sonnets est cité]. La formule de Judge « Tenez bon, avec acharnement » a de nombreuses applications. Bien sûr, l’égotisme est la source des soucis et afflictions, des répulsions et des haines, à chaque occasion et à chaque stade. Régler les différents personnels, ou les supprimer, dans les intérêts les plus larges de notre Grand Travail, c’est un art en soi-même, que beaucoup de gens, même parmi nos étudiants, n’ont pas acquis. Pour y réussir avec un être, ou une demi-douzaine de personnes, nous devons pratiquer cette tolérance et cette force d’âme envers tous les êtres, sans exception. Si nous développons dans notre caractère une disposition amicale et, de ce fait, une capacité d’adaptation, les deux tiers de notre travail s’en trouvent accomplis - non seulement pour nous-mêmes mais aussi pour la Cause.

 

         Pardonner et oublier, c’est la technique pratique à mettre en œuvre pour appliquer la compassion dans le cœur. Il y a un rapport semblable entre l’amour et la compréhension ; celle-ci naît du premier : pas d’amour, pas de compréhension réelle. Mais quelqu’un peut avoir de l’amour sans comprendre, à cause d’une absence de philosophie et de connaissance.

 

 

  1. Trishanku - Nom d’un roi d’Ayodhyâ qui désirait monter au Ciel dans son corps mortel. Après bien des contretemps, il finit par obtenir de Vishvamitra qu’il célèbre le sacrifice nécessaire mais, une fois parvenu au Ciel, les dieux le précipitèrent la tête la première vers la terre, arrêté dans sa course par Vishvamitra, Trishanku resta suspendu dans l’air, et forme la constellation de la Croix du Sud {N.d.T.].

 

  1. Mot (probablement hindi) au sens vraisemblable « de bonne compagnie ».

 

(3) Mot hindi, au sens  de « condisciples » [bhâî signifiant frère].

 

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[1]    [Dans le zoroastrisme : "l'Ange des Ténèbres".]

[2]     Lettre adressée à A.O. Hume (1er décembre 1880) [N.d.T.]

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