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Intoxication astrale, W.Q. Judge. 

Article publié en anglais dans le Path d’octobre. 1887.

Il peut se produire une sorte d'intoxication au cours de la recherche imprudente de ce que nous imaginons être à tort la spiritualité.

Dans la Bible chrétienne, on nous conseille sagement d'« éprouver » toute chose et de nous en tenir uniquement à ce qui est bon ; ce conseil est aussi valable pour l'étudiant de l'occultisme qui pense, s'être séparé de ces gens « inférieurs » attachés aux dogmes ou consultant les tables pour en obtenir des messages de parents ou d'ennemis décédés, que pour les spirites qui croient au « summerland » et aux « esprits qui reviennent ».

La surface paisible de la mer de l'esprit est le seul miroir dans lequel puissent être saisies les choses spirituelles clairement reflétées. Quand un étudiant entre sur le sentier et commence à voir des points lumineux éclater de temps en temps ou des boules de feu dorées qui roulent en le devançant, cela ne veut pas dire qu'il voit le Soi réel, l'esprit pur. Un moment de paix très profonde, ou de révélations extraordinaires, accordé à l'étudiant, n'est pas le moment solennel où il est sur le point de voir son guide spirituel, bien moins encore sa propre âme. Pas plus que le jaillissement psychique d'une flamme bleue, ni la vision de choses qui, après coup, se réalisent, ni la perception de petits fragments de la lumière astrale avec leurs photographies extraordinaires du passé ou du futur, ni le son soudain de cloches féeriques lointaines, ne sont la preuve que vous cultivez la spiritualité. Ceci, et bien d'autres choses plus curieuses encore, se produisant quand vous aurez avancé quelque peu sur le sentier, mais ce ne sont là que les bornes frontières d'un nouveau pays, lui-même complètement matériel et tout près du plan de la conscience physique grossière.

Il faut se garder de la tendance à se laisser entraîner et intoxiquer par ces phénomènes. Nous devrions les observer, les noter pour discerner ce qui se produit dans tous ces cas, les consigner pour s'y reporter ultérieurement et les rattacher à une loi, au les comparer à d'autres circonstances semblables. Le pouvoir décevant de la Nature est illimité et, si nous nous arrêtons à ces choses, elle ne nous laissera pas aller plus loin. Cela ne signifie pas qu'il existe une personne ou un pouvoir dans la nature ayant décrété que si nous agissons ainsi nous devions nous arrêter, mais qu'en nous laissant entraîner par ce que Boëhme appelle « les merveilles de Dieu », il en résulte une intoxication qui provoque la confusion de l'intellect. En supposant qu'un être considère chaque vision perçue dans la lumière astrale comme une expérience spirituelle, il se pourrait qu'au bout d'un certain temps, il ne souffre plus aucune contradiction à ce sujet tout simplement par le fait que cette sorte de vin l'a enivré, tandis qu'il continuait à s'adonner à cette habitude et négligeait son progrès véritable qui dépend toujours de la pureté de ses motifs et de la conquête de ses défauts connus ou presque évidents, la nature accumulait sans arrêt les apparences illusoires dont il s'était saturé.

Il est certain que tout étudiant qui se livre à ces expériences psychiques les verra se multiplier. Mais en supposant que toute notre vie soit vouée avec succès à une suite gigantesque de phénomènes, il n'en est pas moins vrai que l'abandon du corps physique mettrait fin à cette sorte d'expériences sans que nous ayons ajouté vraiment quoi que ce soit à notre acquis de véritable connaissance.

Le plan astral qui correspond à celui de nos sens psychiques est aussi peuplé de visions, de sons étranges, qu'une forêt vierge d'Amérique du Sud et doit être bien compris avant que l'étudiant puisse y séjourner longuement sans danger. Mais tandis que nous pouvons vaincre les dangers d'une forêt en nous aidant d'inventions humaines qui ont pour seul objet la destruction physique des choses nuisibles qu'on y rencontre, nous ne possédons pas une aide semblable lorsque nous pénétrons dans le labyrinthe astral. Nous pouvons être très braves physiquement et affirmer que nous sommes à l'abri de la peur, mais aucun chercheur, peu entraîné ou simplement curieux, ne peut dire exactement l'effet qu'aura sur ses sens externes, l'attaque ou l'influence éprouvé par ses sens psychiques.

Celui qui égoïstement tourne autour de son propre centre est en plus grand danger que n'importe qui d'autre, car il ne bénéficie pas d'une union en pensée avec tous les entres chercheurs sincères. On peut se trouver à l'intérieur d'une maison sombre où aucun objet ne se distingue et voir parfaitement tout ce qui est éclairé au dehors. De même nous pouvons aussi percevoir dans l'obscurité de notre propre logis, notre cœur, les objets de temps à autre éclairés à l'extérieur par la lumière astrale ; mais nous n'en retirons rien. Nous devons tout d'abord dissiper les ténèbres intérieures avant d'essayer de voir dans les ténèbres extérieures. Nous devons nous connaître nous-mêmes avant de connaître ce qui nous est extérieur.

Ce n'est pas la route qui paraît la plus facile aux étudiants. La plupart d'entre eux trouvent beaucoup plus agréable et plus rapide, pensent-ils, de travailler en s'attachant à ces appâts psychiques extérieurs et en cultivant les sens psychiques, à l'exclusion du vrai travail spirituel. La route véritable est simple et facile à trouver, elle est si facile que beaucoup d'aspirants étudiants passent à côté sans la voir, Ire pouvant croire qu'elle soit si simple.

« La voie passe par le cœur » ;

Demande ce chemin et ne t'en écarte pas ;

Frappe fort, sans hésiter,

Car de prime abord, les sons

Renvoyés par l'écho sembleront se moquer de toi ;

Ne recule pas non plus lorsque la porte grande ouverte Te révèlera des ombres noires comme la nuit.

A l'intérieur les messagers du Maître

Ont attendu patiemment :

Ce Maître est Toi-même !