Lorsque, d'un regard troublé et anxieux, la vision mentale s'est efforcée de trouver quelque sûr indice de la voie menant vers le ciel, ou bien a reculé d'horreur devant l'image de l'effondrement d'une civilisation caduque où l'ordre est supplanté par l'anarchie et la violence, c'est un immense soulagement de découvrir qu'il existe une forteresse intérieure où le guerrier épuisé peut se retirer, un port abrité où la barque ballottée par la tempête peut trouver des eaux calmes et sûres. Et ce port est toujours proche, cette forteresse est accessible à tout moment. Il suffit simplement d'être convaincu de son absolue nécessité ; il n'est besoin que de la soumission – totale et sans condition – de la nature inférieure de l'homme à l'autre pôle de son Être, et voici qu'il atteint une paix et une force que ne pourrait troubler le monde s'écroulant en ruines à ses pieds. Être .capable de vivre dans cet état de façon permanente c'est avoir atteint la condition du Yogi ou du Saint, mais celui qui l'a expérimentée, ne serait-ce qu'un instant, (a compris que c'est le premier pas sur le véritable sentier spirituel; et la vision intellectuelle pourrait bien tâtonner toute l'éternité sans jamais le trouver.
(Le degré supérieur de l'insouciance, W.Q. Judge, C.T. 113)