Les Maîtres sont ceux qui possèdent la mémoire authentique de toutes les étapes qu’ils ont franchies – la connaissance de toutes les civilisations passées, la compréhension de tout ce que chaque être humain doit expérimenter, la perception de toutes les lois qui régissent l’évolution. Étant les gardiens de cette connaissance et nos Frères Aînés, Ils sont prêts à aider l’humanité de la seule manière qui Leur soit permise – en enregistrant la somme de connaissances que nous sommes en mesure d’assimiler, en nous guidant pour que nous puissions l’utiliser correctement pour le bénéfice de tous les êtres humains, afin que l’ensemble de l’humanité puisse progresser de façon harmonieuse vers son véritable objectif. Une individualisation de plus en plus poussée, une gamme de perceptions de plus en plus étendue, telles sont les perspectives de notre évolution ; il existe cependant deux voies qui permettent de les atteindre : l’une conduit à une individualisation égoïste, et tournée vers l’intérêt personnel, tandis que l’autre ne cesse d’œuvrer pour le bien de l’humanité. Le Frère Aîné s’élève autant qu’il le peut mais s’arrête devant la dernière porte qui le séparerait du reste de l’humanité, pour faire demi-tour et reprendre un corps de la race en cours, comme le fit Jésus, afin de pouvoir aider ceux qui en savent moins que Lui. C’est ainsi que nous ne serons jamais seuls. Jamais ces Grands Êtres n’interrompront leur œuvre, qui est une œuvre d’amour. Mais c’est à nous qu’il appartient de déterminer, à plus ou moins brève échéance, si nous continuerons à souffrir pendant des éons et des millions de vies passées dans l’ignorance, ou si nous suivrons le chemin qu’Ils indiquent et qui mène droit au but – ce qui implique le pouvoir de connaître la vérité directement et infailliblement, ainsi que la mémoire authentique.
Nous devrions abandonner l’idée que nous sommes de pauvres, faibles et misérables créatures, incapables de faire quoi que ce soit par nous-mêmes ; en effet, tant que nous nous attacherons à cette idée, nous ne ferons jamais rien. Nous devrions défendre une autre idée, selon laquelle nous sommes l’Esprit, et immortels, et lorsque nous serons parvenus à comprendre ce qu’elle signifie, son pouvoir viendra nous traverser, sans limites et dans toutes les directions, excepté dans celle des instruments que nous avons nous-mêmes rendus imparfaits. Aussi rejetons cette idée que nous sommes ce corps faible, misérable et défectueux, sur lequel nous avons si peu de contrôle. Nous ne pouvons arrêter le battement de notre cœur, nous ne pouvons cesser de respirer sans détruire notre corps ; nous ne pouvons mettre un frein aux incessantes dissociations de matière qui s’y produisent, ni empêcher sa dissolution finale. Certaines personnes parlent de « manifester » contre la mort, mais autant manifester contre la chute des feuilles des arbres aux premières bourrasques de l’hiver. La mort existera toujours, et elle présente un grand avantage. Si nous ne changions pas de corps, comment pourrions nous progresser ? Sommes nous tellement satisfaits de nos corps actuels pour ne pas souhaiter en changer ? Certainement pas. Dans cette vie, les seules choses que nous puissions garder en permanence sont notre nature spirituelle et la grande compassion divine qui pourrait se traduire par le mot « amour ».
Personne ne peut rien connaître à la place d'un autre. Chacun doit gagner la connaissance par lui-même. Chacun doit faire son propre apprentissage. L'objectif de la Théosophie est d'enseigner à l'homme ce qu'il est, de lui montrer ce qu'il est et de lui faire admettre la nécessité d'apprendre par lui-même. Il n'y a pas de « rémission des péchés » [par le sacrifice d'un autre] pas de transmission de connaissance par procuration - c'est impossible. Mais il est possible d'indiquer la direction où chercher la connaissance ; les étapes à franchir dans ce sens peuvent nous être indiquées, et ce uniquement par ceux qui les ont franchies avant nous. Et c'est exactement ce qui est en train de se passer. C'est la démarche de tous les Sauveurs de l'Humanité. C'est la doctrine de Krishna, du Bouddha, de Jésus, tout comme celle de H.P. Blavatsky. Les deux enseignements dont l'Occident a le plus besoin sont ceux de Karma et de la Réincarnation, des doctrines d'espoir et de responsabilisation. Karma, doctrine de la responsabilité, enseigne que tout ce qu'un homme sème, il le récoltera. Et la Réincarnation est doctrine d'espoir en ceci : quelle que soit la récolte actuelle, jamais ne viendra un temps où l'homme ne pourra semer de meilleures graines. Le fait même de souffrir est une bénédiction. Karma et Réincarnation nous enseignent que la souffrance résulte de pensées et d'actions erronées ; c'est elle qui amène à comprendre que nous avons mal agi. Nous apprenons par notre souffrance.
« Nous devons passer de vie en vie pour comprendre finalement notre véritable nature, et nous engager sur la voie préconisée par les Sages de toutes les époques, la voie par laquelle Ils ont acquis Leur sagesse. La Théosophie a été communiquée au monde afin d’éveiller les âmes susceptibles de le faire, même à un moindre degré, pour qu’elles rejoignent le groupe des pèlerins qui cheminent avec les yeux tournés vers les Maîtres de Sagesse, sans se préoccuper de leur condition présente, mais qui se débarrassent de leurs défauts, plus ou moins vite afin de devenir des pionniers, des aides et des guides pour les humanités à venir. Avec leur courage et leur confiance dans les Grands Êtres, ils apprennent progressivement, et en viennent à reprendre possession des pouvoirs que nous possédons tous sans toutefois parvenir à les manifester. Nul ne saurait exprimer avec des mots ce que peut apporter la connaissance spirituelle comme puissance, bonheur, libération de toute forme de peur et réalisation de l'immortalité pour l'homme encore incarné. Cette connaissance et ces pouvoirs sont à la portée de tous. »
Comme l'ont dit les Anciens : « Le Grand Soi brille dans tous les êtres, mais il ne rayonne pas en tous ». Nous pouvons atteindre ce Soi Unique, cet Esprit Unique, source de toute loi, de toute potentialité - capable de produire tout changement, mais lui-même immuable - et qui est à jamais celui qui goûte l'expérience, qui jouit ou qui souffre de ces changements. Le pouvoir provient de cette connaissance qui jaillit spontanément au sein de notre être parce qu'elle réside au tréfonds de notre nature.
Les mêmes pouvoirs existent en chacun de nous, et cependant nous nous trouvons sur des degrés de l’échelle de l’existence où nous pouvons voir de nombreux êtres en dessous, et d’autres, plus évolués, au-dessus de nous. L’humanité actuelle est en train de construire un pont de pensée reliant les règnes inférieurs aux règnes supérieurs. Si on le considère globalement, le but de notre incarnation, de notre descente dans la matière, ne consiste pas uniquement à apprendre à mieux connaître la matière, mais aussi à inciter les règnes moins évolués à progresser vers notre niveau. Pour les règnes inférieurs, nous avons le statut de dieux. De nous dépend leur bonheur ou leur malheur. C’est notre mauvaise conception du but de la vie qui rend la Nature si dure, qui produit tous les malheurs et les désastres qui nous affligent sous forme de cyclones, de tornades, de maladies et d’épidémies de toutes sortes. Ce sont nos propres actions qui les provoquent tous. Comment cela ? Dans nos corps réside la sublimation des règnes minéraux, végétaux et animaux, qui représentent eux-mêmes des vies. Chaque cellule de notre corps expérimente la naissance, la jeunesse, la maturité, la dégénérescence, la mort et la réincarnation. Par nos pensées, désirs ou sentiments, quels qu’ils soient, nous communiquons à toutes ces vies une énergie qui va les aider ou qui au contraire leur nuira. Ces vies sortent de nous dans une bonne ou une mauvaise direction, et retournent dans leurs règnes chargées de bien ou de mal. Ainsi, par un manque de compréhension de notre véritable nature, en ne comprenant pas la Fraternité Universelle, nous nous acquittons mal de nos devoirs sur notre propre plan, et n’aidons qu’imparfaitement l’évolution des règnes inférieurs. Nous ne pouvons comprendre notre responsabilité envers eux qu’en réalisant que chaque être est en train de s’élever ; que tous ceux qui sont plus avancés que l’homme ont été des hommes autrefois ; que tout ce qui est inférieur à l’homme atteindra un jour son niveau, quand nous-mêmes serons plus avancés ; que chaque forme, être ou individualisation ne représente qu’un des nombreux aspects de l’Esprit Unique.
Il y a ce qui se situe au-delà du langage, de la description, au-delà des conceptions – ce qu'il y a de plus élevé dans l'univers. Mais devons-nous aller le chercher dans les cieux, la mer, les lieux secrets de la terre, en quelque endroit que ce soit, ou est-il beaucoup plus proche de nous, en nous-mêmes ? Car tout ce qu'un homme peut savoir de Dieu ou du Suprême, c'est ce qu'il en connaît en lui-même, de lui-même et par lui-même. Il n'est pas d'autre lieu de connaissance pour nous. Et cependant, nous devons en même temps percevoir que ce Dieu – ou cette Divinité – n'est absent d'aucune chose, qu'il est immanent à l'ensemble, omniprésent, qu'il est la racine, la semence de chaque être, de toute espèce, en tout lieu ; que rien, pas même un grain de sable ou de poussière, n’est exempt de cette Source, soutien de l'ensemble de l'univers manifesté. Ainsi nous pouvons imaginer ce Dieu à la manière des anciens, comme étant ''sis dans le cœur de tous les êtres'', car il y a dans le cœur de l'homme ce d'où procèdent toute émotion, toute vie véritable, toute conception authentique. Le cœur n'est pas la tête – le cœur de l'homme peut être juste et sain, et sa tête se tromper. L'impression de vérité qu'on éprouve dans le cœur n'est pas infirmée par telle ou telle pensée ; chacun ne peut l'expérimenter que pour lui-même, au sein de lui-même. Dieu n'est pas un Dieu extérieur, il doit être cherché dans les recoins les plus intimes de notre propre nature, dans la chambre silencieuse, dans le temple intérieur de notre être, et nulle part ailleurs.
C'est dans les incidents de la vie quotidienne et par eux, dans le travail bien fait, dans les devoirs consciencieusement accomplis, que nous pouvons aujourd'hui faire le plus de progrès dans la vie supérieure — un progrès lent, peut-être, mais certain. Tels sont les jalons vers un meilleur état de choses. Nous avançons plus rapidement lorsque nous nous arrêtons pour aider d'autres compagnons de route. C'est lorsque nous sacrifions le plus que nous recevons le plus. Nous atteignons l'amour Divin dans sa plénitude lorsque nous aimons nos frères avec un amour dénué de tout égoïsme. Nous nous unissons avec le Suprême lorsque nous nous oublions nous-mêmes dans le Service de l'Humanité.
Que sont les dons spirituels ? Comment les obtenir ? W.Q. Judge (C.T. 2)
« Sous le masque de la personnalité inférieure se cache le divin incarné. Confiant en la réalité de ses qualités divines latentes, l'homme ne doit désespérer ni de son prochain, ni de lui-même. Dans les rapports humains la confiance dans une bonne volonté réciproque devrait constamment être envisagée. L'intrépidité n'est pas la folle témérité, elle demande un esprit lucide, sans peur, qui est capable de faire le premier pas et de se dévoiler à l'adversaire. Comment une âme lâche aurait-elle le courage de surmonter toutes les difficultés qui surgissent de toutes parts, qui sont inévitables et qui se trouvent sur le chemin qui conduit à la véritable réalisation de l'Amour par la Fraternité Universelle ? »
Nous devons être prêts à dire à tout moment et en toute circonstance, prévue ou imprévue : « C'est exactement ce qu'en fait je désirais ». Car seuls sont susceptibles d'être dissipés les idéaux qui reposent sur une base inférieure au but le plus élevé, ou qui ne sont pas en harmonie avec la Loi de la Nature (ou de Dieu). Étant donné que notre but devrait être d'atteindre l'état suprême et d'aider tous les autres êtres sensibles à faire de même, nous devons cultiver en nous une disposition d'abandon complet à la Loi, dont la manifestation et l'opération sont visibles dans les circonstances de la vie, et dans le flux et le reflux de notre être intérieur. Tous les agréments que les richesses, la beauté, l'art ou le plaisir peuvent rapporter, ne sont que des points d'eau rencontrés sur notre sentier, dans son parcours vagabond à travers le désert de la vie. Si nous ne les recherchons pas, leur apparition nous donne un plaisir intense et nous sommes ainsi à même de les employer pour notre bien et celui des autres, aussi longtemps que la Loi les laisse à notre portée ; mais dès que cette puissance supérieure nous les retire, nous devons dire : « C'est exactement ce qu'en fait je désirais ». Toute autre démarche n'est qu'aveuglement. Les spectacles fugitifs de la vie, qu'ils soient chargés de désastres ou rayonnants de célébrité et de gloire, sont tous des instructeurs ; celui qui les néglige, néglige des opportunités que les dieux réitèrent rarement. Et le seul moyen pour en tirer les leçons passe par le renoncement du cœur ; car dès que nous devenons de cœur complètement dépouillés, nous sommes aussitôt les trésoriers et les dispensateurs d'immenses richesses.