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LA « DOCTRINE DE L'ŒIL » ET LA « DOCTRINE DU CŒUR », OU LE « SCEAU DU CŒUR »

Le professeur Albrecht Weber avait raison lorsqu'il déclarait que les Bouddhistes du Nord :

« Seuls possèdent ces Écritures [bouddhiques] complètes. »*

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* [L'histoire de la littérature indienne, tr. par John Mann et Theodor Zachariae édition anglaise, Londres : Trübner & Co., 1882, p. 288.]

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Tandis que les Bouddhistes du Sud n'ont aucune idée de l'existence d'une Doctrine Ésotérique – enchâssée comme une perle dans la coquille de chaque religion – les Chinois et les Tibétains ont conservé de nombreux documents sur ce fait. Dégénérée, déchue comme l'est maintenant la Doctrine publiquement prêchée par Gautama, elle est pourtant conservée dans ces monastères en Chine qui sont placés hors de portée des visiteurs. Et bien que pendant plus de deux millénaires, chaque nouveau "réformateur", prenant quelque chose de l'original, l'ait remplacé par une spéculation qui lui est propre, la vérité persiste encore aujourd'hui parmi les masses. Mais ce n'est que dans les forteresses transhimalayennes – vaguement appelées Tibet – dans les endroits les plus inaccessibles du désert et de la montagne, que la "bonne loi" ésotérique – le "sceau du cœur – vit jusqu'à nos jours dans toute sa pureté originelle.

Emanuel Swedenborg avait-il tort lorsqu'il a fait remarquer à propos de la Parole oubliée et perdue depuis longtemps :

« Cherchez-la en Chine ; peut-être la trouverez-vous dans le Grand Tartare. »†

Il avait obtenu cette information, disait-il à ses lecteurs, de certains « Esprits », qui lui avaient dit qu'ils célébraient leur culte selon cette ancienne Parole (perdue). À ce sujet, il a été remarqué dans Isis Dévoilée :

« …que d'autres étudiants en sciences occultes ont eu plus que la parole de "certains esprits" sur lesquels s'appuyer dans ce cas particulier – ils ont vu les livres »

qui contiennent la "Parole".‡ Peut-être les noms de ces « Esprits » qui ont rendu visite au grand théosophe suédois étaient-ils orientaux. La parole d'un homme d'une intégrité aussi indéniable et reconnue, de quelqu'un dont les connaissances en mathématiques, en astronomie, en sciences naturelles et en philosophie étaient bien en avance sur son époque, ne peut pas être pris à la légère ou rejetée sans précaution tout comme s'il s'agissait de l’affirmation d'un théosophe moderne ; de plus, il prétendait passer à volonté dans cet état où le Moi Intérieur se libère entièrement de tout sens physique, et vit et respire dans un monde où chaque secret de la Nature est un livre ouvert pour l'Œil de l'Ame.** Malheureusement deux-tiers de ses écrits publics sont aussi allégoriques, et comme ils ont été acceptés à la lettre, la critique n'a pas plus épargné le grand voyant suédois que les autres voyants.

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† [Voir L'Apocalypse révélée, tr. du latin par le révérend John Whitehead, Vol. I, ch. I, verset 4, note 11 ; p. 38 dans l'édition standard en anglais, de la Fondation américaine de Swedenborg, New York, 1947.]

Isis Unveiled, vol. II, p. 470.

** Si l’on n’a pas acquis les informations exactes et la bonne méthode, nos visions, aussi correctes et vraies soient-elles dans la vie de l'âme, ne parviendront jamais à être photographiées dans notre mémoire humaine, et certaines cellules du cerveau ne manqueront pas de bouleverser nos souvenirs.

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Après avoir donné un aperçu des Sciences cachées, de la Magie et leurs Adeptes en Europe, les Initiés de l'Orient doivent maintenant être mentionnés. Si la présence de l'Ésotérisme dans les Écritures Saintes d'Occident commence seulement aujourd’hui à être pressentie, après près de deux mille ans de foi aveugle en une sagesse prise à la lettre, on peut bien accorder la même chose aux Livres Sacrés d'Orient. Par conséquent, ni le système indien ni le système bouddhiste ne peuvent être compris sans clé, et l'étude de la religion comparée ne peut pas non plus devenir une « science » tant que les symboles de chaque religion ne livrent pas leurs ultimes secrets. Au mieux une telle étude restera une perte de temps, un jeu de cache-cache.

Selon une encyclopédie japonaise, Rémusat† montre le Bouddha, avant sa mort, transmettant les secrets de son système à son disciple, Kāsyapa, à qui seul fut confiée la garde sacrée de l'interprétation ésotérique. Il est appelé en Chine Ching-fa-yin-Tsang ("le Mystère de l'Œil de la Bonne Doctrine"). Pour tout étudiant de l'Esotérisme Bouddhique, le terme « Mystère de l'« Œil » » montre l'absence de tout ésotérisme. Si le mot « Cœur » avait tenu sa place, il aurait signifié ce qu'il prétend maintenant transmettre. La « Doctrine de l'œil » signifie dogme et lettre morte, ritualisme ecclésiastique destiné à ceux qui se contentent de formules exotériques. La « Doctrine du Cœur », ou le « Sceau du Cœur » (le Sin Yin) est la seule vraie. Cela peut être trouvé corroboré par Hiuen Tsang. Dans sa traduction du Mahā-Prajńā-Pāramitā (Ta-poh-je-King), en cent vingt volumes, il est dit que c'était « Ananda, le disciple préféré » du Bouddha qui, après que son grand Maître fut entré en Nirvana, fut chargé par Kāsyapa de promulguer « la Doctrine de l'Œil », le « Cœur » de la Loi étant réservé aux seuls Arhats.

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† [Voir p. 249 : Foe-Koue Ki ou Relation des Royaumes Bouddhiques. . . par M. Abel Rémusat. Paris, L'Imprimerie Royale, 1836.]

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La différence essentielle qui existe entre les deux – l'« Œil » et le « Cœur », ou la forme extérieure et le sens caché, la froide métaphysique et la Sagesse divine – est clairement démontrée dans plusieurs volumes sur le « Bouddhisme chinois », écrits par divers missionnaires. Ayant vécu pendant des années en Chine, ils n'en savent toujours pas plus que ce qu'ils ont appris des écoles prétentieuses se disant ésotériques, mais fournissant librement aux ennemis déclarés de leur foi des manuscrits et des ouvrages ésotériques prétendument anciens ! Cette contradiction ridicule entre la profession et la pratique n'a, semble-t-il, jamais interpellé aucun des historiens occidentaux et vénérables de l’authenticité des secrets des autres. Ainsi, de nombreuses écoles ésotériques sont mentionnées dans le Chinese Buddhism du révérend Joseph Edkins, qui croit très sincèrement avoir fait « un examen minutieux » des principes secrets des bouddhistes dont les œuvres « étaient jusqu'à ces derniers temps inaccessibles dans leur forme originale ». Ce n'est vraiment pas trop exagéré de dire d'emblée que la véritable littérature ésotérique est "inaccessible" à ce jour, et que le respectable monsieur inspiré qui déclarera :

« qu'il ne semble pas qu'il y ait eu une quelconque doctrine secrète qui n’était pas divulguée par ceux qui connaissaient… »

commit une grave erreur s'il a vraiment cru à ce qu'il dit à la page 161 de son ouvrage. Qu'il sache tout de suite que tous ces Yu-luh (« Recueils des Paroles ») d'instructeurs célèbres sont tout simplement des voiles aussi obscures, sinon plus, que ceux dans les Purana des Brâhmanes. Il est inutile d'énumérer une suite interminable d’éminents savants orientaux ou de mettre en avant les recherches de Rémusat, Burnouf, Koeppen†, St. Hilaire et St. Julian, qui sont crédités d'avoir dévoilé l'ancien monde hindou, en révélant les livres sacrés et secrets du bouddhisme ; le monde qu'ils révèlent n'a jamais été voilé. Les erreurs de tous les orientalistes peuvent être jugées par celle de l'un des plus populaires, sinon le plus grand d'entre eux, le professeur Max Muller. On se réfère à la manière risible par laquelle il a traduit le mot Ka : le « dieu Qui ».

« … les auteurs des Brāhmanas avaient de manière exagérée complètement rompu avec le passé, oublieux du caractère poétique des hymnes et de la quête des poètes du Dieu Inconnu, qu’ils exaltèrent le pronom interrogatif lui-même en divinité et reconnurent un dieu Ka (ou qui ?) . . . partout, en réponse à tous les versets interrogatifs, l'auteur déclare que Ka est Prajāpati, ou le Seigneur des créatures ; et ils ne s’arrêtent pas là. Certains hymnes dans lesquels le pronom interrogatif apparaissait étaient appelés Kadvat, i. e., ayant Kad ou Quoi. Mais bientôt un nouvel adjectif a été formé, et non seulement les hymnes, mais aussi le sacrifice offert au dieu furent appelés Kaya, ou "Qui"-est. . . . A l'époque de Panini, ce mot avait acquis une telle légitimité qu’on fit appel à une règle distincte pour expliquer son sens originel. . . Le commentateur explique ici Ka par Brahman. »*

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† [Probablement de Karl Friedrich Köppen, auteur de Die Religion Des Buddha, Berlin 1857.]

* [Une histoire de la littérature sanskrite ancienne, pp. 433-34. Londres, Wms. & Norgate, 1859.]

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Si le commentateur l'avait même défini par Parabrahman, il aurait été encore bien plus dans le vrai qu'il ne l'était en le traduisant par « Brahman ». On ne voit pas pourquoi l’Absolu le Mystérieux secret et sacré de l'Esprit le plus élevé, sans sexe, sans forme, – que personne n'aurait osé associer à l’immobilité des Déités manifestées, ni même nommer dans la nomenclature primitive du Panthéon symbolique – ne devait pas être désigné par un pronom interrogatif. Est-ce que ce sont ceux qui appartiennent à la religion la plus anthropomorphique du monde qui auraient le droit de prendre à partie les anciens philosophes et leur reprocher leur crainte et vénération religieuse excessive ?

Mais nous sommes maintenant concernés par le bouddhisme. Son ésotérisme et son instruction orale, conservé à l’abri dans les écrits en exemplaires uniques par les plus hauts dignitaires des véritables écoles ésotériques, sont présentés par l'auteur du San-kiau-yi-su. Opposant Bodhidharma à Bouddha, il s'exclame :

. . . "Julai" (Tathāgata), a enseigné de grandes vérités et les causes des choses. Il est devenu l'instructeur des hommes et des Devas. Il a sauvé des multitudes et a parlé du contenu de plus de cinq cents ouvrages. De là est né le Kiau-men, ou branche exotérique du système, et on croyait que c'était de tradition les paroles du Bouddha. Bodhidharma a apporté du ciel occidental [Shamballa] le « sceau de la vérité » (véritable sceau), et a ouvert la fontaine de contemplation à l'Orient. Il montra directement le cœur et la nature du Bouddha, balaya l’excroissance parasitaire et étrangère de l'enseignement des livres, et établit ainsi le Tsung-men, ou branche ésotérique du système, contenant la tradition du cœur de Bouddha.*

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* Chinese Buddhism, p. 158. Le révérend Joseph Edkins ignore ou, ce qui est plus probable, est totalement ignorant de l'existence réelle de telles écoles, et juge par les travestissements chinois de celles-ci, appelant un tel ésotérisme « bouddhisme hétérodoxe ». Et il en est ainsi, dans un sens.

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Quelques remarques de l'auteur du Chinese Buddhism jettent un flot de lumière sur les idées fausses et habituelles des orientalistes en général, et des missionnaires dans les « pays des Gentils » en particulier. Ils font très fortement appel à l'intuition des théosophes, plus particulièrement de ceux de l'Inde. Les phrases à remarquer sont en italique.

« Le mot commun [chinois] pour les écoles ésotériques est dan, correspondant en Sanskrit à Dhyāna. . . . Le bouddhisme orthodoxe est devenu lentement mais sûrement hétérodoxe en Chine. Le bouddhisme des livres et des traditions anciennes est devenu le bouddhisme de la contemplation mystique. . . . L'histoire des anciennes écoles, nées jadis dans les communautés bouddhiques de l'Inde, ne peut être aujourd'hui que très partiellement retrouvée. Il est possible que la Chine jette un peu de lumière sur l'histoire religieuse du pays, d'où est issu le bouddhisme.† Nulle part dans l'histoire, l'aide à retrouver cette connaissance perdue n'est plus susceptible d'être trouvée que dans les récits des patriarches, dont la lignée a été complétée par Bodhidharma. En cherchant la meilleure explication du récit chinois et japonais des patriarches et des sept bouddhas se terminant par Gautama ou Shākyamuni, il est important de connaître les traditions jaïns telles qu'elles étaient au début du sixième siècle de notre ère, lorsque le patriarche Bodhidharma s’est retiré en Chine. . . .

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† Ce pays, l'Inde, n'a perdu les annales de ces écoles et de leurs enseignements que pour le grand public, et en particulier les orientalistes occidentaux peu à même de les comprendre. Il les a conservés intégralement dans certains Mathams (refuges de contemplation mystique). Mais peut-être vaut-il mieux les chercher auprès de leurs propriétaires légitimes, les soi-disant Adeptes « mythiques », ou Mahātmas.

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En retraçant l’expansion des différentes écoles du bouddhisme ésotérique, il faut garder à l'esprit qu'un principe, quelque peu similaire au dogme de la succession apostolique, est propre à toutes. Ils professent tous tirer leurs doctrines d'une succession d'enseignants, chacun instruit personnellement par son prédécesseur, jusqu'à l'époque de Bodhidharma, et ainsi, plus loin dans la série, jusqu'à Shakyamuni lui-même et les bouddhas qui l’ont précédé. » *

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* Chinese Buddhism, pp. 155-159.

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Plus loin il se lamente et mentionne comme une dérive au strict bouddhisme orthodoxe, que les Lamas du Tibet sont reçus à Pékin avec le plus grand respect par l'Empereur. Les passages suivants, tirés de différentes parties du livre, résument les vues de M. Edkin :

« Il n'est pas rare de rencontrer des ermites à proximité de grands temples bouddhiques... qui laissent pousser leurs cheveux sans les tondre. . . . La doctrine de la métempsycose est rejetée. . . Le bouddhisme [est] une forme de panthéisme du fait que la doctrine de la métempsycose imprègne toute la nature instinctive de vie, et que cette vie est la Déité assumant différentes formes de personnalité ; cette Déité, n’étant pas un être soi-conscient, Première cause agissant librement, mais un esprit omniprésent. Les bouddhistes ésotériques de Chine, fidèles à leur seule doctrine,† ne disent rien de la métempsycose, . . . ou toute autre partie plus matérialiste du système bouddhique. . . ... Le paradis occidental promis aux adorateurs d'Amida-Bouddha est . . . incompatible avec la doctrine du Nirvana [?]‡ Il promet l'immortalité au lieu de l'annihilation. La grande antiquité de cette école est évidente à partir de la date précoce de la traduction de l'Amida Sütra, qui est issu des mains de Kumārajīva, et du Wu-liang-sheu-king, datant de la dynastie Han. Sa large influence se voit dans l'attachement des Tibétains et des Mongols au culte de ce Bouddha, et dans le fait que le nom de ce personnage fictif [?] est plus communément entendu dans la conversation quotidienne du peuple chinois que celui du Bouddha historique Shakyamuni. »*

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† Ils rejettent certainement très catégoriquement la théorie populaire de la transmigration des entités humaines ou des âmes dans les animaux, mais pas l'évolution des hommes à partir des animaux - en ce qui concerne, du moins, leurs principes inférieurs.

‡ Elle est tout à fait cohérente, au contraire, lorsqu'elle est expliquée à la lumière de la Doctrine Ésotérique. Le « paradis occidental », ou le ciel occidental, n'est pas une fiction située dans l'espace transcendantal. C'est une authentique localité dans les montagnes, ou, pour être plus exact, encerclée dans un désert à l'intérieur des montagnes. Par conséquent, il est assigné à la résidence des étudiants de la Sagesse Ésotérique – disciples de Bouddha – qui ont atteint le rang de Lohans et d'Anāgāmins (Adeptes). Il est appelé « occidental » simplement à partir de considérations géographiques ; et « la grande ceinture de montagne de fer » qui entoure l'Avichi, et les sept Lokas qui encerclent le « paradis occidental » sont une représentation très exacte de localités et de choses bien connues de l'étudiant oriental de l'occultisme.

* Op. cit., p. 166-67 ; 171.

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Nous craignons que le savant écrivain soit sur une fausse piste quant au Nirvana et à Amita-Bouddha. Cependant, nous avons ici le témoignage d'un missionnaire pour montrer qu'il existe plusieurs écoles de bouddhisme ésotérique dans l’Empire Céleste. Lorsque l'abus des Écritures bouddhistes dogmatiques orthodoxes atteignit son apogée et que le véritable esprit de la philosophie du Bouddha fut presque perdu, plusieurs réformateurs apparurent de l'Inde, qui ne délivrèrent qu’un enseignement oral. Tels furent Bodhidharma et Nāgārjuna, les auteurs des œuvres les plus importantes de l'École contemplative en Chine durant les premiers siècles de notre ère. On sait d'ailleurs, comme il est dit dans Chinese Buddhism, que Bodhidharma devint le fondateur en chef des écoles ésotériques, qui furent divisées en cinq branches principales. Les données fournies sont suffisamment correctes, mais chaque conclusion, sans aucune exception, est fausse. Il a été dit dans Isis Dévoilée que – Bouddha enseigna la doctrine d'une nouvelle naissance aussi clairement que Jésus. Désireux de rompre avec les anciens Mystères impossibles à admettre par les masses ignorantes, le réformateur hindou, quoique généralement silencieux sur plus d'un dogme secret, énonce clairement sa pensée en plusieurs passages. Ainsi, il dit : « Certaines personnes naissent à nouveau ; les pêcheurs vont en enfer [Avichi] ; les justes vont au ciel [Devachan] ; ceux qui sont libres de tous les désirs du monde entrent en Nirvana » (Dhammapada, § 126). Ailleurs Bouddha déclare qu'il vaut mieux croire en une vie future, dans laquelle le bonheur ou la misère peuvent être ressentis : car si le cœur y adhère « il abandonnera le péché et agira vertueusement ; et même s'il n'y a pas de résurrection [renaissance], une telle vie accordera une bonne réputation et la récompense des hommes. Mais ceux qui croient à l'extinction à la mort ne manqueront pas de commettre des péchés qu’ils accompliront à cause de leur incrédulité sur l’avenir. »†

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Isis Dévoilée, Vol. II, p. 566, citant The Wheel of the Law d'Albaster, p. 42.

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En quoi l'immortalité est-elle donc « incompatible avec la doctrine du Nirvana » ? Ce qui précède ne sont que quelques-unes des pensées ouvertement exprimées par Bouddha à ses disciples Arhats ; le grand saint en dit beaucoup plus. En guise de commentaire sur les vues erronées soutenues en notre siècle par les Orientalistes, « qui essaient vainement de sonder les pensées du Tathāgata », et celles des Brāhmanes, « qui répudient le grand Maître encore aujourd’hui », voici quelques pensées originales exprimées par rapport au Bouddha et à l'étude des Sciences Secrètes. Ils sont tirés d'un ouvrage écrit en chinois par un Tibétain, et publié au monastère de Tientai pour être diffusé parmi les bouddhistes :

« qui vivent dans des pays étrangers et risquent d'être influencés négativement par les missionnaires, »

comme le dit si bien l'auteur, chaque converti étant non seulement « corrompu » par sa croyance, mais aussi devenant une piètre acquisition pour le christianisme. Une traduction de quelques passages, aimablement faite à partir de ce travail pour le présent article, est maintenant donnée :

« Aucune oreille profane n'ayant entendu les puissants Chau-yan [préceptes secrets et éclairants] de Wu-Wei-chen-jen [Le Bouddha dans le Bouddha]*, de notre bien-aimé Seigneur et Bodhisattva, comment peut-on dire quelles étaient réellement ses pensées ? Le saint Sang-gyas-Panchen† n'a jamais délivré un aperçu de la Réalité Une aux Bhikkus non réformés [non-initiés]. Rares sont ceux, même parmi les Tu-fon [Tibétains] qui le savaient ; quant aux écoles Tsung-men‡, elles dérivent chaque jour plus bas. Même le Fa-hsiang-Tsung§ ne peut donner à quelqu'un la sagesse enseignée dans le vrai Naljor-chod-pa [Yogacharya en Sanskrit:||] : . . . c'est toute la Doctrine de "l’Œil", et rien de plus. La perte d'une discipline contraignante se fait sentir, puisque les Tch'-an-si [instructeurs] de méditation intérieure [auto-contemplation ou Tchung-kwan] sont devenus rares, et la Bonne Loi est remplacée par l'idolâtrie [Siang-kyan ]. »

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* Le mot est traduit par les orientalistes par « vrai homme sans localisation », (?) ce qui est très trompeur. Cela signifie simplement le véritable homme intérieur, ou Ego, "Bouddha dans Bouddha", ce qui signifie qu'il y avait un Gautama à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur.

† L'un des titres de Gautama Bouddha au Tibet.

‡ Les écoles « ésotériques », ou sectes, qui sont nombreuses en Chine.

§ Une école de contemplation fondée par Hiuen-Tsang, le voyageur, presque éteint. Fa-hsiang-Tsung signifie "l'école qui dévoile la nature profonde des choses".

|| Enseignement ésotérique ou caché du yoga (chinois : Yogi-mi-kean).

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« C'est de ce [culte des idoles ou des images] que les Barbares [peuple occidental] ont entendu parler, et ne savent rien du Bas-pa-Dharma [le Dharma secret ou la doctrine]. Pourquoi la vérité se cache-t-elle comme une tortue dans sa carapace ? Parce qu'il s'avère maintenant qu'elle est devenu comme le couteau à tonsure du Lama*, une arme trop dangereuse pour être utilisée même pour les Lanoo. Par conséquent, personne ne peut se voir confier la connaissance [Science secrète] avant son temps. Les Chagpa-Thog-med sont devenus rares, et les meilleurs se sont retirés à Tushita le Bienheureux.† »

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* Le "couteau à tonsure" est fait de fer météorique et est utilisé dans le but de couper le « verrou du vœu », ou les cheveux de la tête du novice lors de sa première ordination. Il a une lame à double tranchant, est aiguisé comme un rasoir et repose caché dans le manche creux d’une corne. En touchant un ressort, la lame jaillit comme un éclair et se replie avec la même rapidité. Une grande dextérité est requise pour l'utiliser sans blesser la tête des jeunes Gelong et Gelong-ma (candidats à devenir prêtres et nonnes) lors des rites préliminaires, qui sont publics.

† Chagpa-Thog-med est le nom tibétain de Āryāsanga, le fondateur de l'école Yogacharyā ou Naljorchodpa. On dit que ce Sage et Initié a appris la "Sagesse" du Bouddha Maitreya Lui-même, le Bouddha de la Sixième Race, à Tushita (une région céleste présidée par Lui), et qu'il a reçu de Lui les cinq livres de Champai-chos-nga. La Doctrine Secrète enseigne cependant qu'il venait de Dejung, ou Sambhala, appelé la "source du bonheur" ("sagesse acquise") et déclaré par certains orientalistes comme un lieu "fabuleux".

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Plus loin, un homme cherchant à maîtriser les mystères de l'ésotérisme avant qu’il eût été déclaré par les initiés Tch'-an-si (enseignants) prêt à les recevoir, est assimilé à

« Celui qui, sans lanterne et par une nuit noire, se rendrait dans un endroit plein de scorpions, déterminé à toucher par terre une aiguille que son voisin aurait laissée tomber. »

Encore :

« Celui qui veut acquérir la Connaissance Sacrée doit, avant d'aller plus loin, « allumer sa lampe de compréhension intérieure », puis « avec l'aide d'une telle bonne lumière », utiliser ses actions méritoires comme un chiffon à poussière pour enlever toute impureté de son miroir mystique,‡ afin qu'il puisse voir dans tout son éclat le parfait reflet du Soi. . . ... D'abord, ceci ; puis Tong-pa-nyi*, enfin ; Samma Sambuddha.†

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‡ Il n'est peut-être pas inutile de rappeler au lecteur que le « miroir » faisait partie du symbolisme des Thesmophoria, une partie des Mystères d'Eleusis ; et qu'il a été utilisé dans la quête d'Atmu, le " Caché " ou " Soi ". Dans son excellent article sur les mystères susmentionnés, le Dr Alexander Wilder de New York dit : . . . « Malgré l'affirmation d'Hérodote et d'autres, que les mystères bachiques étaient égyptiens, il existe une forte probabilité qu'ils soient originaires de l'Inde et qu'ils aient été Saivites ou bouddhiques. Coré-Persephoneia n'était que la déesse Parau-pani ou Bhavānī, la patronne des Voyous, appelée aussi Gorée ; et Zagreus vient de Chakra, un pays qui s'étend d'un océan à l'autre. S'il s'agit d'une histoire touranienne ou tartare, nous pouvons facilement reconnaître les « cornes » comme le croissant porté par les prêtres-lama ; et traduire les noms de dieux par de simples désignations sacerdotales, suppose que toute la légende [la fable de Dionysos-Zagreus] est basée sur une histoire de succession de Lama et de transmigration. . . . Toute l'histoire d'Orphée... a une résonance hindoue d'un bout à l'autre. [Cité p. xv fn. dans Eleusinian & Bacchic Mysteries de Thomas Taylor. Wizards Bookshelf, Reprint, 1980.] L'histoire de " succession de Lama et de transmigration" n'est pas née avec les Lamas, qui ne remontent qu'au septième siècle, mais encore plus tôt, aux Chaldéens et aux Brâhmanes.

* L'état d’absolue libération de tout péché ou désir.

† L'état au cours duquel un Adepte voit la longue série de ses naissances et vies passées, tout au long de toutes ses incarnations précédentes dans ce monde et dans les autres. (Voir l'admirable description dans La Lumière de l'Asie, Livre VII, p. 166, éd. Anglaise de 1884).

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Dans le Chinese Buddhism [pp. 163-64] une corroboration de ces affirmations est cité dans les Aphorismes de Lin-tsi :

« Dans le corps qui reçoit des sensations, acquiert des connaissances, pense et agit, il y a « l'homme vrai sans localisation » Wu-wei- chen-jen. Il se rend clairement visible ; aucun film séparateur le plus mince ne le cache. Pourquoi ne le reconnaissez-vous pas ? . . . Si l'esprit ne vient pas à l'existence consciente, il y a délivrance partout. . . . . Qu'est-ce que Bouddha ? Réponse : Un esprit pur et au repos. Qu'est-ce que la Loi ? Réponse : Un esprit clair et éclairé. Qu'est-ce que Tau ? Réponse : En tout lieu absence d'obstacles et illumination pure. Ces trois sont un. »‡

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‡ [Voir Les paroles enregistrées du maître Chan Lin-chi . . . tr. par R. F. Sasaki. Kyoto, Institut d'études zen, 1975.]

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Le révérend auteur du Chinese Buddhism se moque du symbolisme de la discipline bouddhiste. Cependant s’infliger à soi-même des “frappes sur les joues” ou des “coups sur les côtes” ont leur pendant dans les mortifications du corps et l’auto-flagellation — ”la discipline du fouet” — des moines Chrétiens, depuis les premiers siècles de la Chrétienté jusqu'à nos jours. Mais ledit auteur est un protestant, qui substitue à la mortification et à la discipline la bonne vie et le confort. La phrase dans le Lin-tsi,

« Le « vrai homme, sans position », Wu-wei-chen-jen, est enveloppé dans une coquille épineuse, comme la châtaigne. Il ne peut pas être approché. C'est Bouddha – le Bouddha en vous »,

on se moque de lui. Vraiment :

« Un enfant ne peut pas comprendre les sept énigmes ! »*

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* [Loc. cit.]

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