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Janvier 1965 à mars 1965

 

Janvier 1965

 

[L’Absolu a une relation avec l’univers manifesté, sa nature peut être « sentie » mais ne peut s’exprimer en mots – les trois qualités de la nature [ou Prakriti] sont Sattva, Rajas et Tamas – Sat, Chit, Ananda sont les trois aspects du Soi – Ichcha [volonté], Jñana [connaissance], Kriya [action]  sont les trois aspects psychologiques de la conscience – les centres Laya – les êtres naissent de l’Être-té par le processus du Devenir – le don de l’œil Divin n’est pas l’intuition – c’est l’œil du Cœur qui voit par un sentiment unique suprême  – la mémoire, même si elle provient d’une incarnation précédente, doit passer par les skandha].  

 

 

         On ne peut réaliser l’Absolu, ou Parabrahm, au sens où est réalisable notre propre Soi supérieur. L’Absolu a une relation avec l’univers manifesté ; en conséquence, sa nature peut être « sentie », car tel est le mot employé par H.P.B. Mais ce qui est senti par un organisme spirituel supérieur ne peut s’exprimer en mots ; la pensée est trop élevée, et trop sublime l’idéation. Notre propre Ego intérieur saisit l’influence par la voie de ce ressenti supérieur mais n’est pas capable de l’expliquer à d’autres. Prenons un exemple dans les affaires ordinaires. Souvent, les gens comprennent un enseignement à l’aide de leur mental ou de leur intuition, mais sont incapables de l’expliquer aux autres. C’est parce que ce qui est ressenti par l’instinct ou l’intuition n’est pas amené au niveau du plan du Manas où il serait explicable. La soi-conscience comprend et explique. La conscience spirituelle intuitive a une faculté propre de perception, avec une réalisation intérieure, mais elle est aussi dans l’incapacité de donner une expression à cette réalisation. La loi et l’être ne sont pas créés par l’Absolu. Ce sont des expressions concomitantes et co-éternelles dans la manifestation de l’Absolu, comme en dehors de sa manifestation. C’est là une proposition métaphysique qu’il est important pour nous de comprendre.

 

         Les centres Laya constituent une étude métaphysique fascinante. Un centre Laya est le Centre originel de fondement d’un univers vers lequel sont attirées des forces matérielles tandis que de l’intérieur de ce Centre des forces Âlayiques viennent à s’exprimer. Si vous lisez dans la S.D. (Vol. I) comment s’est formée la Chaîne terrestre après la fin de la Chaîne Lunaire, vous serez fixé. Âlaya, l’Âme Universelle, est ce qui n’est pas lié par Laya, bien que, du côté Esprit, elle fonctionne sans ressentir la moindre limitation. C’est la même chose que ce qu’indique le dernier verset du 10ème chapitre de la Gîtâ : Krishna se manifeste comme l’univers tout entier, mais reste séparé.

 

         Les êtres naissent de l’Être-té par le processus du Devenir. Être-té, Devenir, Être, telle est la triple manifestation dans l’évolution. Or, Être implique entité mais non pas au sens que nous donnons à ce terme. Les formes sans forme, Arûpa, sont pour nous des abstractions, considérées de notre plan. Mais ce sont des formes concrètes vues de leur plan. On peut comprendre ce que sont ces formes sans forme en recourant à une correspondance. Ainsi, un carré dessiné sur une feuille est en fait une représentation formelle d’un cube dans une dimension supérieure, tout comme un cercle représente un globe, etc… Les formes des élémentaux, des dieux, des Dhyâni ne peuvent être conçues par la conscience personnelle de l’homme, si ce n’est partiellement, par l’imagination, et encore, une telle conception est souvent grotesque. Qu’est-ce que l’Arûpa-loka du Devachan ? La S.D. (vol. I) parle des  Lipikas  et des Quatre Mahârâjahs. Certains de ces   

 

Êtres exaltés ne sont pas finis, à notre sens, ni infinis, métaphysiquement et cosmiquement parlant. L’univers tout entier est fini dans sa manifestation, et, à l’intérieur du cosmos fini, se trouvent des formes sans forme et des formes à trois dimensions que nous connaissons bien.

 

         Il faut vous défaire de la confusion que vous faites dans votre mental à propos des trois règnes élémentaux et des trois qualités de la Nature. L’idée n’est pas qu’un règne d’élémentaux est sattvique tandis que l’autre est rajasique et le troisième tamasique. Les trois qualités de la nature, ou Prakriti, sont Sattva, Rajas et Tamas ; ce sont les pouvoirs qui appartiennent à Mûlaprakriti. Ils ne s’expriment pas dans trois règnes différents. Ainsi, dans notre nature Manasique elle-même, on trouve l’expression des qualités tamasiques, rajasiques et sattviques. Les monades elles-mêmes peuvent être divisées à l’aube de la manifestation en trois groupes.

 

        Tout comme dans le règne humain il y a des êtres pleins d’inertie et d’autres pleins d’activité, avec une troisième catégorie d’hommes pleins de rythme et de vérité, de même en est-il dans les élémentaux. La Nature se manifeste selon trois aspects et ce sont les Guna, les qualités ou attributs de la Nature. Nous sommes, quant à nous, des êtres incorporés, environnés par des vies ayant, selon le cas, des degrés élevés ou faibles de densité, et ces vies sont tamasiques, rajasiques et sattviques. Il nous faut saisir mentalement la différence entre identité et correspondance. On peut, à des fins d’étude, faire correspondre les trois règnes élémentaux aux trois qualités, mais cela  veut pas dire que chaque qualité ne se manifeste que dans un seul règne.

 

         Si le connaisseur est libéré des liens de la Nature, il se trouve, de ce fait, libéré des trois Guna. Il est dans son état pur et les trois qualités du Soi ne sont pas les trois qualités de la Nature. En dernière analyse, métaphysiquement parlant, Sat, Chit, Ânanda sont les trois aspects du Soi.  Ichcha  [volonté], Jñana [connaissance], Kriya [action]  sont les trois aspects psychologiques de la conscience ; ils sont rendus comme la foi qui provient de notre existence même, Sat ; comme les pouvoirs qui proviennent de l’aspect Chit de la conscience ; et comme les actions, qui constituent  l’aspect créateur relié au plaisir ou Ânanda.

 

         Quant à votre question à propos de l’image qu’on trouve dans la Voix [p. 19] de l’Oiseau de Vie [Hamsa] : le Grand Oiseau est l’Univers en mouvement. C’est le Logos en manifestation, le grand Hamsa macrocosmique ; et ainsi, l’homme en mouvement est le yogi qui fait coïncider ses mouvements et son déplacement avec ceux du Grand Cycle. Cherchez dans le Glossaire l’entrée « Hamsa ». Les deux ailes, à notre stade d’évolution, sont Sagesse et Compassion, ou Connaissance et Amour, et, portés par ces ailes, nous nous élevons par des mouvements de yogaPratyâhâra, Dharanâ, Dhyâna, Samâdhi – jusqu’à devenir le Tout. C’est un symbole fascinant. Les Bouddhas sont appelés des Hamsa ; par la Sagesse, le Bouddha enseigne, mais il y a l’Amour qui lui permet de pardonner intelligemment, et quand nous acceptons son amour ou sa compassion, nous commençons vraiment à comprendre. 

 

         « Kâla Hamsa » représente l’Eternité. C’est l’aspect Temps ; c’est la Durée. Vivre dans l’Eternel, c’est maîtriser passé, présent et futur, ou chevaucher Kâla Hamsa.

 

         Le don de l’Œil  Divin n’est pas l’intuition ; c’est la Clairvoyance Supérieure (voir S.D., « L’œil de Dangma »). C’est l’œil Unique qui observe tout l’univers à la fois, et comprend. La mémoire de la Nature et ses résultats sont ressentis et connus dans la soi-conscience d’une façon Arûpique, sans formes. Il a été dit que les formes sans formes ont une forme – la forme archétypique. Il est dit que la conscience Mahâtmique exprime les pouvoirs de tous les dieux et déesses. Le Maître, dit Judge, est partout, tout le temps, et par là même identique à la grande Loi de la Droite Conduite. Il est difficile de comprendre ces choses avec notre vision tridimensionnelle. L’œil du mental voit les choses une par une, puis par groupes ; c’est l’Œil du cœur qui voit par un sentiment suprême. Sur le plan humain inférieur, l’amour profond, altruiste d’une personne pour une autre comprend, apprécie la bonté, pardonne et essaie de remédier aux défauts et faiblesses.

 

         Je ne suis pas surpris de toutes ces questions qui surgissent dans votre mental quand vous lisez la page 183 du Friendly Philosopher de R. Crosbie. Vous devez bien saisir le point de vue selon lequel, lorsqu’elle est transférée à une personnalité, la mémoire, même si elle provient d’une incarnation précédente, doit passer par les skandha. Ce que R. Crosbie essaie de faire comprendre, c’est le fait que la mémoire skandhaïque se réaffirme dans un corps nouveau. Le jeu de billard ne relève pas nécessairement de la mémoire de l’Ego spirituel mais plutôt des vies personnelles qui constituent nos membres inférieurs. L’Ego réincarné est le Manas supérieur, ce qui pénètre dans le corps comme un rayon ou une radiation de ce Manas supérieur, mais en s’incarnant, ce rayon ne demeure jamais intact ou pur ; il se mélange aux skandha et, de ce fait, devient une entité complexe. La mémoire des skandha est une chose et celle de l’Ego spirituel ou du Manas supérieur en est une autre, totalement différente. Ce que R. Crosbie essaie d’expliquer, c’est que la mémoire des skandha des incarnations passées peut se manifester dans le corps nouveau de cette incarnation. C’est pourquoi l’ensemble réuni des skandha du corps précédent doit appartenir à un pouvoir ici, très récent dans le temps.

 

 

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Février 1965

 

[La véritable astrologie – tout repose sur des computations cycliques – nous faisons impression sur les corps célestes – l’étoile de la personnalité et l’étoile manvantarique – réconcilier déterminisme et libre-arbitre – notre Manas supérieur nous communique énergie et inspiration pour servir – Mercure est le Dieu de la Sagesse – les planètes renvoient  à des Régents – chaque rayon a sa propre technique.]

 

 

         En ce qui concerne la position des étoiles et la véritable Astrologie : Judge a dit que ce ne sont pas les étoiles ou les corps célestes pris isolément qui nous influencent mais le dôme tout entier – la conjonction complète de tous les corps célestes dans le firmament, voilà ce qui nous affecte. Je ne me soucierais pas de faire faire un horoscope pour un enfant qui vient de naître. Reportez-vous, je vous prie, à ce que dit le 1er Vol. de la S.D. – la section sur Karma et les Cycles.

 

         Dans un volume précédent de la Revue  The Theosophical Mouvement (Vol. 13, 2 janvier 1943), nous avons reproduit plusieurs articles théosophiques sur l’astrologie. Le principe fondamental de tout le processus se trouve bien décrit par H.P.B. (S.D. Vol. I, p. 646). Tous les pronostics reposent sur des computations cycliques. La carte du ciel est un peu comme une photographie qui fait savoir, « Telle et telle influence est à attendre actuellement » - un peu comme la pendule ou la montre que nous utilisons. C’est nous qui déterminons que notre petit déjeuner a lieu à huit heures, mais la montre nous dit, « Il est maintenant huit heures ; allez prendre votre petit déjeuner ». Vous me suivez ?

 

         Supposez qu’au lieu de dire que les corps célestes nous affectent, nous déclarions que nous faisons une impression sur les corps célestes dans leurs mouvements respectifs ; nous pourrions alors saisir quelque chose de la vérité. Mais ce ne sont pas seulement les humains qui exercent une telle influence ; tous les règnes, visibles et invisibles, affectent les corps célestes. Mais, c’est vrai, il est presque impossible de calculer ce qu’une personne particulière fera à un moment donné ; le libre-arbitre d’un homme est en soi un mouvement et pour la plupart, un mouvement erratique. Par ailleurs, H.P.B. parle dans sa S.D. (Vol. I, p. 572) de l’étoile de la personnalité qui change à chaque incarnation et de l’étoile Manvantarique propre à l’Individualité.

 

         La question du libre-arbitre ne se pose que dans le règne humain. Ainsi, l’astrologie a sa correspondance dans l’impulsion naturelle et ensuite dans les voies et moyens auto-induits. Il est vraiment difficile de réconcilier déterminisme et libre-arbitre. Mais, la force de la volonté (en qualité comme en quantité) que doit exercer une personne est calculable par un Adepte, peut-être un Adepte de très haut rang.

 

         Le passage sur lequel vous me questionnez dans La Voix du Silence (p. 54) pose question, particulièrement l’idée que le Soleil peut tomber et devenir une planète. Par voie d’analogie et d’exemple, nous pouvons saisir au moins une signification. Songez à un grand érudit qui, au lieu de poursuivre sa recherche de connaissance, prend un poste d’enseignant dans une grande école pour aider une certaine catégorie d’élèves qui ne peuvent progresser du fait qu’il n’y a personne pour les instruire. Dans ce sens, Vénus montre la voie : alternativement, elle est Lucifer, l’étoile du matin, puis le soir Hesper (l’étoile du soir) ; elle est la Déesse de la Sagesse, patronne, pour ainsi dire, de la Hiérarchie du Mental Supérieur. Elle est responsable non seulement de la Naissance de l’Homme mais aussi de sa Disparition. Notre Manas Supérieur devrait nous montrer la voie, et il le fait ; et quand il est actif en nous, ne serait-ce qu’un moment, il nous communique énergie et inspiration pour servir d’autres âmes et d’autres mentaux. Mars est le Dieu de la Guerre et de l’Amour ; nos aspirations supérieures font la guerre à nos désirs inférieurs – ou du moins le devraient ; les désirs inférieurs qui dominent le Manas inférieur représentent l’aspect matériel et pareillement l’amour matériel. Il y a l’aveugle Cupidon et l’Erôs qui voit tout – l’Amour qui voit et comprend. L’œil unique et vigilant de Mars veille sur l’humanité endormie. Lisez ce que dit le Glossaire Théosophique sur Kâmadeva. Mercure est le Dieu de la Sagesse – Budha – le Saint Patron de tous ceux qui cherchent la Sagesse Secrète, Guptâ Vidyâ. Le Pouvoir de Protection vient de Cela ou Lui. Ces Dhyâni symbolisent des forces et des pouvoirs qui ont un sens en Occultisme.

 

         En plus d’un endroit, il est dit que les Planètes renvoient à des Régents ou des Dhyâni dont ces Planètes sont les Domiciles. Chaque Planète a son Dhyâni-Buddha, et en chacune des sept Hiérarchies, il y a des Intelligences, en sorte que chaque Manas, comme Penseur, appartient à une « Maison », comme on dit en astrologie. La Doctrine Secrète déclare qu’une planète est l’aboutissement d’une évolution, après un long parcours.

 

         Les Sept groupes sont en évolution selon sept lignes. Nous pouvons les comparer à sept professions – architecte, ingénieur, légiste, docteur, artiste, etc… Aucune n’est supérieure ou inférieure aux autres. Elles sont différentes mais également utiles pour la vie de la cité. La différence entre les Sept Rayons, ou Loges, n’est pas tant une question de pouvoirs, de connaissance et de vertus, que de technique. Tous ont le pouvoir de connaître et de servir, mais chaque Rayon a sa propre technique. Bien sûr, il semble que subsistent des différences individuelles. Shelley et Keats sont tous deux des poètes doués d’intuition ; il y a entre eux similitude de message mais différence de technique.

 

N.d.T. : A propos de l’astrologie voir le Cahier Théosophique n° 153.

 

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         L’homme qui considère sa propre vie et celle de ses semblables comme privée de sens n’est pas seulement malheureux mais presque disqualifié pour la vie.

 

Albert Einstein

 

Mars 1965

 

[La position de Judge –  l’effondrement de la civilisation se produit sur plus d’un plan – il nous faut nous élever au dessus de Sattva – à propos du raffinement moral dans l’acte humain – la sensibilité « clairvoyante » se trouve chez l’Adepte et le médium – l’invisible nous influence et, cérébralement, nous ne le savons pas – le retour des impressions cycliques – Les Maîtres deviennent notre pont vers l’Esprit Suprême – dormir  nourrit le corps et donne à la conscience la chance de s’abstenir d’être présente aux sens et aux organes – ce n’est pas la surpopulation qui cause le problème de la nourriture – essayer d’enlever les causes du mal et ne pas toujours œuvrer  avec les effets d’une manière superficielle] 

 

 

En ce qui concerne Judge : il faut considérer le corps extérieur et la personnalité extérieure, de descendance irlandaise, noter ensuite le changement qui s’est produit en lui dans son enfance, à partir duquel a commencé un processus intérieur capable d’attirer le Nirmânakâya auquel HPB a fait allusion quelque part. Judge est appelé « le plus grand des Exilés ». Pour nous, il représente, ou devrait représenter, le chéla-laïque puis le chéla en probation et finalement le chéla accepté s’élevant sur le chemin conduisant à l’Adeptat. Le mystère de Judge se trouve dans l’article intitulé «  Le corps d’emprunt » [voir The Theosophical Movement, mars 1939]. Voir aussi à titre de comparaison « Le Journal d’un Chéla Hindou » [Cahier Théosophique n° 107]. Les articles de Judge, et surtout ses lettres, s’avèrent riches de suggestions.

         Notre civilisation a développé l’aspect personnel et mental plus que l’aspect spirituel – au détriment de celui-ci. Kâma gouverne l’homme personnel dans presque chaque être et le mental est utilisé pour soutenir l’égoïsme. Ceux qui sont les grands « savants » et  « leaders » dans d’autres domaines de la vie approchent rapidement de ce qui a été l’orgueil et l’égoïsme des Atlantes, et les hoï pollïi deviennent les admirateurs qui les suivent. Combien de gens rêvent d’une vie supérieure et de sa réalité ? Nous allons à grande allure vers une immense chute. Sous ce rapport, vous devez garder en mémoire le tout dernier aphorisme sur Karma. L’effondrement de la civilisation se produit sur plus d’un plan, et ceux qui en sont dignes peuvent être « appelés et avertis ». Ainsi donc, soyez toujours sur vos gardes et ne laissez passer aucun message d’avertissement qui pourrait venir à votre conscience morale ou votre conscience de veille.

         Il nous faut nous élever au dessus de Sattva, mais comment allons-nous sauter de Rajas à un niveau dépassant Sattva ? Si nous pouvions faire une liste recensant tout ce que la Gîtâ met en avant comme tendances sattviques – nourriture, faculté de persistance, buddhi, charité, tapas, sacrifice, mort, etc. – nous pourrions nous faire une idée de la façon de passer par tout cela pour atteindre l’état supérieur. Comme le dit Judge, à partir de la région rajasique, nous devons nous élever pour toucher la frange du vêtement de Sattva. Nous possédons quelque chose de Sattva mais nous sommes immergés en Rajas ; nous devons devenir sattviques là où nous ne le sommes pas. Je peux manger de la nourriture sattvique, mais je peux ne pas utiliser le Sattva de ma nourriture pour développer ce qui est Sattva dans la faculté de persistance ou le sacrifice.

         Pour répondre au point très important que vous soulevez dans votre lettre à propos du raffinement moral dans l’acte humain ; ce qu’en donne le Maître dans la lettre à M. Hume [déjà citée p. 88], contient des indications explicites. Vous parlez de transmutation de l’énergie grossière ; cela, vous ne pouvez le faire. Ce que vous pouvez, c’est transmuer vos pensées et sentiments en attirant sur eux une énergie ou une vitalité raffinée. Le genre de vitalité qui donne de l’énergie à nos pensées et sentiments dépend de ces derniers. Pour prendre un exemple : votre tailleur ne peut pas adapter sur vous les vêtements d’un garçon de cinq ans. Il devrait faire des vêtements appropriés à cette taille. Les vêtements sont comme Prâna ; l’homme lui-même, comme les pensées et les sentiments. Bien sûr, il est vrai que vos sentiments-pensées ne font pas que produire des pensées revêtues d’un Prâna raffiné mais agissent aussi directement, ou indirectement, sur la matière ou les vies constituant votre corps. J’espère que c’est clair pour vous.

 

         La sensibilité « clairvoyante » se trouve chez l’Adepte et le médium. Dans le cas du premier, il s’agit d’une réceptivité consciente et chez le médium, c’est une passivité inconsciente. La réceptivité se trouve de deux côtés : de l’intérieur, elle est sensible à l’influence et l’opération de Buddhi-Manas ; en second lieu, par le canal de l’astral, les influences de la Nature pénètrent de l’extérieur vers l’intérieur. Cependant, dans presque chaque être, cette double action a lieu pour ainsi dire automatiquement.

 

          Quand nous rencontrons la connaissance spirituelle psychique, le processus des influences de l’adepte-médium commence à se manifester. Chacun d’entre nous est, dans une certaine mesure, médiumnique, c’est-à-dire passif, porté à la fantaisie qui, comme l’indique une note de la Clef, est l’ennemie de la méditation[1], c’est-à-dire de la positivité consciente, délibérée.

 

        Notre Philosophie Esotérique nous enseigne à contrôler l’action du mental cérébral, à nous comporter de façon délibérée, à réfléchir sur la nature de la Monade Intérieure et à épanouir la réceptivité des deux types. Sur la ligne de l’Adepte, nous nous transformons en Médiateurs ; sur l’autre ligne, en médiums. Cette distinction est également faite et expliquée dans Isis.

 

         En ce qui concerne les états d’âme, les impressions cycliques et leur retour, l’article de Judge apporte des informations essentielles. Les cycles de ces états peuvent devenir plus courts et il se produit beaucoup de chevauchements. Bien sûr, les conditions amènent les états intérieurs, mais qu’est-ce qui amène les conditions ? Songeons à une personne qui devient déprimée chaque soir après le coucher du soleil et avant que descendent les vraies ténèbres.

 

          Dans ce cas, il n’est pas tellement difficile de surmonter l’état déprimé car la cause de la dépression se trouve être un phénomène psychique naturel – le changement de magnétisme de la Terre, c’est-à-dire de la surface de la Terre en rapport avec le rayonnement solaire.

 

          Le magnétisme de la terre lié au soleil influence notre magnétisme humain, appelé Magnétisme Animal (voir Glossaire Théosophique). Quand on a acquis la connaissance, on est capable de faire face à la situation et d’appliquer le remède. Mais, bien souvent, c’est nous qui fabriquons conditions et états d’âme, ce qui entraîne la confusion. Les Elémentaux ou esprits de la nature constituent une part si intime de notre être que nous prenons leurs actions pour nôtres, ce qui n’est pas vrai du point de vue de l’Ego. L’automatisme est un facteur à considérer dans nos calculs. L’invisible nous influence et, cérébralement, nous ne le savons pas.  

           Le chevauchement de nos états d’âme nous confond. Judge a établi les principes à ce sujet dans son article sur le retour des impressions cycliques. Si nous les acceptons, nous agirons pour nous prémunir, et la guérison viendra. Nous n’avons pas à nous soucier de calculer, ici et maintenant, quand doit survenir tel ou tel état d’âme ; nous savons qu’il se manifestera sûrement. Soyons prêt à l’affronter, en étant préparé à ne pas en être victime. Rester engagé dans l’étude et le service dans l’esprit de sacrifice, c’est la meilleure protection, et le remède est à notre portée – toujours et dans toutes les conditions.

 

         C’est en Jagrat (l’état de veille) que se fait la meilleure préparation au sommeil. L’Esprit Suprême et Son rayon en chacun de nous doivent être amenés dans la plus grande proximité possible entre eux dans le cerveau et le cœur, par l’effet d’une étude métaphysique convenable jointe à l’éthique et, bien sûr, à l’application nécessaire ; ensuite, par la connaissance concernant les Maîtres et la Grande Loge – en ce qui a trait à Leur Nature et Leurs Pouvoirs. Les Maîtres deviennent notre pont vers l’Esprit Suprême.

 

         Ne regrettez pas vos heures de sommeil un peu trop longues. Dormir nourrit le corps et donne à la conscience la chance de s’abstenir d’être présente aux sens et aux organes. Ne vous faites pas de souci  si vous ne faites pas de rêves : vous êtes ; vous n’avez pas de souvenir mais est-ce vraiment important ? Vous pouvez penser et sentir que vous êtes vide quand vous vous éveillez ; mais ne vous sentez-vous pas rafraîchi, bien énergisé, éveillé aux joies de la naissance – pour un jour nouveau, non seulement pour le corps mais aussi pour toute la personnalité ?

 

         Le sujet de la nourriture et de la population est naturellement de la plus haute importance dans l’esprit de beaucoup de gens, parce qu’ils confondent les questions. Ce n’est pas la surpopulation qui cause le problème de la nourriture ; ce dernier est indépendant de la surpopulation et en est la cause. Telle est la thèse qui est avancée de plus en plus, mais l’Inde est toujours des années en arrière sur les découvertes des plus hautes et meilleures autorités dans le monde occidental. Nos vues Théosophiques sur le sujet de la population sont très claires. L’attitude Théosophique se rapproche plus de ce que Gandhiji a énoncé dans ses deux volumes sur le contrôle de soi et l’auto-discipline.

 

         Comment va votre travail parmi vos enfants – les pauvres ? Aimez-les d’un amour sage et aidez-les avec compréhension. Essayez d’éliminer les causes du mal et n’œuvrez pas toujours avec les effets d’une manière superficielle.

 

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[1]    Il s’agit de l’imagination incontrôlée (phantasia, en grec). Voir la Clef, p. 142. Voir aussi une lettre précédente (p. 139). [N.d.T.]

 

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Programme et activités du Groupe d'Etude Théosophique en Tarentaise

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