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Octobre 1963 à décembre 1963

 

Octobre 1963

 

[Servir de façon juste - une étude régulière, chaque jour - travailler en union et harmonie avec les autres - dévotion et enthousiasme - cultiver compagnonnage et amitié - ouverture d’esprit, universalité]

 

C’est très encourageant de noter ce que vous dites, que vous vous sentez bien mieux et plus fort de différentes façons. Votre désir d’être à la hauteur et digne de réalisations spirituelles, vous le mènerez à bonne fin dans la mesure où vous vous engagerez au service des autres. Mais servir n’est pas chose facile : cela requiert non seulement capacité et zèle, mais aussi connaissance, pour servir de façon juste. Ce monde est rempli de gens bien pensants disposés à faire tout ce qu’ils peuvent pour leurs semblables ; mais accomplir la chose juste au bon endroit, au bon moment, n’est possible que lorsque les principes et doctrines de la Théosophie sont appliqués. Une telle application rend l’étude au plus haut point nécessaire. La bonté des hommes est dans Leur coeur, de même que l’intelligence est dans leur tête, mais ni l’une ni l’autre de ces facultés n’est un guide sûr ou complet en soi-même ; même la voix de la conscience a ses limites. Notre intelligence et nature morale requièrent un guide et un ami - à trouver eux-mêmes dans la philosophie de la Théosophie, et l’éthique qui en est le prolongement logique.

 

         En cela vous aurez quelque chose sur quoi réfléchir, en vue de l’application pratique. Après la réflexion qui convient devrait venir la détermination et puis l’application persistante, persévérante, d’une manière continue, autant que possible. De façon générale, nous en connaissons trop et non trop peu, et ce qui nous manque, c’est l’application de ce que nous connaissons. Si l’étude doit être poursuivie - et elle doit être fructueuse pour être ininterrompue - c’est alors que l’application des thèmes d’étude devient une partie intégrante de l’étude.

 

         Or cette application a à voir avec le service. Une application rapide et correcte est enracinée dans le service. Tout comme lorsque nous sommes capables d’expliquer aux autres ce que nous pensons connaître, nous nous prouvons que nous savons, de même lorsque nous sommes capables d’aider les autres à appliquer à eux-mêmes ce que nous avons été capables d’appliquer à nous-mêmes, nous prouvons que notre application a été effective. J’espère que c’est clair pour vous.

 

         Une étude régulière, chaque jour, à une heure fixe, c’est ce qu’il vous faut. Ensuite, cela vous aidera si vous avez la sagesse de pratiquer le contrôle de la parole et de passer un moment chaque jour dans le calme et la pensée. Contrôler la parole signifie non seulement éviter le bavardage mais aussi couper court aux commérages et verbiages inutiles. Ainsi vous conserverez votre énergie et tirerez parti de ce qui à présent est mis au rebut.

 

         La Théosophie enseigne que s’il est bon de nous préoccuper de ce que nous faisons, il est bien plus important de réfléchir à la façon dont nous le faisons. Par dessus tout, en travaillant en union et harmonie avec les autres là vous vous trouvez et, de même, en pensée et imagination avec ceux qui ne sont pas visibles, vous serez capable d’accomplir beaucoup effectivement. Nous appartenons à un royaume très étendu et le travail que vous accomplissez à Londres affectera des frères et des sœurs dans le Mouvement, et en dehors, et attirera sur vous et vos collègues influences et inspirations. C’est un grand et glorieux travail celui dans lequel nous sommes engagés et si nous ne faisons que le tenter, cela nous purifiera de nos folies et marottes, éliminera nos faiblesses et renforcera et même épanouira nos capacités.

Nous avons besoin d’aide en temps, argent et travail. Si vaste est le champ et si peu nombreux sont les laboureurs et les semeurs ! Mais on récolte ce que l’on mérite. Souvent j’ai été amené à  penser trop tard combien nous retardons les Grands Travailleurs en comparaison de l’aide et du service que nous rendons. Ainsi, nous devons continuer de nous purifier pour devenir aussi rayonnants qu’il nous est possible.

 

         Toutes les difficultés qui s’élèvent naturellement dans notre travail portent en elles les germes de bienfait, et notre Mouvement ne serait pas un Mouvement vivant sans ces difficultés. Ainsi, autant que l’on puisse avoir de raisons de ronchonner, on doit être reconnaissant qu’il y ait non seulement des gens qui soient « tamasiques » et stagnants mais que quelque chose soit en mouvement.

 

         Partout existent des gens prêts à écouter le message de HPB et de William Quan Judge, et il y en a suffisamment dans de nombreux endroits qui semblent même disposés à devenir des étudiants. Mais il y a une pénurie - et ce n’est pas tout à fait contre nature - de personnes qui éprouvent pour les âmes humaines des sentiments suffisamment ardents pour soutenir les responsabilités du service Théosophique selon les lignes qui sont les nôtres. L’immense valeur de ces lignes est rarement perçue.

 

         Nous tous devons faire de notre mieux dans les intérêts du Mouvement. Nous devons tout essayer pour vivre et faire vivre, donner et recevoir, tout en adhérant strictement aux lignes et au programme de la Théosophie en ce qui concerne le travail. Tous parmi nous avons à garder en pensée le petit mais excellent article de Judge : « Méthodes de Travail Théosophique ».

 

         Certains étudiants sont plus occupés à entretenir et exercer le soi animal qu’à déployer le Soi Supérieur en recherchant une relation amicale avec l’Ego Intérieur ou Manas Supérieur.  Le soi extérieur se montre et parle ouvertement ; l’intérieur est silencieux, et en secret manifeste et prononce sa bénédiction bienfaisante ; c’est pourquoi nos étudiants ont besoin d’une étude convenable à la fois métaphysique et morale, capable d’éveiller et de confirmer les convictions. Il faut voir avant d’agir.

 

         Nous manquons de travailleurs et non seulement de fonds. L’attrait et l’appât du monde sont grands sur beaucoup de jeunes gens de la génération moderne et leur esprit de sacrifice en souffre naturellement. Mais si nous faisons tout de même de notre mieux, avec foi et confiance, nous sommes certains de réussir. Comme le « ruisseau » chanté par Tennyson, la Théosophie va continuer quelles que soient les allées et venues des hommes. C’est une chose de se mettre à travailler pour la Théosophie. C’en est une autre de s’accrocher au sentier année après année.

 

          Beaucoup ont perdu foi en la philosophie et en ses Instructeurs, car eux-mêmes ont été, de façon crédule, la proie de faux maîtres ; telle est la nature humaine ! Un manque de connaissance et une désaffection, pour l’étude, même à cette heure, ont eu et continuent d’avoir un effet désastreux sur eux ; mais, après un temps passé à végéter, espérons qu’ils retourneront à des champs sans mauvaises herbes, et d’éternelles pâtures, pour se nourrir et croître. En attendant il faut, comme un bon pasteur, les conduire avec délicatesse vers ces fermes d’accueil.

 

         Dévotion et enthousiasme sont comme des légumes nourrissants qui doivent être reçus de ceux qui les ont fait pousser, et dès lors, il faut apprendre à les préparer pour le repas et ceci fait intervenir le goût propre à chacun. Nous essayons, à la L.U.T., de fournir ces denrées au prix de la discrétion et de la compréhension. Des nouveaux venus en prennent leur part et certains se mettent à l’œuvre par l’étude et la réflexion. Mais il manque la persistance dans l’effort ; on remet à plus tard et ainsi les choses peuvent se gâter.

 

         Si nous nous abandonnons à rajas et laissons le Temps nous prendre dans ses mouvements, la perversion tamasique en résulte et nous voilà engagés sur le chemin de la frustration et de l’échec. Mais si nous prenons le temps de vitesse et avançons comme il faut, au fil des secondes et des minutes, et pendant des heures et des jours plus exactement, alors la persévérance sattvique en résulte et nous nous sentons de plus en plus remplis d’énergie.

 

         La Voix indique que la sublime Patience [Kshanti] de l’Ego Intérieur et la Persévérance de l’Ame incarnée forment une paire que nous négligeons dans la vie. Nos idées de Patience et de Persévérance doivent être envisagées du point de vue supérieur et spirituel. La Patience est liée à « l’étoile dont tu es un rayon », tandis que la Persévérance est un acte de la mémoire de l’être pour qui l’heure ne sonnera jamais. L’aspect divin des humaines vertus - c’est cela qui est nécessaire. Il est facile de blâmer les autres et la philosophie elle-même pour nos échecs et frustrations. Vous évoquez certaines classes d’individus – voyons-les de plus près : ceux qui en ont par-dessus la tête - ont-ils adopté la méthode que nous avons suggérée ?

 

         Qu’apportons-nous aux réunions programmées [à la Loge] chaque semaine ? Notre sentiment d’accablement ? Qu’en est-il de notre contribution par la pensée le dimanche, par le juste questionnement le mercredi, par l’attention et la préparation le vendredi, etc. ? Il y a ceux qui se sentent frustrés parce qu’ils n’ont pas les chances de travailler sur la plate-forme : le service de la Théosophie est-il pour eux le pur motif ou s’y mêle-t-il l’ingrédient du « voyez combien je sais ? ». En distribuant le travail aux étudiants de la Loge, il faudrait faire preuve de justice et de fair-play. Mais  vous avez mis le doigt sur un facteur majeur - le manque d’union qui s’amorce dans le manque de sentiments amicaux. On parle de fraternité, sans l’effort de certains de vivre une vie fraternelle. La fraternité est et demeure une abstraction ; ce qu’il faut, ce sont des frères concrets - des frères qui servent les anciens par dévotion, nos égaux par affection, ceux qui dépendent de nous par l’âge de leur corps ou de leur mental par une disposition aimable et l’encouragement. Ce qu’il faut dans notre Mouvement, ce sont des actes fraternels. Et s’il ne doit pas se détériorer, il nous faut illuminer notre soi intérieur, comme vous-même le soulignez en vérité. Après l’association vient le compagnonnage, après le rapprochement entre personnes vient l’amitié. Il faut cultiver compagnonnage et amitié. Nos étudiants doivent apprendre à se soutenir par une attitude théosophique, mais souvent leur conversation se détériore pour tomber dans des voies mondaines et même du bavardage et des règlements de compte personnels. On en revient toujours finalement à ce qui se passe dans la tête et le cœur de l’individu. L’esprit de clan est un autre trait. Une ouverture d’esprit, un geste généreux, l’universalité - de telles expressions sont rares. Cela vous ferait un bien immense de cultiver ces expressions avant ou après les réunions de la Loge. Essayez !

 

 

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Novembre 1963

 

[Étudier les Enseignements et servir la Loge - s’adapter à ses compagnons  de travail, avec solidarité - former un groupe de gens dévoués avant de créer  une L.U.T. - la Théosophie, une philosophie cohérente et ancestrale - constater les différences qui distinguent les « améliorations » d’auteurs postérieurs - s’engager, au service des Maîtres.]

 

         En réponse à votre question concernant ceux qui suivent H.P.B. : bien sûr, ce que vous dites est vrai. Il y a des fidèles aveugles de H.P.B., mais ils ne sont pas mieux que les fidèles aveugles de Mrs Besant ; ceux qui ont suivi H.P.B. se sont mis plus tard à suivre Mrs. Besant, M. Judge, Mrs Tingley et d’autres, et certains continuent de « suivre » aveuglément. Permettez-moi de répéter ce que je vous ai dit déjà : suivez la Religion-Sagesse immémoriale de la Théosophie et vous découvrirez H.P.B. et ses Maîtres ; vous découvrirez Jésus-Christ ;vous découvrirez le Buddha et son Sangha (« sa communauté ») ; vous découvrirez Arjuna  et Krishna. En allant ainsi des Instructions à tous les vrais Instructeurs. Renversez le processus et vous courrez le grand risque de vous perdre dans le désert de notre monde civilisé. Etudiez les Enseignements et  servez la Loge, sans suivre des « instructeurs » ni les ordres de ceux qui se déclarent « agents de la Loge ». Vivez la vie conformément aux Instructions ; enseignez ce que vous avez appris. Servez, en bannissant le désir d’être servi et vous atteindrez ce à quoi vous aspirez. Le problème auquel est confronté l’étudiant en Occultisme c’est de découvrir la relation existant entre ses problèmes propres et ceux de l’Eternité et du Cosmos - car en cela seulement se trouve son progrès.

 

         En réponse à votre remarque : « Tenez-nous unis de près, ceux d’entre nous en qui vous voyez un espoir quelconque qu’ils deviennent des travailleurs pour l’œuvre des Maîtres » : eh bien ! comme vous le savez parfaitement, c’est bien ce qui est fait. Mais il faut que les gens commencent à apprendre que la seule voie véritable est celle où l’on se stimule soi-même. Vous et vos semblables voleriez au bout du monde si je vous le demandais ; mais quel bien en résulterait ? Rien de bon mais beaucoup de mauvais. La meilleure méthode consiste à présenter les principes, à montrer les enseignements et à laisser le reste aux individus eux-mêmes. Je sais bien que des douzaines de gens tombent sur le côté de la route en suivant ce système, et qu’ils jettent le blâme sur la Théosophie et ceux qui la présentent ; mais ceux qui réussissent méritent l’effort que l’on fait. L’adaptabilité est une très rare vertu en Occultisme. D’une manière subtile, nos attractions et répulsions causent de grands dégâts et nous n’arrivons pas à pratiquer et à bien comprendre que des co-disciples, co-travailleurs et co-étudiants doivent nécessairement progresser ensemble.

 

           Le premier test que rencontre un aspirant sincère, la première manifestation du Karma qui descend sur sa tête, cela concerne toujours cette qualité - l’adaptabilité. S’adapter à son instructeur signifie que l’on domine le doute en premier lieu, et le désespoir en second ; puis vient le tour de force de rejeter les contenus de notre conscience, chaque fois que c’est nécessaire et en tout lieu, puis vient la reconstruction de toute notre nature, conformément aux exigences du Sentier, et de Son Service ; ce qui ne veut pas dire de Le parcourir seulement pour nous-mêmes. Ensuite, la personne doit apprendre à s’adapter à ses compagnons d’étude et de service. Cette étape est bien plus difficile que la première. Chacun d’entre nous désire être celui qui est le plus près de l’Instructeur et Maître, être le plus chéri de lui. Des jalousies mesquines se révèlent, et pour cela cent procédés insidieux sont mis en œuvre. Quand un individu a survécu à tout cela, il faut que se réalise l’union des gens par l’amour de la sagesse et par la dévotion à l’Instructeur qui l’expose. Telles sont les étapes, grossièrement esquissées. Il faut nécessairement passer par
l’impersonnalité, associée à l'amour
et la dévotion à l’Instructeur que l’on a choisi et, en conséquence, par l’affection sincère - également impersonnelle - entre tous ceux qui sont dans la même position vis-à-vis de l’Instructeur. C’est difficile, mais il faut que cela se réalise et, par conséquent, cela doit pouvoir l’être - et pourquoi pas par vous ?

 

         Ce que nous aimerions bien savoir c’est combien de ceux qui ont suivi les prétendus « leaders » ont découvert la nature du véritable travail grâce à ces « leaders », et combien d’entre eux vont sincèrement entreprendre ce travail. Laissant de côté les dissensions, combien vont suivre le sentier de l’abnégation de soi-même, et vouer leur temps, leur argent et leur énergie à faire progresser la Cause Sacrée des Maîtres ? De tels individus doivent être instruits, préparés et entraînés à découvrir et pénétrer les principes fondamentaux de la philosophie de la Théosophie ; il faut qu’on leur montre les Lignes de travail établies ; il faut qu’on les instruise sur la manière dont on doit se tenir fermement à ces Lignes et les suivre. Il faudra passer des semaines, et même des mois, à un travail qui n’apparaît pas clairement mais qui est réel, et qui est la seule chose qui compte -  la seule chose qui produira des résultats.

 

         Avec cette fin en vue, peut être serait-il opportun pour vous maintenant de traduire la Déclaration de la Loge Unie des Théosophes et de la lire « en privé » à ceux qui vous semblent prêts, mais aussi sincères. Nous ne voulons pas encore former une L.U.T., ce que nous voulons, c’est trouver combien de gens accepteraient les principes de notre Déclaration, et qui seraient-ils. Souvenez-vous : c’est une chose pour les gens d’être enthousiastes - c’est une bonne chose - mais c’est une tout autre chose encore que d’être sincèrement engagé. Ceux qui veulent bien accepter la Déclaration devront être entraînés, et des semaines de travail feront apparaître leur véritable nature - sincère et dévouée, ou tiède, voire indifférente, etc... Ce sera seulement quand nous aurons au moins 7 à 10 personnes toutes enflammées, et prêtes au sacrifice de différentes façons, que nous pourrons songer à former une L.U.T. ; pas avant.

 

           Ceux qui sont vraiment désireux de faire ce Travail pour les Maîtres doivent montrer qu’ils ont acquis (1) une vraie compréhension de la nature de Leur Travail et de la Méthode à appliquer pour l’accomplir au moment présent - et ici une étude convenable de notre Déclaration fera l’affaire ; (2) une connaissance des principes de base de notre philosophie, c’est-à-dire les Trois propositions Fondamentales de la Doctrine Secrète, Réincarnation, Karma, les Maîtres, la Loi de Fraternité - et l’étude de nos livres y pourvoira ; cela impliquera de désapprendre des doctrines erronées répandues dans d’autres organisations qui se dénomment Théosophiques, dans le cas de personnes  qui ont été  membres de telles organisations ; (3) une attitude convenable en ce qui concerne les personnes elles-mêmes : sont-elles désireuses de vouer leur temps et leurs énergies au Travail, et sont-elles assez engagées pour mettre la main à la poche et trouver l’argent pour couvrir les frais de location, de publicité, de publications pour faire connaître le mouvement, etc., etc. ? Cela fera ressortir leur disposition au sacrifice, sans laquelle le travail ne peut être mené à bien.

 

         D’après tout ce qui précède, vous verrez le besoin qu’il y a à réunir un groupe de gens qui ne se contenteront pas de parler de leur sincérité et de leur dévotion, mais qui en donneront la preuve - le tout premier test se trouvant dans l’effort consenti pour étudier ensemble et s’assimiler les uns les autres.

 

          Dans  les années passées, l’œuvre des Maîtres a souffert de deux choses : le manque de connaissance théosophique et le manque de solidarité entre étudiants désirant servir la Sainte Cause. Ainsi donc,  avant que ne commence le travail public, il faut qu’un groupe de plusieurs personnes prouve leur authenticité en étudiant la philosophie et en s’assimilant mutuellement comme co-étudiants de la Sagesse. Une fois cela réalisé, plus de la moitié de notre travail se trouvera accompli, le reste étant nécessairement voué à réussir, malgré toutes les difficultés possibles. Ainsi donc, ce qu’il faut vraiment avant tout c’est une éducation théosophique et la  solidarité entre les Théosophes.

 

         Si vous voulez bien étudier avec soin notre Déclaration et y réfléchir calmement, vous comprendrez que, dans son optique, chaque L.U.T. est une association indépendante et autonome. Chacune est la création d’étudiants de la Théosophie qui ont trouvé en eux-mêmes leur énergie, qui ont été portés d’eux-mêmes à prendre la responsabilité de l’établir et de la maintenir en activité, par des procédés et moyens auto-déterminés. Cet ouvrage est fondé sur le sacrifice, soutenu par le sacrifice et par de louables offrandes, en temps, argent et travail. Ce qui nous a poussés à faire ce que nous avons fait, c’est la foi qui se trouve dans certains d’entre nous, fondée sur la connaissance, et soutenue par la raison, qui perçoit que le monde a un terrible besoin de la grâce salvatrice du Message de H.P.B.

 

         S’il doit y avoir de l’orthodoxie dans une organisation théosophique quelconque, que ce soit celle de H.P.B. et de ceux dont les enseignements sont en conformité avec son Message. La L.U.T. ne soutient aucune orthodoxie en dehors de celle de la Vérité. Si nous prêchons, pratiquons et répandons des enseignements, ce n’est pas parce qu’ils ont été présentés par H.P.B. et Judge, mais parce qu’ils sont vrais et que, pour cette raison, ils démontrent la position occupée par ceux qui, dès le début, l’ont défendue et servie.

 

         La Vérité n’est pas entravée par le passage du temps, car elle n’est pas un facteur qui change ou évolue - sa consistance cohérente et son immuabilité sont ses principales caractéristiques. La Théosophie de H.P.B. est une philosophie consistante, [ou « cohérente »], dans toutes ses parties. Tout  étudiant qui a examiné la question avec soin sait bien que ses livres, du premier au dernier, depuis Isis dévoilée jusqu'à La Voix du Silence, ne sont jamais en  opposition les uns avec les autres. Toute la philosophie qu’elle met en avant est une philosophie cohérente, ou consistante, dans toutes ses parties, et elle forme un tout homogène. En outre, la valeur de cette cohérence se trouve encore grandement accrue quand l’étudiant attentif se rend compte que la philosophie de H.P.B. est harmonieuse, et en harmonie cohérente également avec les enseignements de tous les grands philosophes, depuis la Chine antique jusqu’au temps des Gnostiques.

 

         Une étude sérieuse des écrits de certains auteurs postérieurs à H.P.B. fait ressortir une indubitable évolution de leurs pensées dans leurs propres livres, ce qui fait ressortir leur statut, du point de vue occulte : ils ne proposent pas un message immémorial, mais ils essaient simplement d’interpréter le corps complet de connaissance disponible du point de vue de la conscience changeante de leur âme en évolution. C’est là la première grande différence. Cette remarque ne vise pas à les dénigrer, mais, pour quiconque essaierait d’adopter une telle démarche, le résultat serait semblable à ce qu’on a observé avec eux.

 

         Le second fait à noter en étudiant leurs livres est certainement la différence qu’on relève dans de nombreux points fondamentaux. Leur philosophie est très différente de celle de H.P.B. ; si quelqu’un lit leurs livres en les comparant aux siens, il découvrira cela par lui-même. Cette différence doit être reconnue. Bien sûr, un étudiant est libre d’accepter ces auteurs postérieurs et de rejeter H.P.B. mais, en toute honnêteté et rigueur intellectuelle, il ne peut vraiment accepter ensemble H.P.B. et ces auteurs.

 

         Le troisième point qui  émerge de l’étude de ces livres postérieurs est l’absence remarquable de corroboration avec les philosophies antiques et les écoles primitives d’Occultisme, que H.P.B. a citées sans cesse et dont elle s’est servie. Il n’y a rien dans les écrits de H.P.B. à l’appui de quoi elle n’ait pas rapporté le nécessaire témoignage convaincant et inspirant de ceux qui l’avaient précédée dans la lignée des instructeurs spirituels : c’est là une caractéristique marquée des écrits de H.P.B., qui manque dans les livres postérieurs. En outre, tout étudiant qui a lu avec soin les lettres provenant des Maîtres y a découvert une indication très claire révélant la nature des écrits de H.P.B. et la source d’où ils provenaient.

 

         D’après la façon dont vous écrivez sur ce sujet, j’ai peur que vous n’ayez pas vous-même étudié avec soin, d’une façon comparative, la philosophie de la Théosophie telle quelle a été enseignée par H.P.B. Cela ne demande pas des pouvoirs occultes mais un effort attentif de comparaison des enseignements contenus dans les divers ouvrages [d’autres auteurs que vous évoquez], pour en arriver à la conclusion qu’ils sont différents, et tout ce que je peux vous demander, comme ami, c’est de relire très attentivement le Premier point du Résumé du 1er volume de la  Doctrine Secrète. Cela fait, dites-moi comment il serait possible d’apporter des améliorations aux « annales ininterrompues de milliers de générations de voyants ». Je pourrais vous poser ici une douzaine de questions sur les différences entre les enseignements [en présence], mais à quoi cela servirait-il ? Il y a autant de divergences entre les enseignements de H.P.B. et ceux de certains auteurs postérieurs qu’il y en a entre les enseignements de Bergson et ceux du Dr Steiner. Je sais bien qu’un homme intelligent, disposé à y consacrer du temps, peut se rendre compte de cela par lui-même, s’il le désire. Si vous voulez des points définis pour mener un tel examen, je suis tout disposé à vous en proposer une douzaine.

 

         Pour répondre à votre question (comment ai-je cette connaissance ?) c’est par l’étude de la philosophie de la Théosophie et de l’histoire du Mouvement. Vous pouvez y arriver aussi vous-même, si vous vous y appliquez. Le fait même que vous trouviez curieuse l’expression « Impulsion initiale » montre votre manque d’étude. Cette expression n’est pas de moi mais de H.P.B. Vous la trouverez dans le chapitre final de La Clef de la Théosophie intitulé « L’Avenir de la Société Théosophique » [p. 320].

 

         Par tous les moyens, essayez de faire votre possible pour ce que vous considérez comme la vérité. Nous ne sommes pas à la recherche de gens qui suivent, mais de collègues et de collaborateurs, disposés au sacrifice pour le message écrit des Maîtres, et prêts à son service - un message écrit noir sur blanc, et pour lequel nul d’entre nous n’a à dépendre de quiconque pour des lectures clairvoyantes des « Archives Âkhâsiques ».

 

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Décembre 1963

[Les difficultés qui nous révèlent le soi sont indispensables pour une réalisation du Soi - l’art de tourner les forces du mal en bien - se reposer fermement sur la Loi et accomplir notre devoir - nous sommes tous des Arjuna, nous devons nous lever et livrer nos combats -  avec patience, tact et calme, nous serons capables de tout vaincre - que votre Centre intérieur devienne une citadelle solide et dont le calme reste inattaquable - la meilleure arme est l’épée de la connaissance qui est compassion - de plus en plus, tournez-vous vers le Régent Intérieur – apprendre à ne pas « résister au mal »]

Quand les difficultés nous accablent, nous nous mettons à grogner, mais, dans ces difficultés et par leurs effets, vient la révélation du soi, - sans cela, il ne pourrait y avoir de réalisation du Soi. Il nous faut aller de l’avant en maîtrisant les tendances animales, puis en transmuant les tendances humaines, de sorte que le Divin puisse se manifester. Notre capacité à nous donner du mal pour affronter nos tâches et nos « corvées » ouvre sur une aventure encourageante, dans la mesure où nos « pots et casseroles » brillent, parce que cuisine et nettoyage sont accomplis avec attention.

Bien sûr, vous avez raison : nous ne pouvons nous désintéresser des difficultés. Une telle attitude développe souvent le cynisme ; y faire face courageusement, c’est la seule chose à faire. Mais qu’est-ce que cela ? Faire face implique que l’on perçoive, que l’on voie  avec attention et, pour cela, il nous faut du courage, ce qui implique encore Vairâgya, le non-attachement. Sans cela, nous serons facilement appelés à nous faire de petites collines des montagnes, ou de tomber dans l’autre extrême et développer le cynisme. Alors, en surmontant ces difficultés, nous devons apprendre l’art de tourner les forces du mal en bien. Ici, combien est correct le jugement que vous avez à propos de la bonne fortune que vous avez de vous trouver en compagnie de la connaissance de la Théosophie !

Je suis certain que pour vous les choses s’arrangeront à point nommé. La pire chose que vous puissiez faire c’est d’éprouver un sentiment de perte de tout espoir. Vous êtes en train de passer par le stade de transition avant de vous établir dans votre nouvelle vie intérieure que la Théosophie vous a découverte. Mais, inutile de vous faire du souci et de vous désespérer si vous n’êtes pas encore capable d’ajuster votre vie dans le sens de vos aspirations intérieures.

Ce qu’il vous faut, c’est vous reposer fermement sur la loi et accomplir votre devoir comme il se présente de jour en jour, avec bonne humeur, et en y mettant tout votre cœur. Toutes vos difficultés et conflits intérieurs finiront par se résoudre si seulement vous voulez bien accomplir ce qui se présente à vous et faire confiance à Karma pour le reste. Par dessus tout, vous devez user de calme et de patience, et cela peut se réaliser en adoptant la ferme position selon laquelle rien ne peut vraiment avoir raison de vous, étant assez brave et fort pour endurer tout ce qui vous arrive, sachant que tout cela fait nécessairement partie de votre entraînement. « Si le candidat a foi, patience et confiance, vraiment il n’aura pas trop longtemps à attendre » [Lettres qui m'ont aidé, vol. I, p.74].

Si la vie vous semble vague, et un peu comme un rêve, c’est parce que vous n’avez pas encore trouvé une base convenable pour votre démarche. Je suis bien triste d’apprendre que les choses ne progressent pas de façon satisfaisante dans votre propre vie et que, en conséquence, vous constatez que vous devenez très irritable et vous vous sentez frustré. Les difficultés n’ont pas à vous jeter à bas. Nous sommes tous des Arjuna et, comme ce grand guerrier, nous devons nous lever pour surmonter ce que nous ressentons de découragement et livrer nos combats. Obstacles et difficultés se dresseront inévitablement et sont, en fait, nécessaires jusqu'à un certain point car, sans cela, nous stagnerions. Cependant, si nous persévérons, en gardant toujours en pensée le but réel de notre vie et en fournissant l’effort nécessaire pour atteindre ce but, nous surmonterons tous les obstacles. Avez-vous jamais essayé de sonder le but réel de votre vie ? D’où venons-nous et pourquoi sommes-nous ici ? Les hommes ont posé ces questions au fil des âges et c’est de leurs solutions que dépendent l’allure et la forme que chacun peut donner à sa vie.

Si vous vous mettez à étudier sérieusement les écrits de William Quan Judge et R. Crosbie, vous trouverez une grande aide pour vivre la vie spirituelle. Certains des articles de Judge sont réédités dans les livres Vernal Bloom et The Heart Doctrine* ; mais, par dessus tout, ces Lettres qui m’ont aidé sont pleines de directives et d’instructions pratiques. Le Friendly Philosopher de R. Crosbie est également un livre très utile. Si vous lisez chaque jour ces ouvrages et réfléchissez sur ce que vous avez lu, vous en tirerez bénéfice.

Vous avez en vous de grandes potentialités. De façon correspondante, vous trouverez aussi de nombreux obstacles. Avec patience, tact et calme, vous serez capable de tout vaincre. Explorez avec patience nos écritures ; avec tact, faites usage de la connaissance pour aider les autres ; conservez votre calme autant que vous en serez capable. Par dessus tout, ayez de l’amour dans votre mental - ce qui purifie ce mental de toute pollution, en particulier de la violence.

Ne craignez personne ; ayez force et courage ; ayez un mental calme et un cœur plein d’énergie. Notre karma nous appartient pour en tirer des leçons ; Karma nous force à nous tourner vers  Dharma - nous l’étudions comme Loi, l’appliquons comme Religion, et l’épuisons par l’action, comme le Devoir. Faisons face aux difficultés et elles ne nous sembleront pas telles si nous allons aux leçons qu’elles peuvent impliquer et faisons ainsi la preuve qu’elles sont des opportunités bénéfiques. Croissez en Bonté, Vérité et Beauté, comme une fleur. Puissiez-vous avoir le soutien nécessaire heure par heure !

Purgez-vous de la paire des opposés appelés amour et haine. Faites que votre amour soit sans passion et devienne pure compassion. Ne vous laissez pas prendre au filet des détails. Faites de votre Centre intérieur une citadelle solide dont le calme soit inattaquable. Vous trouverez de l’aide dans l’étude des lettres de Judge - 1er volume - particulièrement les lettres 7, 8, 9, 10 et 11. Il n’y a rien dont il faille se soucier ou même se sentir concerné. Quand les autres verront que les sentiments personnels en vous sont transcendés et que seuls demeurent l’affection et l’aide  qui  viennent de l’âme,  ils en tireront  eux-mêmes  bénéfice. Vous devriez - vous devez -  « tuer » en votre mental et conscience l’attachement personnel, mais cela n’est qu’un aspect ; c’est là le côté négatif et moins que la moitié de la condition à remplir. Il faut développer en vous une affection détachée et un attachement impersonnel. Je le répète : la meilleure arme est l’épée de la connaissance qui est compassion.

Notre philosophie a la consolation de la CONNAISSANCE à offrir - la plus grande consolation. Une fois que nous avons compris la nature et la cause de nos difficultés et soucis, ils cessent d’être difficultés et soucis, et deviennent des expériences qui sont pour nous des sources et moyens d’apprendre et de devenir forts...

Vivre la vie implique étude tranquille puis réflexion ; également, travail pour les autres - Dâna, Tapas,  Yajña  [voir Gîtâ, chapitre XVII] ;  ce sont les actes  spéciaux  de  Dharma  selon  Krishna,  Karma  ou non

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* [Articles publiés en France dans plusieurs Cahiers Théosophiques,  p. ex. n° 142-145, 148, etc.]

Karma. Ainsi donc, il me semble que votre première démarche consiste à ne pas vous laisser troubler intérieurement, quoi que les autres puissent dire ou faire. Ne réagissez pas, et ainsi vous ne chercherez pas à vous venger. Écoutez - cela n’implique qu’une perte de temps - puis tournez-vous vers la Vraie Voie que l’on se choisit soi-même. Une vie intérieure, c’est là votre besoin le plus pressant, sinon, vous serez pris dans  le labyrinthe de l’irritation, de la dépression, du découragement : vous serez perdu. Ainsi est-il impératif que vous approfondissiez l’effort que vous faites actuellement pour vivre la Vie. De plus en plus, tournez-vous vers le Régent Intérieur ; même quelques minutes répétées à vous retirer intérieurement seront pour vous une source de force.

Quand votre Centre Intérieur deviendra plus fort et rayonnera Lumière et Paix de plus en plus, ceux qui vous critiquent perdront nécessairement de leur force par l’observation de votre exemple. Notre arc et nos flèches sont des dons des « Seigneurs Bénis de Lumière et de Paix » dont la grandiose Philosophie est ce dont nous nourrissons notre mental et notre cœur. Comme l’un d’EUX l’a dit : « Grand est l’homme qui est le plus fort dans l’exercice de la patience ». Ce qu’il nous faut, c’est cette 3ème Pâramitâ qui jaillit de Vairâgya. Bien sûr, vous devez être vrai et sincère et fidèle envers votre propre soi ; et votre solennel devoir envers le Soi Supérieur, qui est vous-même, doit être accompli en suivant le « Programme des Maîtres », comme H.P.B. l’a dit à Judge.

Faisons notre devoir, tenons sous contrôle le plan notre parole et laissons faire la Loi. Bien sûr, c’est éprouvant de ne pas réagir de façon agressive, et difficile de ne pas « résister au mal », mais c’est notre Dharma, notre Voie et nous devons cheminer sur celle-ci. Être vrai et sincère envers notre Soi Intérieur, c’est là le Dharma le plus élevé ; si nous observons cela, nous apprendrons à marcher sur la voie de la non-résistance et de la compassion active.

N’est-il pas attristant de voir que X et Y se maintiennent à cette température d’ébullition ! C’est néfaste pour leur santé. Vous ne les aiderez pas et vous pourrez vous nuire en devenant maussade et irritable. Prenez cela comme un test pour vous. Dans leurs consciences maussades et sombres, vous pourriez voir votre propre soi inférieur, mais vous ne devriez pas descendre à leur niveau. Comprenons bien ce qui arrive. Voyons les choses du point de vue des élémentaux : ils rebondissent sur vous et retournent à eux avec votre force. Ces élémentaux jouissent des vibrations d’irritabilité - c’est pour eux de la nourriture. Si un tel échange se poursuit, un « gardien du seuil » ordinaire va se former. La destruction d’un tel « gardien » est dix fois plus difficile que l’arrêt de la situation présente. Mais suivons le devenir de ce « gardien » jusqu’au bout. Renforcé, il sera finalement un foyer pour un « élémentaire » et alors ce « gardien » deviendra pour ainsi dire soi-conscient. Ensuite, l’une des parties en présence se trouvera obsédée par cet « élémentaire ». Eh bien ! je ne pense pas que tout cela va se produire, mais vous, vous devez apprendre la leçon de la situation. Adoptez le point de vue le plus élevé.

 

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